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Le fait que le parti a réussi à tenir son septième congrès tout en préservant son unité avait surpris nombre d’observateurs. Et si cette unité n’était que feinte ? La candidature de Kadré Désiré Ouédraogo(KDO) constitue pour le moins que l’on puisse dire un coup dur au parti. Reste à savoir l’ampleur de ce coup.
Officiellement Kadré Désiré Ouédraogo(KDO) ne se présente qu’en indépendant. Il le dit lui-même à qui veut l’entendre, le sens de sa candidature est celui de « la rencontre d’un homme avec son peuple ». L’on oublierait qu’il fait partie du Bureau Politique National (BPN) du congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP). Même s’il a occupé les plus hautes fonctions dont celle de Premier ministre KDO est tout sauf un tribun. Il l’a montré lorsqu’en 2015, il n’a daigné répondre favorablement à ce qui l’appelaient à défendre les couleurs du parti pour la présidentielle. Et si des barons et non des moindres décidés à savonner la planche à Eddie Komboigo lui ont incité à « y aller » tout en lui assurant de leurs soutiens ?
Scénario à la Macron ?
Même si c’est peu probable qu’il soit le candidat de droit du CDP, il est fort à parier qu’il le sera de fait. Si pour être en grande partie l’artisan du rayonnement actuel du parti et président de celui-ci, Eddie Komboigo a la légalité pour défendre les couleurs de l’épi et de la daba, il est un secret de polichinelle que pour nombre de barons, le « Tout Sauf Eddie » est de vigueur. Et ils ne manquent pas d’arguments. Nul ne dénierait à Salia Sanou, l’ancien maire de Bobo-Dioulasso, à Rasmané Daniel Sawadogo ou Mahamadi Lamine Koanda-pour ne citer qu’eux-un poids électoral important. Pour semer le trouble, le candidat KDO n’hésite pas à se prévaloir de l’héritage de…Blaise Compaoré. Si comme lors du dernier point de presse tenu le 15 janvier, l’on veut croire au CDP qu’« il n’y a pas de problème Kadré » l’on est porté à croire qu’il ne s’agit que de la langue de bois. Quoi qu’en disent les Achille Tapsoba et autres, il y a un transvasement des militants en faveur de Kadré. L’ampleur de la mobilisation du 15 juin à Ziniaré en dit beaucoup. En somme la méthode Kadré n’est pas sans rappeler celle d’un Emmanuel Macron qui tout en se prévalant de son titre d’indépendant, ne travaille pas moins à vider les partis de leurs substances. Ou même celle d’un ATT, un autre indépendant qui avait le soutien de plusieurs partis. Le nomadisme étant une norme au Pays des hommes intègres, KDO ne tardera pas à bénéficier du soutien de formations politiques de faible envergure surtout si ses chances de victoire s’avéraient réelles au fil du temps.
Et maintenant ?
« Le parti prendra ses responsabilités contre les frondeurs » prévient Achille Tapsoba. Lesquels n’entendent pas faire de marche arrière quelconque. Du reste, si la sanction est prévue par les textes, cela risque de se révéler politiquement inefficace. Si aguerris politiquement qu’ils le sont, les soutiens de KDO semblent n’avoir pas dit leur dernier mot.
Soumana LOURA
