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Il s’appelle Nafzan Judicaël Traoré et officie dans le domaine de l’entrepreneunariat depuis longtemps. Il a été piqué par le virus de ce domaine depuis son secondaire et après un véritable parcours de combattant, il est aujourd’hui responsable d’un cabinet qui offre des opportunités de formations en entreprenariat. Aujourd’hui, il représente un modèle pour la jeunesse africaine. Dans l’interview accordée à FasoPiC ce jeune titulaire d’une licence en agronomie et d’un master en gestion des projets, parle de son parcours, s’adresse à la jeunesse et dévoile ses ambitions pour le continent africain.
FasoPiC : Bonjour Mr Traoré. Que signifie l’entreprenariat pour vous ?
T N J : Quand on parle d’entreprenariat, c’est un mot beaucoup plus complexe. Pour moi, c’est d’abord une dynamique de création d’entreprise. C’est une entreprise qui fait d’une personne un entrepreneur. C’est donc une dynamique de création et d’exploitation d’une opportunité d’affaires et cela peut se faire par une personne ou un une association.
FasoPiC : Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à vous orienter vers ce domaine ?
T N J : C’est par passion que je suis dans ce domaine. Depuis mon cycle secondaire, j’ai beaucoup milité dans beaucoup d’associations ou j’étais généralement le premier responsable, ce qui m’a permis d’asseoir une base en terme de leadership. Et quand je suis arrivé à l’université j’ai crée une structure au profit des jeunes dans le domaine de l’entreprenariat dénommée Association des Jeunes Entrepreneurs du Burkina(AJEBU). Et à travers cette structure, j’ai pu impacter la vie de beaucoup de personne surtout autour de moi et j’ai pu apporter un changement en terme d’entrepreneuriat car je donnais moi-même l’exemple en faisant du petit commerce sur le campus a travers la vente des chemises, chaussures de pantalons etc. Le succès dans ce domaine m’a beaucoup motivé à quitter Bobo pour Ouagadougou avec les mêmes objectifs. Avec le peu de moyen que j’ai eu, je me suis orienté vers le secteur agro-alimentaire. Et la ou je tiens les séances de formation était une boutique de céréales et c’est la somme de tous ces moyens qui m’a permis d’asseoir mon cabinet. Et comme ma vision était l’entreprenariat après ma licence en agronomie, j’ai fait des études en gestion des projets car mon idée de départ était toujours un cabinet afin de pouvoir continuer dans le processus engagé depuis l’université puisque l’entreprenariat était vraiment devenu une passion pour moi.
FasoPiC : Après l’ouverture de votre cabinet comment se sont déroulées les premières prestations ?
T N J : Les premières prestations du cabinet ont beaucoup été appréciées par les gens qui m’ont donné encore le courage et les gens venaient des différentes provinces du Burkina pour suivre la formation. Je suis un produit pur et fini en termes d’entreprenariat et surtout de pratique. En plus d’être le premier responsable, j’interviens également dans la promotion de l’entreprenariat auprès des jeunes.
FasoPiC : Pourquoi avez-vous décidé de rester à Bobo-Dioulasso au lieu de vous implanter dans la capitale comme le feraient certaines autres personnes ?
T N J : Sur ce point je me suis dis que Bobo-Dioulasso est un terrain inexploité. Et avec la persévérance j’ai débuté la formation avec seulement trois personnes qui se sont inscrites quand j’ai fait un communiqué. Mais je me dis souvent que ce n’est pas le nombre de personnes qui importe mais la qualité de la formation que je vais donner étant donné que tout début est difficile. Et comme la formation a été très satisfaisante pour ces trois personnes, ce sont elles-mêmes qui ont fait la publicité et petit à petit on a commencé à sensibiliser plusieurs jeunes qui ont pu faire la formation et aujourd’hui plus de deux-milles jeunes ont été formés par le cabinet dans la région du grand ouest.
