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Si les déclarations des autres membres de la Commission de Réflexion et d’Aide à la Décision(CRAD) sur le coup d’Etat sont en contradiction avec les siennes, le général Diendéré persiste : il n’a fait que s’« assumer ». Un acte qui implique beaucoup de conséquences juridiques selon le parquet à qui la parole est revenue ce 28 novembre et troisième jour d’audition du Général Diendéré.
« Le général Diendéré a entrepris le putsch pour mettre fin aux projets d’exclusion de certains partis politiques du jeu électoral, à celui de la dissolution du RSP ainsi qu’au projet de révision de la loi portant statut des forces armées » ; telles sont les déclarations du Secrétaire général du ministère de la défense et du CEMGA d’alors, respectivement Alassane Moné et Pingrenoma Zagré. « Faux !» rétorque l’accusé pour qui, ces propos sont le fait d’une concertation préalable entres les autres membres du CRAD pour se laver de tout soupçon d’autant qu’ils n’ont été entendu qu’en juin 2016. « La qualité de témoin de cesdites personnalités est donc inappropriée » a insisté l’accusé. Pour lui, ils devraient aussi comparaitre en qualité d’accusés « pour parvenir à LA vérité et non à une certaine vérité ».Si lors de sa déposition le chef de corps du RSP, le commandant Korogo a confié avoir reçu l’ordre de sonner l’alerte, le général Diendéré estime qu’il ne s’agit que de « conseils à un frère cadet ». D’où l’étonnement du parquet : « les conseils font-ils partie de la chaine de commandement ? »
A-t-on voulu mettre les morts sur le dos du RSP ?
Lorsque l’accusé insiste sur le fait qu’il a assumé, le parquet a rétorqué : « Lorsqu’on assume un acte, on assume aussi les conséquences qui en découlent. De fait le président du Conseil national de la Démocratie (CND) étant le Chef suprême des Armées, doit assumer toutes les actions entreprises par ceux qui relèvent de cette armée ». « J’ai demandé à la gendarmerie de faire un constat mais rien n’a été fait. Un constat aurait permis de diligenter une enquête et éventuellement de prendre des sanctions » se justifie-t-il avant de se demander : « Pourquoi rien n’a été fait ? Qu’a-t-on voulu cacher ? ». Et d’avancer son hypothèse : des comités de résistance initiés par certains partis politiques auraient, au cours de réunions tenues entre les 18 et 20 septembre, émis l’idée qu’il fallait commettre des meurtres-surtout des enfants- et accuser le RSP d’en être le coupable.
Le CPND ? Connais pas !
L’expertise de l’ordinateur de l’accusé a révélé l’existence- et ce dès le 14 septembre- d’un document intitulé Comité national patriotique pour la Démocratie (CPND) dont le contenu est quasiment identique à la déclaration télévisée du 17 septembre. Ce que l’accusé dément : « Je n’ai jamais connu de CPND et si le document s’est retrouvé dans mon ordinateur, cela ne peut que relever de la connivence entre les enquêteurs et le Premier ministre Zida ». La lecture des évènements du général étant aussi en contradiction avec celle de Jean- Florent Nion, le parquet a proposé au président du tribunal de prévoir une confrontation entre les deux hommes.
Soumana LOURA