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La question des Organismes Génétiquement modifiés (OGM), fait couler beaucoup d’encre et de salive au sein de l’opinion depuis un certain temps au Burkina Faso. Du coton au niébé biotechnologique en passant par les moustiques génétiquement modifiés, ces nouvelles technologies divisent l’opinion. On assiste à des prises de position variées dans le milieu scientifique. Certains chercheurs animés par la volonté de trouver des solutions aux problèmes dont souffre la population défendent bec et ongle les Organismes Génétiquement modifiés. D’autres spécialistes par contre craignant les inconvénients des biotechnologies s’opposent à celles-ci. Mais au-delà de la polémique, il convient de voir la réalité en face et y apporter des solutions.
C’est un secret de polichinelle d’affirmer que les Organismes Génétiquement Modifiés (OGM) sont utilisés dans plusieurs domaines et ce dans le monde entier afin de trouver des solutions à des problèmes. Cependant, dans certains pays d’Afrique à l’instar du Burkina-Faso, l’utilisation de ces Organismes Génétiquement Modifiés est vue d’un mauvais œil par certaines organisations de la société civile et même certains chercheurs. Pourtant et ce à en croire les chercheurs qui font la promotion des biotechnologies, les OGM permettent de vaincre certains maux de la société afin de propulser le développement.
Au Burkina Faso, c’est le cas des moustiques génétiquement modifiés qui a alimenté les débats au cours de cette année 2019. En effet, le 1er juillet 2019, l’Institut de recherche en sciences de la santé (IRSS) a procédé au lâcher des moustiques génétiquement modifiés à Bana localité située à une vingtaine de kilomètres de Bobo-Dioulasso. Depuis la phase d’expérimentation jusqu’au lâcher, des voix se sont levées pour dénoncer et s’opposer à cette pratique. On a même assisté à une marche contre les moustiques génétiquement modifiés organisée par le Collectif citoyen pour l’agroécologie. Les responsables de cette Organisation de la société civile accusent l’Institut de recherche en sciences de la santé de n’avoir pas fait des études préalables qui montrent clairement que ces moustiques ne vont pas créer d’autres maladies. Pourtant, du côté de l’IRSS et ce par la voix du docteur Abdoulaye Diabaté, responsable du programme Target Malaria, à terme ce projet va soulager la population.
Il faut voir la réalité en face
Au-delà des polémiques ayant créé des pro et des anti moustiques génétiquement modifiés, il convient de prendre du recul et d’analyser froidement le domaine d’intervention du programme Target Malaria. Il s’agit de la santé, notamment la lutte contre le paludisme. Or les statistiques nationales, au Burkina Faso montrent qu’en 2017, 11.915.816 cas de paludisme ont été enregistrés, dont 514.724 de paludisme grave avec 4.144 décès. Pourtant, l’Etat burkinabè injecte chaque année des moyens colossaux pour lutter contre le paludisme mais la réalité est tout autre. Cela montre en partie que la stratégie n’est pas adaptée. Parlant de stratégie, la distribution de moustiquaires imprégnées est une initiative du gouvernement burkinabè. Pourtant, il suffit de faire un tour dans certaines localités du Burkina Faso pour constater avec regret que ces moustiquaires servent de dortoirs pour les animaux, de grillages pour les jardins, de filets pour les poteaux de football. Résultat, le taux de consultation et de décès liés au paludisme ne fait que s’augmenter.
Il faut changer de fusil d’épaule
Au regard de ces chiffres alarmants, les efforts qui visent à battre à plate couture le paludisme doivent être encouragés. A travers les moustiques génétiquement modifiés, l’Institut de recherche en sciences de la santé s’attaque au mal par la racine en empêchant la production d’Anopheles gambiæ, l’espèce responsable de la transmission du paludisme. La réussite de ce projet serait une grande victoire pour les acteurs de la recherche du Burkina Faso, soulager les acteurs de la santé ainsi que la population.
Ceux qui sont pessimistes doivent revoir leur copie, en accordant du crédit aux instituts de recherche. Pour le cas spécifique des moustiques génétiquement modifiés, l’Institut de recherche en sciences de la santé a reçu l’aval de l’Agence Nationale de Biosécurité (ANB), autorité nationale compétente en matière de Biosécurité. D’ailleurs, le Burkina Faso n’est pas le seul pays au monde à lâcher les moustiques génétiquement modifiés car le Brésil l’a fait.
En tout état de cause, le processus est déjà en cours et les résultats permettront à chaque acteur de se faire une opinion. Mais pour faciliter une bonne appropriation des résultats de recherche par la population, les chercheurs doivent mettre l’accent sur l’information, la sensibilisation et la communication.
M’pempé Bernard HIEN