Être handicapé n’est pas une fatalité. Les membres de l’Association des handicapés pour la promotion de l’artisanat (AHPA) l’on compris et ont refusé d’être une charge pour la société. Au lieu de s’assoir à un coin de la rue, au carrefour, ou se promener pour mendier, ils ont décidé de gagner honnêtement leur vie en travaillant malgré leur handicap. Diminuée physiquement, la plupart des membres de ladite association ont perdu l’usage de leurs membres inférieurs dès le bas âge à cause de la poliomyélite. Si la maladie à eu raison d’eux depuis tout petit, une fois devenu grand, ils ont le mental fort pour s’insérer dans la vie en contribuant au développement de l’économie grâce à l’artisanat, une activité qui leur permet d’être indépendant comme le souligne le président de l’association Séni Sawaadogo. Six jours sur sept dans la semaine soit du lundi au samedi, ces artisans handicapés fabriquent des joués éducatifs, des objets d’ornement, des tabourets qu’ils mettent sur le marché de l’art ou qu’ils exposent lors des foires.
L’union fait la force
Il y a un adage qui dit : « L’union fait la force » ; ces passionnés de l’art l’on comprit et afin de mettre la chance de leur côté pour percer un milieu exigeant tel que l’art, ils ont décidé de se regrouper d’où la création de l’Association des handicapés pour la promotion de l’artisanat (AHPA) selon le président Séni Sawadogo. Pour Samuel Kéré, c’est également un moyen de lutter contre la mendicité car « mendier, ne fait pas honneur à un handicapé » a-t-il souligné. Il estime également que travailler est une manière de lutter contre la maladie qui les a diminuée physiquement c’est-à-dire la poliomyélite. Cet avis est partagé par un autre membre Oumarou Zéba qui a invité les handicapés qui ont fait de la mendicité leur métier à quitter les carrefours et rejoindre l’association pour qu’ensemble ils puissent lutter contre la poliomyélite. Ils ont été rassurés par Saïdou Konaté qui a fait comprendre que pour intégrer l’association, la volonté de travailler suffit pour être accepté.
Il faut rappeler que le siège de l’AHPA est situé à la zone 1. Ce qui attire l’attention quand on pose les pieds à l’entrée du siège, c’est l’ambiance qui y règne. En effet, chacun avec un outil en main, soit pour couper, ou pour sciller, ou pour polir, ou pour graver, ou dessiner des figures sur des tableaux, des tabourets etc. L’on cause, se taquine et rit. Pour Samuel Kéré, cette ambiance permet d’établir une fraternité entre les membres de l’association. Mais on sait que là où se regroupent deux ou plusieurs personnes les dissensions, les avis contraires ne sont pas loin. Alors pour éviter toute mésentente pouvant aboutir à des clashs comme le diront certains, la règle est toute simple comme nous le confie Samuel Kéré. D’après lui, quand il s’agit d’une commande reçue au nom de l’association, les membres travaillent de concert pour livrer les produits aux clients ; en ce moment le gain est partagé de façon égale entre les membres. A côté, chaque membre est libre de vendre ses produits à qui il veut et empocher seul le bénéfice car il s’agit ici d’un travail personnel a confié l’artiste.
Ils sont contre la mendicité
Il faut dire que tous les membres de l’association sont contre la mendicité. S’ils ont décidé de travailler, c’est justement pour éviter de mendier comme le confirme Oumarou Zéba. Il déclare à cet effet : « C’est le travail qui fait l’homme et mendier ne donne pas une bonne image des handicapés ». Saïdou Konaté pense que nombreux sont ceux qui profitent de leur handicap pour mendier alors qu’ils pouvaient travailler mieux que des citoyens en pleine santé physique. Pour lui le fait de s’être regroupé en association pour travailler au quotidien est un bel exemple pour ceux qui n’ont toujours pas compris qu’il faut travailler même si on est handicapé. Tout comme Oumarou Zéba, il a invité les mendiants à se retirer des carrefours, pour prendre leur destin en main. Le même appel a été lancé par le président Séni Sawaadogo qui a affirmé : « L’handicape n’est pas dans les membres mais dans la tête ». Il estime que travailler donne du respect à l’homme, même étant handicapé.
Thierry KABORE Collaborateur