En Israël, le procès d’Ahed Tamimi s’est ouvert à huis clos devant le tribunal militaire israélien de la prison d’Ofer. La jeune fille, elle n’est âgée de que 17 ans, est devenue l’emblème de la résistance palestinienne à l’occupation israélienne. Ahed Tamimi est passée à la postérité via une vidéo dans laquelle on la voit frapper un soldat israélien dans son village de Nabi Saleh, en Cisjordanie, ce qui lui a valu d’être arrêtée.
A l’ouverture de ce procès ce mardi matin la petite salle d’audience était pleine. Le cas d’Ahed Tamimi suscite beaucoup d’intérêt et journalistes et diplomates sont venus en nombre. Les forces de sécurité israéliennes ont tout d’abord fait entrer l’adolescente sous le regard des caméras. Puis, journalistes et diplomates ont dû quitter la salle. Seuls les membres de la famille sont autorisés à suivre les débats.
Contrairement aux précédentes comparutions d’Ahed Tamimi, le juge a ordonné un huis clos, invoquant le fait que l’accusée est mineure. Un débat public qui n’est pas dans l’intérêt de la jeune fille, a-t-il estimé. Une interprétation contestée par la défense d’Ahed Tamimi.
Son avocate dénonce une volonté de détourner les regards internationaux de ce dossier. Maître Gaby Lasky entend faire de ce dossier un procès de l’occupation israélienne des territoires palestiniens: elle affirme que la colonisation et la durée de cette occupation contreviennent aux conventions internationales sur le droit de la guerre.
L’audience a ensuite duré environ deux heures. Le juge a lu les charges retenues contre Ahed Tamimi et les débats ont été suspendus et renvoyés au mois prochain.
Selon l’organisation de défense des droits de l’Homme Amnesty International, environ 350 mineurs palestiniens se trouvent actuellement dans les prisons israéliennes.
« Ahed Tamini ne devrait pas se trouver actuellement en détention préventive, nous explique Elsa Olaïzola, jointe par téléphone. D’après la Convention des droits de l’Enfant, dont Israël est partie, mettre en détention un enfant devrait être vraiment le dernier ressort possible. Et par ailleurs, il faudrait que ce soit de la manière la plus brève possible.
J’aimerais aussi rappeler qu’à Amnesty International nous avons pu documenter le fait qu’il y a des mauvais traitements contre les enfants dans les prisons israéliennes. Par mauvais traitements, on entend des violences physiques, on entend des interrogatoires extrêmement longs, des menaces à l’encontre de ces enfants détenus et parfois même des mises à l’isolement.
Le cas d’Ahed Tamini, bien sûr, emblématique d’une situation beaucoup plus large. Et ce que l’on peut penser, c’est que par cette attitude de poursuite contre des enfants palestiniens, d’arrestations d’enfants palestiniens, les autorités israéliennes essaient de faire peur à toute personne palestinienne qui voudrait s’engager contre la répression des forces d’occupation en territoire palestinien occupé ».
http://www.rfi.fr/moyen-orient/20180213-israel-ahed-tamimi-audience-proces-huis-clos-violence-soldats