La politique antisociale de Patrice Talon redonne des forces à l’ancien président Yayi Boni. Sa gouvernance est tellement décriée que pour consoliderleur position dans l’arène politique nationale, les Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe) ont nommé son prédécesseur comme président d’honneur.
Les 10 et 11 février derniers, les Fcbe ont choisi lors de leur deuxième congrès ordinaire qui a donné vie à leur parti, Yayi Boni comme président d’honneur. L’annonce de cette décision a été saluée par des milliers de personnes dans l’opinion. L’ancien président hier sifflé et hué par certains Béninois, est aujourd’hui très applaudi. Le tout nouveau parti Fcbe a très tôt compris qu’il pourrait se servir de la popularité de l’ancien président pour étaler ses tentacules sur toute l’étendue du territoire national. Et à y voir de près, l’héritage de l’ancien président ne constitue pas la seule raison de ce retour en force. Patrice Talon et son équipe ont repositionné Yayi Boni sur l’échiquier politique national. L’actuel locataire de la Marina n’a en effet pas réussi pour le moment à effacer son ancien «ami » de la mémoire des Béninois malgré les dizaines de scandales ayant assombri ses 10 ans de gestion. En moins de deux ans de gouvernance, la Rupture a fait regretter Yayi Boni à plusieurs Béninois. Ayant proposé une politique ultralibérale, le gouvernement s’illustre à travers la dénationalisation des entreprises publiques, la destruction sauvage des emplois créés sous l’ancien régime, l’accaparement des richesses nationales par un petit groupe d’amis, la restriction des libertés publiques et la vassalisation des institutions de contre-pouvoir. Le messie Patrice Talon a déçu en quelques mois nombre de Béninois. Il a trahi ses propres soutiens et fait chuter sa cote de popularité. Le président de la République avait aussi commis une grosse erreur à sa prise de pouvoir. En effet, Yayi Boni voulant s’assurer une retraite politique dorée, négociait un poste de Secrétaire général adjoint des Nations Unies. Mais Talon animé par une vengeance inexplicable a dû torpiller les démarches menées par l’équipe de l’ancien régime. Yayi Boni ne connaîtra pas cette ascension rêvée. En tout cas, pas si tôt. Or, cette fonction internationale aurait pu l’éloigner physiquement du territoire national, l’occuper réellement et lui imposer des obligations de réserve. Loin du territoire national, Yayi Boni conserverait certes une capacité d’influence, mais il se garderait de jouer ouvertement un rôle aussi stratégique comme celui de président d’honneur d’un parti. Croyant donc faire du mal à son ennemi juré, le président Patrice Talon s’est créé de réels ennuis politiques. Yayi Boni n’est plus qualifié pour reconquérir le fauteuil présidentiel. Mais il dispose suffisamment d’expériences politiques pour faire tourner la machine Fcbe. Certains observateurs ont d’ailleurs confié que le nouveau bureau politique des Fcbe reste le fruit de ses réflexions. Seul vrai maître de cette formation politique, il devrait continuer à faire concrétiser ses décisions. Et les premiers grands résultats de son mangement devraient être palpables lors des prochaines législatives. Ce sont des résultats qui devront refléter la désillusion ou encore la déception qui animent actuellement des milliers de Béninois.
Mike MAHOUNAhttp://news.acotonou.com/h/105879.html