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A la barre des accusés ce lundi 05 novembre 2018, le commandant Abdoul Aziz Korogo réfute les chefs d’accusations qui sont portés contre lui. Il est accusé de meurtres, coups et blessures volontaires, complicité d’attentat à la sureté de l’Etat. Le parquet suite aux explications rendu par l’accusé, apprécie sa sincérité dans la narration des faits mais déplore le fait qu’il reste toujours des zones d’ombre à certains endroits.
Après l’audition de Sidi Lamine Oumar, sociologue malien et membre de la Coordination des mouvements de l’Azawad(CMA), c’est au tour du Commandant Abdoul Aziz Korogo de répondre présent à l’audience du jour. Le président du tribunal Seydou Ouédraogo après lui avoir rappelé les chefs d’accusation qui l’inculpent, l’accusé a nié les faits. Cependant, il a présenté ses excuses à l’ancien président du Faso, Michel Kafando, pour avoir échoué sa mission : celle qui consistait à le protéger. Il déclare : « Ceux-là qui se sont attaqués au président et à ses ministres sont ceux-là qui étaient censés le protéger ».
Le chef de corps par intérim de l’ex- régiment de sécurité présidentielle (RSP) a fait le récit des faits. Plusieurs points sont à relever de cette narration.Entre autres, le 16 septembre vers 12h quand il a reçu l’appel du général Diendéré qui lui demandait sa position. Il a répondu qu’il était à la maison et le général lui a dit de venir le voir. Lorsqu’il était en route le général l’a rappelé pour lui dire de retourner sonner l’alerte au camp et ordonner le rassemblement des troupes et de regrouper tous les officiers du corps. Il a fait ce que ce dernier le commandait de faire. Arrivé au camp, il s’est renseigné avec les autres qui y étaient et on lui a dit que le conseil des ministres a été perturbé. « J’ai rencontré mes officiers et je leur ai dit que la seule manière de sortir de cette situation, c’est de rester militaire », a confié l’accusé qui précise que cela signifie « ne pas se mêler des questions politiques ». Le Commandant Korogo confie également avoir appelé, pendant les événements l’un de ses promotionnaires, aujourd’hui lieutenant-colonel, pour lui dire qu’il allait déposer sa démission car son honneur était en jeu. « Il m’a dit de faire attention et d’attendre les conclusions de la rencontre entre le Général Diendéré et la hiérarchie militaire ».
L’accusé a insisté sur le fait qu’il désapprouvait le coup d’État mais a dû rester sur instruction du Chef d’Etat-Major Général des Armées, le Général de brigade, Pingrenooma Zagré, qui voulait qu’il s’implique pour une sortie de crise. La situation devenant intenable au moment des faits, le commandant Korogo déclare avoir fait l’objet de menaces de la part du soldat Zongo Amado lors du désarmement du RSP. « Ce n’est pas une fierté pour un chef de dire qu’il a été menacé par ses hommes » a-t-il déclaré. Il a également reconnu avoir contacté le Général Vagondo Diomandé, Chef d’État Major particulier à la présidence ivoirienne, pour lui proposer de mettre en sécurité sa famille en Côte d’Ivoire. « Le 2 octobre de l’année du putsch, il m’a rappelé et j’ai dit que ce n’était plus la peine et que ma famille allait rester », a déclaré l’accusé après avoir concerté sa famille.
Le parquet salue la sincérité dans les propos de l’accusé mais constate néanmoins des non-dits. Il ne comprend pas la raison pour laquelle quelqu’un qui n’a aucune fonction puisse pouvoir instruire des choses que l’accusé a exécutées. A cette question, il répond « le général Diendéré est comme un père spirituel au niveau du RSP.
Mireille BAILLY