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L’état des lieux des acquis et insuffisances dans la gouvernance actuelle, les enjeux et défis de la consolidation des acquis de l’insurrection populaire et de la résistance au coup d’Etat, sont les sujets abordés par un groupe d’Organisations de la société civile (OSC) qui était face à la presse ce jeudi 25 octobre 2018. Cette rencontre a eu lieu dans le cadre des préparatifs du 4e anniversaire de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014
Dans quelques jours, le Burkina Faso va commémorer le 4e anniversaire de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014. Avant la date indiquée pour rendre hommage aux martyres qui sont tombés lors de ces journées et saluer le courage des insurgés, il était opportun de faire une halte afin de présenter l’état des lieux des acquis et insuffisances dans la gouvernance avant d’aborder les enjeux et défis de la consolidation des acquis de l’insurrection populaire et de la résistance au coup d’Etat. C’est ce qu’a fait un groupe d’Organisations de la société civile (OSC) ce jeudi 25 octobre 2018 à travers le point de presse qu’il a animé. Le groupe composé de 23 OSC a présenté les acquis et les insuffisances dans la gouvernance sur trois points à savoir social, politique et sécuritaire. Au plan social en effet, le groupe par la voix de sa porte-parole du jour, la coordonnatrice pays de UAOD-Burkina, Martine Yabré estime qu’en dépit des nombreux acquis en matière de santé, d’éducation, d’eau et assainissement, d’infrastructures routières, etc. ; l’année 2018 a enregistré de fortes revendications de syndicats et d’associations de personnes et structures professionnelles, témoin d’un malaise généralisé au sein de l’administration publique. Il évoque également des crises répétitives au niveau de certaines institutions ; la faible communication des autorités sur certaines question d’intérêt national ; la faible valorisation du capital humain et la montée fulgurante de l’incivisme.
Au plan politique les 23 OSC pensent que bien que des acquis comme le vote de certains textes de lois de portée historique comme le vote des Burkinabè de l’extérieur sont enregistrés, on note toujours de fortes revendications de l’opposition politique, témoin selon Martine Yabré d’un malaise au sein de la classe politique ; des engagements non tenus des autorités vis-à-vis des cibles jeunes et femmes ; la faible communication entre les acteurs de la scène politique ; le non traitement de bons nombre de dossiers de crimes de sang et crimes économiques. A propos des engagements non tenus des autorités vis-à-vis des cibles jeunes et femmes, la porte-parole du jour a invité le gouvernement à mettre tout en œuvre pour assurer le respect desdits engagements avant 2020. Au plan sécuritaire, elle estime qu’en dépit des efforts déployés par les plus hautes autorités au 30 septembre 2018, on dénombre près de 200 morts, une centaine de blessés ; des engins détruis ou emportés ; des armes des munitions et de nombreuses infrastructures détruites.
L’observation faite par la principale conférencière du jour est que tout laisse à croire que les conditions sont réunies pour empêcher l’atteinte des objectifs majeurs de la gouvernance actuelle. Pour elle, le plus grand défi de la consolidation des acquis capitalisés sous la gouvernance actuelle est sécuritaire. A l’en croire, à cela s’ajouterait le traitement diligent des dossiers des victimes, familles des victimes et ayant droit, et de solde de tout compte des dossiers d’indemnisation et ou de prise en charge des victimes ayant droits des victimes de l’insurrection populaire et de résistance. Selon Martine Yabré, il faudra que cette question ne soit plus à l’ordre du jour de la prochaine commémoration. Toujours en ce qui concerne les plus grands défis, elle évoque l’apurement du passif en matière de crimes de sang et crimes économiques ; la mise en œuvre effectives de toutes propositions et recommandations issues des réflexions de la commission de réconciliation nationale et des réformes (CRNR) ; la bonne foi et la collaboration de tous les Burkinabè sur les questions d’intérêt national ; le passage à la 4e république par l’organisation d’un référendum dans les meilleurs délais.
Sans perdre espoir pour autant, elle souligne qu’en termes d’enjeux, il est évident, qu’il s’agit désormais de travailler à ce que « plus rien ne soit comme avant ». Dans cette optique, la coordonnatrice pays de UAOD-Burkina a présenté au chef de l’Etat et aux membres du gouvernement, des recommandations. Il s’agit de solder pour tout compte les dossiers d’indemnisation et ou de prise en charge des victimes et ayants droit des victimes de l’insurrection populaire et de la résistance dans les meilleurs délais ; de tout mettre en œuvre pour que justice soit rendue aux martyrs ; d’interpeller la hiérarchie militaire sur sa responsabilité historique en ce qui concerne la situation sécuritaire nationale ; de renforcer les soutiens aux FDS en urgence ; etc. Aux partis politiques, d’assurer un meilleur encadrement de leurs militants et membres afin de contribuer à renforcer la sécurité vu les nombreux défis à relever en matière d’incivisme ; à s’approprier au-delà des discours, à aller sur le terrain et à contribuer à résoudre les questions urgentes.
Thierry KABORE (Collaborateur)