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Une opération de police dénommée HEERA contre les produits pharmaceutiques illicites menée à Ouagadougou du 29 janvier au 02 février 2019 a permis d’identifier et de démanteler des zones de réseau de trafic de médicaments de même que la saisie de produits pharmaceutiques ou contrefaits. L’annonce a été faite au cours d’un point de presse le samedi 09 février 2019 à Ouagadougou.
Cent quarante-deux (142) mètres cubes, soit 28,40 tonnes d’antidouleurs, d’antipaludiques, d’antibiotiques, de vitamines, c’est la quantité de produits saisis entre fin janvier et début février 2019 selon le résultat de l’enquête conjointe menée par les policiers et les douaniers. Ceux-ci réclament plus de moyens et de volonté politique pour faire tomber l’arbre du commerce de produits pharmaceutiques illicites.
Pour le commissaire de police Traoré Boukary, ces chiffres aident à comprendre et expliquer l’expansion du phénomène sur toute l’étendue du territoire avec l’acceptation qui va avec. Les données démontrent clairement que le marché des médicaments illicites représenterait 10 à 60% du marché global suivant les pays. Et ce avec « un important chiffre d’affaires pour les criminels et les vendeurs ». « Les populations sont bien desservies avec ces produits même dans les zones les plus reculées » et « toutes les formes thérapeutiques sont touchées par le phénomène y compris les vaccins et les médicaments injectables », relève-t-il.
Pays enclavé d’Afrique de l’Ouest, le Burkina Faso passe par les ports béninois, ghanéens, ivoiriens et togolais pour l’exportation de ses propres productions et l’importation de produits étrangers en provenance du reste du monde. Quant aux produits pharmaceutiques illicites dont la provenance est l’Asie, ils finissent dans certains de ces ports avant d’être dispatchés par les contrebandiers.
Les entrées principales, à en croire l’inspecteur des douanes chef du service renseignements et analyse des risques, c’est « surtout » les régions du Centre-est et de l’Est. « C’est par ces régions que ça rentre au Burkina Faso. La zone de Cinkansé (…), c’est comme une zone franche qui ne dit pas son nom en conteneurs entiers. Nos contrebandiers partent se servir là-bas. Et ils utilisent tous leurs réseaux pour faire rentrer. Il faut une collaboration franche (…) pour essayer d’enrayer le phénomène. Et combattre nos problèmes internes », souhaite l’agent des douanes.
Aider à combattre
La police et la douane attendent de la population une franche collaboration pour l’interception des produits et des contrebandiers. Cette attente n’est cependant pas fortuite. Le commissaire de police Traoré Boukary relate un incident qui a failli couter la vie à deux douaniers.« Il a manqué de peu pour que les douaniers ne soient pas lynchés par la population. C’est dangereux. Vous voulez poursuivre des criminels et c’est la population qui protège ces criminels. Ce n’est vraiment pas simple pour nous », déplore le policier dont les hommes tentent de préserver la sécurité et la santé publique en luttant contre le phénomène.
Pour Charles Le Bon Kaboré, s’attaquer aux petits détaillants, c’est essayer d’arracher les feuilles d’un arbre à un stade où ce qui intéresse, motive, c’est la volonté de porter des coups à l’arbre pour le faire tomber.« Des petits coups peuvent faire tomber un arbre, schématise le substitut du procureur près le TGI de Ouagadougou. Le phénomène est tellement grand que ce qui est fait parait très dérisoire par rapport à ce qui devrait être fait ». Pour s’attaquer au « vrai problème », il associe sa voix à celle des Douaniers et de la police nationale et des agents l’agence nationale de régulation pharmaceutique pour plaider pour l’attribution de moyens à la hauteur de la tâche. Et de plaider « Aux grands maux, les grands moyens »,
« On se retrouve aujourd’hui avec beaucoup de problèmes d’insuffisances rénales, de pathologies qu’on ne peut même pas expliquer. Les médecins sont confrontés à des difficultés. C’est les toxines qui sont en train de détruire l’organisme », s’inquiète Dr Kouassi qui parle d’empoisonnement de la population.
Wendemi Annick KABORE