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Les vestiges des remparts de Kano, la plus grande ville du nord du Nigeria, sont plus que jamais menacés de destruction, en raison de politiques locales peu soucieuses de la préservation du patrimoine et de l’explosion démographique dans cette mégalopole saturée.
Héritage unique, ces murs, qui datent du 11e siècle en terre rouge, ont jadis contribué à faire de Kano une cité-Etat sûre et prospère, à la croisée de plusieurs routes caravanières transsahariennes.
“Si vous regardez le rempart de la ville, près de 80 % a été détruit.” Lance désolé, Mustapha Bachaka, conservateur du musée de Kano.
Les archives locales rapportent qu‘à l’origine, les murs, d’une épaisseur de 12 mètres à la base, mesuraient 15 mètres de haut, surmontés d’un large chemin de ronde pour surveiller les alentours.
Pour dissuader les envahisseurs éventuels, de profondes tranchées ont été creusées autour des remparts, dont l’accès était contrôlé par 13 grandes portes.
“On peut dire que s’il n’y avait pas eu de remparts autour de Kano il y a longtemps, il n’aurait pas pu y avoir de Kano à l’heure actuelle. Le mur de la ville était ce que les gens de l‘époque utilisaient pour se défendre ou se protéger. Les remparts sont là pour la protection, pas seulement à Kano. Partout où il y a un mur d’enceinte, c’est pour se défendre.” Ajoute le conservateur du musée.
Malgré une culture, une langue et des traditions communes, les rivalités et les guerres de conquête n’ont cessé d’opposer les Etats haoussa pré coloniaux, qui s‘étendent sur une grande partie du nord du Nigeria actuel. C’est la raison pour laquelle ces murs ont été construits.
‘‘Bien qu’ils aient une culture commune, la même langue, une seule langue, ils parlent tous Hausa, ils ont tous une culture commune, mais Kano combat Zazzau, Zazzau combat Kano, Zazzau combat Katsina, Katsina combat Kano… Dans tout l‘état Hausa, il y a cette guerre… Juste pour l’expansion territoriale. C’est pour ça que ces remparts sont là.” Conclut Mustapha Bachaka.
En 2007, la Commission nationale des musées et des monuments, chargée de préserver le palais de l‘émir de Kano, un des chefs spirituels les plus respectés du nord musulman du Nigeria, avait demandé le classement au patrimoine mondial de l’Unesco des remparts, du palais et d’autres sites historiques de la ville.
Mais 11 ans plus tard, la demande n’a toujours pas abouti et les historiens craignent que les dommages incessants sur les fortifications ne compromettent encore davantage une éventuelle reconnaissance par l’Unesco.
Faute d’argent, très peu d’initiatives ont pu être menées localement pour restaurer les vieux remparts. Seule une petite portion a fait l’objet de travaux ces dernières années grâce à une subvention d’environ 60.000 euros de la coopération allemande.
En attendant, le musée de Kano a mis en place une équipe de surveillance pour patrouiller le long des murs restants.