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A l’approche de l’Aid El Kebîr, communément appelé fête de la Tabaski ou fête du mouton, une grande effervescence ou plutôt une grande fébrilité a gagné bon nombre de compatriotes face à l’équation du mouton. A Ouagadougou comme dans d’autres localités, un commerce s’est développé autour du bélier. Pas question de déroger à la règle ; à chacun son mouton en fonction de ses moyens. Constat au marché de bétail de Tanghin à cinq jours de la fête.
Au Burkina-Faso, il y a de plus en plus, des hommes et des femmes qui s’adonnent à l’élevage occasionnel de moutons pour les besoins de la Tabaski. Ces Ouagavillois, qui tiennent là un filon en or, se frottent les mains en cette période de grande incertitude sur le niveau d’approvisionnement du marché de mouton, à quelques jours de la fête au marché de bétail situé dans le quartier Tanghin. En cette matinée du 16 août 2018, l’ambiance est au beau fixe. Cependant, le regard du burkinabè lambda est inéluctablement attiré par les moutons bien gros et bien gras jalousement gardés par leurs propriétaires qui à l’approche de la fête ne se privent pas d’exposer leurs bêtes bien nourries et bien entretenues. En ce qui concerne ces moutons, mieux vaut circuler si on n’a pas les poches bien remplies de billets de banque. Les prix pratiqués sont bien au-delà des possibilités de certaines catégories de burkinabè.
Les propriétaires s’expliquent
Hamidou Saré, un vendeur de mouton a expliqué qu’à cinq jours de la réjouissance le marché n’est pas au top. « Les gens crient partout qu’il n’y a pas d’argent. Jusque-là c’est mou deh » dit-il avant de nous montrer des béliers en troupeau derrière lui, dont les prix varient de 35000 à 450000 F CFA. Connaisseur du marché, il reste optimiste que les prix vont flamber à deux jours de la fête, et qu’un bélier pourrait alors être vendu à plus de 450 000 F CFA. Son voisin par contre se réjouit de sa vente : « On ne se plaint pas. Par jour, je peux vendre cinq à six moutons ». Il renchérit en ces termes : « Actuellement le mouton n’est pas cher.
A 50 000 F CFA, tu peux avoir un bon mouton ». Mais les clients ne sont pas de cet avis. Un peu plus loin de ces vendeurs, un acheteur est entrain de marchander le prix de bétail avec un vendeur. Venu s’acheter un bélier pour fêter en famille, il déplore les prix élevés. « A Cinq jour de la fête et c’est cher comme cela. C’est qu’à deux jours on va laisser tomber. On ne payera pas de mouton cette année. C’est exagéré vous aussi » a-t-il martelé. Mais quoiqu’on dise chacun paye en fonction de ses moyens.
Des bénéfices conséquents
Ces éleveurs et d’autres interpellés nous ont signifié qu’ils dépensent 3000 voire 8 000 F CFA, par jour, en fonction du nombre de têtes qu’ils ont. Ce qui justifie alors les prix de ces moutons. « Les prix des moutons que je vends varient selon la taille et le poids. Grâce à ce business, j’ai réussi à payer le billet d’avion pour le pèlerinage de mon père à la Mecque l’année dernière et j’arrive à assurer la pitance quotidienne de la famille. Les avantages ne se limitent pas là. Grâce à la vente des moutons, en ces périodes, j’ai l’opportunité d’effectuer des voyages hors du pays quand je le souhaite » a révélé Inoussa Kaboré. Les têtes de moutons se comptent par centaines dans ce marché et pourtant, certains clients ont du mal à repartir avec une d’entre elles. « Le plus souvent, les clients viennent avec peu d’argent et ils souhaitent avoir le mouton le plus gros. Ce n’est pas possible », a ajouté Inoussa Kaboré, revendeur de moutons. Malgré cette situation, le délégué du marché à bétail de Tanghin a expliqué que, beaucoup de revendeurs se frottent les mains. « Ici, nous vendons les moutons entre 35 000 et 450 000 F CFA. Cette année on espère vraiment qu’il y’aura plus d’affluence que l’année dernière ». Néanmoins, il a précisé que, chaque jour, trois ou quatre camions viennent ravitailler le marché et le bétail s’achète grâce aux clients qui viennent des pays voisins.
Wendemi Annick KABORE