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Les Comoriens votaient lundi dans un climat tendu lors d’un référendum constitutionnel destiné à permettre au président et ancien putschiste Azali Assoumani de se représenter pour un deuxième mandat consécutif, un scrutin boycotté par l’opposition.
Ce projet renforce considérablement les pouvoirs du chef de l’Etat. Il l’autorise à se présenter pour un deuxième mandat consécutif de cinq ans alors que l’actuelle Constitution, qui a permis de ramener un peu de stabilité dans un pays secoué par une longue série de crises séparatistes et de coups d’Etat, l’interdit.
Le texte supprime aussi les postes de vice-présidents et la Cour constitutionnelle, la plus haute instance judiciaire de ce petit archipel de l’océan Indien peuplé de moins de 800.000 habitants.
L’affluence était très faible dans la grande majorité des bureaux de vote visités dans la matinée lundi par l’AFP sur l’île de la Grande-Comore, à l’exception de celui où a voté président Azali Assoumani.
Un couple de Comoriens votent sur une réforme de la Constitution par référendum le 30 juillet 2018 à Moroni.
« J’ai voté +oui+ car c’est la promesse d’un changement, avec des nouvelles têtes et un Etat moins budgétivore », a estimé Soilihi Ali Said, la quarantaine, dans la capitale Moroni transformée en ville morte en ce lundi.
Son compatriote Ahmid Dahalane a aussi approuvé la réforme constitutionnelle « non par allégeance, non pour l’argent, assure-t-il, mais parce que c’est (son) devoir ».
L’issue du référendum fait peu de doute compte tenu du boycott de l’opposition, qui dénonce un scrutin « taillé sur mesure » pour le président Azali.
Le président des Comores Azali Assoumani vote pendant le référendum constitutionnel destiné à lui permettre de se représenter pour un deuxième mandat consécutif, à Moroni, le 30 juillet 2018
Dans ces conditions, le référendum se déroule dans un climat tendu dans ce pays à l’histoire politique instable.
Lundi, les urnes en plastique ont été saccagées dans deux bureaux de vote situés dans une école du quartier de Hankounou à Moroni, ont constaté des journalistes de l’AFP. Lors de cet incident, un gendarme a été blessé à l’arme blanche et hospitalisé, a-t-on appris de source sécuritaire.
“Ce sont des cas isolés », a assuré le président Azali Assoumani, faisant aussi état d' »un cas » de troubles sur l’île d’Anjouan. « Mais ce n’est pas de nature à faire en sorte que le référendum ne se passe pas dans les meilleures conditions », a-t-il immédiatement ajouté depuis son village de Mitsoudjé, dans le sud de Moroni.
Urnes brisées dans un bureau de vote de Moroni, le 30 juillet 2018, où se déroule un référendum constitutionnel.
« Si le référendum passe, on va aller vers un développement du pays », a-t-il lancé, vêtu d’une chemise dans les tons orangés.
L’opposition, qui dénonce depuis des mois les « dérives autoritaires » du pouvoir, a elle jugé ce scrutin « illégal » et appelé les électeurs à ne pas se déplacer.
« L’opposition est unie contre la dictature », a assuré le secrétaire général du parti Juwa Ahmed el-Barwane.
Des Comoriens passent devant un panneau prônant le « oui » au référendum constitutionnel et représentant le président Azali Assoumani, le 27 juillet 2018 à Moroni.n
– « Climat délétère » –
Si le « oui » l’emporte, le président Azali, élu de justesse en 2016, compte organiser dès 2019 une élection anticipée, ce qui lui permettrait de rester au pouvoir jusqu’à au moins 2024.
Il a déjà occupé la fonction suprême de 1999 à 2006 à la suite d’un putsch, avant de céder démocratiquement le pouvoir.
Référendum aux Comores: vote du président Azali Assoumani
Dans la capitale, les opérations de vote ont débuté avec près de deux heures de retard, en l’absence de matériel électoral à l’heure théorique de l’ouverture des bureaux de vote à 07h00 (04H00 GMT).
Les quelque 300.000 inscrits doivent répondre à la question « Approuvez-vous le projet portant révision de la Constitution du 23 décembre 2001 révisée en 2009 et en 2013 ? »
Au cours des derniers mois, la situation politique s’est détériorée dans ce pays pauvre, où des opposants ont été arrêtés, des manifestations réprimées, l’ancien chef de l’Etat Ahmed Abdallah Sambi assigné à résidence et la Cour constitutionnelle suspendue.
« La stratégie de verrouillage de l’espace démocratique initiée par le pouvoir s’amplifie », se sont récemment inquiétées des organisations de la société civile dans un communiqué conjoint.
« Ce climat délétère, le peu d’enthousiasme du scrutin, ajoutés au fait que l’opposition et les organisations de la société civile ne seront pas présentes dans les structures électorales, font planer une grande incertitude sur l’issue et la transparence », ont-elles ajouté.
Signe des tensions dans l’archipel, l’un des vice-présidents, Abdou Moustoidrane, a été victime il y a une semaine d’une tentative d’assassinat. Sa voiture a essuyé plusieurs rafales d’arme automatique, il s’en est miraculeusement sorti indemne.
Les bureaux de vote doivent fermer lundi à 16h00 (13h00 GMT). Des petits avions ont été affrétés pour acheminer les urnes des îles dans la capitale Moroni. Les résultats pourraient être connus dès la nuit de lundi à mardi