Ces femmes qui fabriquent nos soutiens-gorge

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Peu de gens réfléchissent vraiment à l’origine de leurs sous-vêtements, et il en était de même pour Elizabeth Gowing, jusqu’à une récente visite dans une usine de sous-vêtements dirigée par des femmes du nord de l’Albanie.

Je découvre une unité industrielle aérée et bien éclairée où 40 ouvrières assemblent tous les éléments nécessaires à la confection d’un sous-vêtement parfait.

Une femme inspecte l’élastique d’une culotte d’une manière qui, dans tout autre contexte, pourrait être considérée comme hautement inappropriée.

Elle fait partie des 3 000 employés de l’industrie textile dans cette ville du nord de l’Albanie.

Un rôle majeur dans la production de sous-vêtements
En dépit de son héritage culturel et d’une longue tradition de catholicisme, la ville de Shkodra joue désormais un rôle majeur dans la production de sous-vêtements.

Mirela, propriétaire de l’usine que je visite, parle couramment l’italien.

Un héritage de la relation étroite, quoique parfois inconfortable, entre l’Albanie et son voisin de l’autre côté de l’Adriatique.

Lorsque Mussolini occupait le pays, l’italien était une langue officielle.

Plus tard, pendant la période communiste en Albanie, les radios étaient secrètement à l’écoute des chaînes italiennes pour avoir des informations du monde entier. Apprendre l’italien était donc un atout.

Je suis soudainement mal à l’aise vis-à-vis des mains qui ont pu manipuler mes sous-vêtements et je me renseigne auprès de Mirela sur les personnes qui travaillent ici.

Une industrie dominée par les femmes

« 95 % d’entre elles sont des femmes », ajoute-t-elle en ajoutant en riant « les hommes ne se voient dans cette industrie ».

Plus de la moitié des entreprises albanaises de mode comme celle-ci appartiennent à des femmes.

Copyright de l’image Getty Images Image caption Un atelier en Albanie produisant des uniformes pour l’armée grecque

Mirela a 43 ans et possède une maîtrise en économie et totalise 22 ans dans l’industrie.

Elle condamne les personnes qui n’essayent pas de sortir de la pauvreté.

« Nous savons qu’il est préférable de ramener quelque chose à la maison », insiste-t-elle.

Mirela parle avec fierté de la contribution significative sur l’économie de ces femmes qui travaillent jusque tard dans la soirée.

L’industrie textile est la deuxième plus grande exportation du pays, après les minéraux.

Les modèles albanais fournissent des marques internationales telles que Bata et Zara.

Inégalités sociales

Néanmoins, en regardant la lingerie de luxe fabriquée autour de moi, je me souviens que l’année dernière, Oxfam avait classé l’Albanie au 149ème rang sur 152 pour l’inégalité sociale.

Les salaires sont bas, admet Gjergji Gjika, chef de la chambre de commerce.

Il dit que près de 76 000 personnes travaillent dans le secteur de la mode en Albanie et que, souvent, les femmes qui arrivent en ville, habituées à la dure vie des villages de montagne, constituent la main-d’œuvre de l’industrie.

Selon Mirela, il est difficile de trouver une main-d’œuvre permanente alors que davantage de familles émigrent. Les femmes auraient tendance à se rendre dans les grands marchés européens.

Je me déshabille avec une attention particulière, en pensant à toutes les filles de la montagne et aux femmes d’affaires qui créent et organisent nos sous-vêtements.

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