FasoPiC : Quelles sont les difficultés que vous rencontrez souvent ?
T N J : Les difficultés ne manquent pas et le hic c’est que les jeunes n’accordent pas d’importance à la culture entrepreneuriale et pourtant sans la formation on n’y peut rien. Aujourd’hui ils veulent se lancer dans l’entreprenariat sans la moindre formation et ça c’est construire un château de cartes.
FasoPiC : Est-ce qu’il y a un suivi évaluation après la formation et l’accompagnement des jeunes que vous formez ?
T N J : Chaque fois quand on forme on accompagne. Et après ces deux premières étapes il y a le suivi évaluation qui est fait par un comité que nous avons mis en place. C’est cette équipe qui nous remonte les difficultés et nous y arrivons toujours à trouver une solution. Et une des preuves, c’est que depuis nos débuts jusqu’à ce jour, on n’a pas encore connu d’échec car on est toujours aux cotés de ceux que nous formons et accompagnons pour une meilleure orientation dans leur choix. On ne les force pas à faire un choix mais on leur laisse toujours le choix de leur projet.
FasoPiC : Dans votre combat contre le chômage est-ce que vous travaillez avec des partenaires ou encore d’autre forme d’appui ?
T N J : Chez nous on cherche toujours à faire mieux que les autres. Après notre début on a tapé à toutes les portes pour voir comment est ce qu’on peut accompagner ces jeunes que nous formons. Et c’est à l’issue de cela que nous avons eu en 2016, un partenariat avec la Coopérative d’Epargne et de Crédit (coopec) puis en 2017, avec Hugues Beckers en Hollande. Il ya également le ministère de la jeunesse et de l’emploi qui est à nos cotés. Et tous ceux que nous formons nous leur donnons de bonne base pour ne pas que la première fondation échafaudée puisse s’écrouler car ici le succès est garanti à coup sur. Au delà nous sommes en discussions avec d’autres partenaires locaux et internationaux.
FasoPiC :Quels sont vos objectifs que vous voulez atteindre ?
T N J : Transformer plus de 90% de la jeunesse en entrepreneur car c’est cela qui peut nous permettre de quitter le cadre du sous développement, ce qui n’est pas chose impossible. Si aujourd’hui nous sommes à un stade avancé dans nos projets, c’est grâce à notre persévérance et à la croyance en ce que nous faisons. C’est ce qui me fait dire qu’en dix ans nous serons incontournables non seulement au Burkina mais aussi dans la sous région.
FasoPiC : Vous parlez de la sous-région est-ce à dire que vous envisagez de vous implanter dans d’autres pays en Afrique ?
T N J : C’est un objectif qui se réalisera quand on aura fini avec le combat national. Et déjà je puisse vous rassurer qu’a travers les différentes communications et sur les réseaux sociaux, il y a plusieurs personnes qui demandent à ce qu’on puisse s’installer dans d’autres pays. Mais le combat sur le plan national n’est pas encore terminé. On va en guerre avec des stratégies. C’est donc à l’issue de l’objectif atteint au Burkina qu’on pourra envisager de nous implanter à l’extérieur.
FasoPiC : A travers cet interview quel message donnez vous à la jeunesse du Burkina en particulier et celle de l’Afrique en générale ?
T N J : On a toujours un message à l’endroit des jeunes. Aujourd’hui nombreux sont les jeunes, qui même après un diplôme attendent une aide du gouvernement qui pourtant, ne peut pas tout faire ni employer tous le monde bien vrai qu’il soit le plus gros employeur. Également les jeunes ont tendance à mettre en œuvre l’idée de projet ce qui est différent d’un projet. Car quand on a une idée de projet il faut respecter certaines étapes, certains processus pour aboutir au projet. J’encourage vraiment les jeunes à s’orienter vers la formation entrepreneuriale. C’est ce qui peut nous permettre de se développer rapidement.
Interview réalisée par Yaya Koné (Correspondant)