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De 0, 2 tonnes en 2004, la production annuelle aurifère au Burkina Faso a atteint un pic historique de 46, 2 tonnes en 2018 contre une production de 38,1 en 2016 selon les statistiques de la Chambre des mines du Burkina. Le secteur minier burkinabè est dynamique et cette production aurifère en hausse dans la dernière décennie annonce des prémices d’une industrie aurifère florissante. Le cadre géologique burkinabè marqué par une prolifique série de ceintures de roches vertes, fait de notre pays, un producteur d’or disposant d’un excellent taux de progression en Afrique.
Le Burkina Faso talonne ainsi le Mali dont la production aurifère industrielle est estimée 49,6 tonnes d’or en 2017. Avec une telle production record, le Burkina se classe au 5e rang des pays producteurs d’or en Afrique derrière l’Afrique du Sud, le Ghana, le soudan et le Mali. Le voisin malien voit sa deuxième place (après le Ghana) menacée en Afrique de l’Ouest. Des bouleversements dans le classement africain pourraient avoir lieu en fin 2018, car le Burkina va fortement augmenter sa production.
Depuis 2009, le métal jaune est le premier produit d’exportation du pays, avant le coton. Le secteur minier s’est transformé en moteur de croissance pour l’économie burkinabè. La contribution au PIB est de 8,13% en 2016. « L’industrie des mines est le premier pourvoyeur de recettes du pays, avec un apport de 226 milliards de FCFA au budget de l’Etat contre 190 milliards de FCFA en 2016, soit un taux d’accroissement de 19%. En termes de création d’emplois, les mines industrielles ont employé au total 8 719 personnes en permanence en 2017 dont 8 150 nationaux, soit 93,5% des emplois. Elles ont également généré environ 26 000 emplois indirects. Quant à l’artisanat minier, on estime à 1,5 millions le nombre de personnes qui s’y adonnent » selon le Discours sur la Situation de la Nation prononcé le 12 avril dernier par le Premier ministre Paul Kaba Thieba devant la Représentation Nationale.
La production aurifère burkinabè a longtemps été assurée par les artisans miniers mais depuis le boom minier des années 2000, l’industrie minière a pris le maillot jaune du métal jaune. Le montant de la participation de l’Etat au capital des mines exploitées par des sociétés étrangères est de 10%.
En effet, le nombre de sociétés d’exploitation minière industrielle est passé d’une société en 2007 à 10 sociétés en 2018. Il faut dire que le code minier de 2003, rendait le Burkina Faso assez compétitif dans la sous-région africaine, grâce à une fiscalité avantageuse, le pays a su attirer les investisseurs privés.
Les mines industrielles en exploitation au Burkina Faso
Le Burkina Faso compte en 2018, une dizaine de mines industrielles en exploitation dans la production de l’or. Ces sites miniers sont répartis sur le territoire national et les principaux sont : Taparko (Nordgold), Bissa Zandkom (Norgold), Mana (SEMAFO), Essakane (IAMGOLD), Yaramoko (Roxgold), Karma (Endeavour Mining), Houndé (Endeavour Mining), Youga (Avesoro Resources)…
Taparko est la première mine industrielle du Burkina à entrer en production en fin 2007, une année où la production était de 0,4 tonnes mais cette production est passée à 5,3 tonnes en 2008, année durant laquelle ont été inaugurées les mines de Mana, de Kalsaka et de Youga. Depuis 2008 ; la production de l’or du pays a connu une ascension fulgurante pour atteindre 22,5 en 2010, date d’entrée en production des mines de Inata et de Essakane. Cette production d’or va connaitre un bel essor avec 32,51 tonnes en 2013 suite au démarrage de l’exploitation de Bissagold. L’ année 2016 a consacré l’entrée en production des mines de Yaramoko (Roxgold) et de Karma (Endeavour). Le 9 décembre 2017, le président Roch Marc Christian Kaboré a inauguré l’entrée en production du gisement aurifère de Houndé, détenu par Endeavour Mining. Les lingots de cette mine estimés à 5,39 tonnes d’or par an sur dix ans vont renforcer la production du Burkina en 2018.
