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Comme dans de nombreux pays, la fête de Mouloud a été célébrée au Burkina Faso dans la nuit du 19 au 20 novembre 2018.Les mosquées ont été prises d’assaut par fidèles et curieux qui pour l’occasion, se sont revêtus de leurs plus beaux atours.
Certaines mosquées ont comme regagné un plus de vitalité en cette nuit du 19 au 20 novembre 2018 à Ouagadougou. Prières, invocations…tout était au rendez-vous. Venant de divers horizons, les fidèles ont tenu à marquer d’une pierre blanche ce jour reconnu comme où le prophète Mohamed est né. Il reste que si pour les autres fêtes ,c’est la date exacte qui suscite souvent des divergences au sein des Musulmans, c’est le caractère islamique même du mouloud qui est remis en cause par une partie des croyants. De fait, les périodes de célébration du mouloud sont l’objet de vives polémiques au sein de la communauté musulmane.Il faut dire que pour certains, le mouloud est une innovation dans la mesure où le prophète ne l’a ni célébré ni meme recommandé.Les tenants de la célébrations évoquent quand à eux la reccommandation faite à tout croyant de louer les mérites du prophète de l’islam.
Pour en savoir un peu plus, nous sommes allés demander les éclaircissements de Halidou Ilboudo, du Cercle d’Etudes de Reflexion et de formation islamique (CERFI). Loin de tout dogmatisme, lui estime que la polémique sur la célébration du mouloud est des plus inutiles. Entretien
Qu’est-ce que le Mouloud ?
Le Maouloud est la commémoration de l’anniversaire du Saint Prophète. Cette naissance a eu lieu le 12 du mois rabi’ul awal de l’année de l’éléphant à la Mecque de l’année 570 après Jésus-Christ. De son vivant, le prophète n’a pas fêté son anniversaire, c’était un homme modeste et ce qui l’intéressait , lui et ses compagnons, c’était la transmission du message de Dieu. Sa vie était faite d’émigration, de luttes et surtout de la volonté de construire une ère nouvelle de gouvernance sous les enseignements du Coran.
C’est longtemps après sa mort, c’est-à-dire au VIII e siècle sous le règne des Fatimides en Egypte que le calife à l’époque a décidé d’instaurer la célébration de la naissance du saint Prophète pour rappeler aux fidèles le modèle que celui-ci incarne et sa place dans les cœurs des Musulmans.
Comment percevez-vous le schisme entre Musulmans sur le sujet d’autant qu’il en a qui estiment que le Maouloud est une innovation puisque le Prophète lui-même ne l’a ni célébré ni même recommandé ?
C’est une polémique qui est à avis inutile parce que tous les points de la doctrine islamique sont question de points de vue. Dieu a envoyé le message c’est un fait. La compréhension de tout un chacun dépend de son éducation, de son niveau de culture mais aussi de sa foi. On ne peut jamais avoir une seule image ni de Dieu ni des éléments de la croyance. Vous verrez que même les façons de prier et de dire la shahada (profession de foi), les façons de faire le jeune, le pèlerinage, les avis diffèrent. Il est quasiment impossible d’avoir un point de vue unique sur un même phénomène.
Pour ce qui est du Maouloud, il n’y a pas un Musulman qui ne célèbre pas la naissance du Prophète d’une manière ou d’une autre. Même le fait de dire : « puisque le prophète ne l’a pas fait, je ne le fais pas par fidélité à lui » est une façon de commémorer l’anniversaire de sa naissance ». Même dans la vie courante, fêter un anniversaire est toujours différent d’une personne à une autre. Certains effectuent des voyages, d’autres des repas en famille, etc.
On a tout comme l’impression que les avis sont très tranchés sur la question du Maouloud…
Effectivement mais je trouve que la polémique n’a pas sa raison d’être. Si ceux qui ne le célèbrent ne forcent pas les autres de le faire, il n’y a pas de raison que ceux qui ne le célèbrent pas veuillent empêcher que ceux qui désirent le célébrer le fassent. Chacun est responsable de sa croyance.
Dans les faits, chacune des parties a tendance à dénigrer l’autre …
J’ai plutôt tendance à croire que ceux qui ne célèbrent pas qui agressent les partisans de la célébration.La polémique vient de là.
Y a-t-il une perspective à ces crispations ?
Bien sûr !Il y a l’éthique de la divergence en islam. Il y a aucun élément en islam qui est unique dans la perception des gens.
Votre mot de fin ?
Pour finir je dirais que dans un événement, il y a le contenu pratique et les enseignements spirituels qui doivent primer. Que les Musulmans s’élèvent à un haut niveau de reflexion.Le reste, il appartiendra à Dieu d’en juger.
Propos recueillis par Soumana LOURA