A peine trois ans après leur entrée en production, la majorité des mines industrielles ont procédé à des extensions, cependant, d’autres mines ont fermé ou suspendu leurs activités : Kalsaka, Seguenega et Inata pour de raisons économiques ou de tarissement du gisement. Aussi, le Burkina est considéré comme un pays à faible teneur (1,5 g/tonne de minerai) comparativement à certains autres pays d’Afrique de l’Ouest.
Le secteur minier burkinabè fortement caractérisé par des sites artisanaux
A côté des exploitants industriels, la filière aurifère burkinabé se caractérise par un nombre élevé de sites artisanaux. Ils seraient près d’un million, sur une population de 18 millions d’habitants, à vivre de l’orpaillage. Les autorités estiment qu’il existe un millier de sites d’extraction artisanale dans le pays. De nombreux comptoirs d’achat d’or sont en situation irrégulière, ce qui favorise la fraude et influence la production totale des mines artisanales qui est estimée autour de 120 kgs en 2017 !!! Des pays voisins comme le Togo ou le Mali sont suspectés de s’abreuver à partir de la filière burkinabè d’or fraudé.
Avec les nouveaux permis d’exploitation octroyés en 2016 à Bouéré Dohoun SA, filiale du groupe Endeavour Mining dans la province du Tuy, à Nordgold Yéou, filiale du groupe Nordgold, dans la commune de Bouroum (Namentenga), à Nétiana Mining, filiale du groupe Avesoro dans la commune de Guiaro (Nahouri) et l’entrée en production dans le dernier semestre de 2018 pour la mine Boungou de SEMAFO dans l’Est du pays (Tapoa) ; le Burkina Faso peut tabler sur une production record de 55 tonnes pour cette année 2018 !
Des projets intéressants en potentiel minier comme celui de Orezone à Bomboré (Ganzourgou) et celui de B2GOLD à Kiaka (Zoundweogo) et Konkera, projet minier de Centamin (ex Ampella Mining) dans le Noumbiel ont obtenu leurs permis d’exploitation de grandes mines industrielles. Celui de Niankorodou (Kenedougou), ex permis de Gryphon minerals racheté par le canadien Teranga Gold est en phase de construction de sa mine. la Société des mines de Sanbrado (Somisa), filiale de la junior australienne West African Resources, (situé à 90 kilomètres à l’Est de Ouagadougou, dans la commune de Boudry, province du Ganzourgou) a obtenu mi-janvier 2017 un permis d’exploitation industrielle. L’ex-projet Tanlouka contient 13,6 tonnes d’or potentiellement exploitable sur une durée de sept ans, et devrait entrer en exploitation en 2019.
La place du Burkina Faso en Afrique dans le secteur minier
En 10 ans, la production d’or sud-africaine a chuté de 40 % pour atteindre tout juste 140 tonnes en 2016. La même année 2016 a été exceptionnelle (127 tonnes) pour le Ghana, dont la production aurifère s’est en accrue de 45% par rapport à l’année précédente. Un nouveau venu qui frappe fort dans le secteur aurifère est le Soudan. Notons que la production aurifère du Soudan, a atteint les 100 tonnes au cours de l’année 2017. Une production issue en majeure partie du secteur minier artisanal ; et qui équivaut aux revenus pétroliers du pays avant la séparation d’avec le Soudan du Sud. Avec la sécession qui a vu naître l’Etat du Soudan du sud, le Soudan a perdu les trois quarts de ses revenus pétroliers. La Tanzanie aussi est actuellement est des plus grands pays producteur d’or (44 tonnes en 2016). L’exploitation aurifère a dominé l’industrie tanzanienne depuis plus d’un siècle. Dans le dernier classement africain le Burkina surclasse la Tanzanie.
En rappel, la production globale d’or dans le monde en 2017 est de 3150 tonnes d’or. Les tonnes d’or produites au Burkina Faso ne représentent alors que 1, 48 % de la production aurifère mondiale. La Chine domine le classement des principaux pays producteurs d’or avec une production estimée à 450 tonnes en 2016.
Ag Ibrahim