Quels sont les intérêts pour la Chine dans le rétablissement diplomatique avec le Burkina Faso

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Plus d’un an après la reprise des relations diplomatiques entre la République populaire de Chine et le Burkina Faso, les relations bilatérales se sont développées rapidement, la coopération pragmatique entre les deux parties ne cesse d’être florissante et de plus en plus de personnes, tant burkinabè que chinois, ressentent les bénéfices de cette reprise. En même temps, certaines personnes s’interrogent sur les avantages que la Chine tire de cette la reprise des relations diplomatiques. Je voudrais partager mon point de vue sur cette préoccupation.

Tout d’abord, je tiens à souligner que la reprise des relations diplomatiques n’est en aucun cas une transaction et que cette décision politique des deux parties ne peut en aucun cas être réduite en de simples calculs des intérêts. Fondamentalement, cela a mis fin à plus de deux décennies de situation anormale et ramené les relations entre les deux États souverains à la normale. Taiwan n’est pas un pays. C’est une île qui fait partie intégrale du territoire chinois. La communauté internationale a reconnu depuis longtemps que le seul représentant légitime de la Chine est la République populaire de Chine. Cela explique bien pourquoi 178 pays souverains dans le monde ont établi des relations diplomatiques avec la Chine et seulement une dizaine maintient toujours des soi-disant « relations diplomatiques » avec la province de Taiwan. De ce point de vue, la reprise des relations diplomatiques est un choix naturel pour se conformer à la tendance normale et historique.

Pour la Chine, les relations sino-africaines sont plus complètes grâce à cette reprise. La Chine et l’Afrique sont respectivement le plus grand pays en développement et le continent qui compte le plus grand nombre de pays en développement. Elles partagent un destin historique commun et une amitié naturelle. Tous deux explorent leur propre voie de développement et aspirent ardemment à réaliser l’indépendance, la prospérité et le bonheur des deux peuples. Le fait que les deux continents antiques aient retrouvé leur vitalité du XXIe siècle montre que la décision de cette reprise n’est pas le résultat d’une question à choix multiples, mais une réponse aux nécessités de développement mutuel auxquelles nous devons atteindre ensemble. C’est également pour cette raison que le Président chinois XI Jinping a pris la parole lors de la cérémonie d’ouverture du Sommet de Beijing du Forum sur la coopération Chine-Afrique pour souhaiter particulièrement la bienvenue à S.E.M. Roch Marc Christian KABORE, Président du Faso devant 54 dirigeants africains. La délégation du Burkina Faso a été longuement applaudie par tous les participants présents, démontrant ainsi pleinement que la coopération entre la Chine et le Burkina Faso constituent un élément important et indispensable pour la coopération sino-africaine.

La Chine a besoin du soutien du Burkina Faso pour défendre les intérêts communs des pays en développement et plaider en faveur de la justice, de l’ordre des relations internationales et de l’établissement d’une communauté de destin humanitaire. Lors de la récente élection du Directeur général de l’Organisation pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) des Nations Unies, le candidat chinois QU Dongyu a reçu un ferme soutien de la plupart des pays en développement, en particulier des pays africains, y compris le Burkina Faso, et s’est finalement distingué et élu. Le Conseiller d’État et Ministre chinois des Affaires étrangère WANG Yi a déclaré que désormais, il y a un bon ami de plus au sein des organes de l’ONU. Il s’agit non seulement d’une victoire pour la Chine, mais également d’une victoire pour l’Afrique. Nous sommes convaincus que Dr. QU apportera une contribution plus belle aux efforts de l’Afrique pour la sécurité alimentaire et au développement régional. Ce vote du Burkina Faso n’est pas seulement pour la Chine. Il est aussi et surtout en faveur des attentes et des efforts communs des pays en développement représentés par la Chine pour la sauvegarde de leurs propres droits et intérêts en matière de développement. Ces soutiens sont aussi réciproques avec l’appui ferme de la Chine pour l’élection du Burkina Faso au Conseil des droits de l’homme et au Conseil d’administration de l’Union internationale des télécommunications des Nations Unies.

Nous chérissons tous l’indépendance et la dignité nationale et nous avons besoin l’un de l’autre pour maintenir la solidarité sociale et résister aux attaques extérieures. Récemment au Conseil des droits de l’homme des Nations unies, certains pays occidentaux se sont ingérés dans les affaires intérieures de la Chine sous prétexte de se préoccuper du « problème » de Xinjiang sans aucune preuve ni aucun argument solide. La justice et la vérité ont triomphé comme toujours avec plus de 50 pays amis signant une lettre conjointe au Président du Conseil des droits de l’homme et au Haut-commissaire des Nations unies pour les droits de l’homme afin de soutenir fermement la position de la Chine. La plupart d’entre eux sont des pays en développement, y compris le Burkina Faso. Les tentatives de certains pays occidentaux, prétendant être la « voix dominante » de la communauté internationale, de s’ingérer dans les affaires intérieures des autres pays ont été une fois de plus démentis et renversés. Cela montre bien que quand nous nous unissons et agissons ensemble, nous pouvons faire entendre notre voix commune et préserver la justice de l’ordre international.

Dans les relations sino-africaines, seuls les pays africains eux-mêmes ont le droit de parole pour apporter un jugement de valeur. Mais une fois de plus, des gens à l’extérieur aux intérêts douteux travaillent à détruire plutôt qu’à construire. Au cours des dernières années, l’approfondissement continu de la coopération sino-africaine a suscité des conjectures et des attaques avec des étiquettes comme la « théorie du pillage des ressources », la « théorie du piège de la dette », la « destruction de l’environnement », le « néocolonialisme », etc. Ceux qui inventent cela ne sont absolument pas nos amis africains et leurs réelles intentions sont inavouées et sombres. D’ailleurs, le Président chinois Xi Jinping a donné une réponse claire lors du Sommet de Beijing du Forum sur la Coopération Chine-Afrique. Il a institué le principe des « cinq non » dans la coopération avec l’Afrique, à savoir: ne pas s’ingérer dans la recherche, par les pays africains, d’une voie de développement adaptée à leurs conditions nationales, ne pas s’immiscer dans les affaires intérieures africaines, ne pas imposer notre volonté à l’Afrique, ne pas assortir nos aides à l’Afrique de condition politique quelconque et ne pas poursuivre des intérêts politiques égoïstes dans notre coopération en matière d’investissement et de financement avec l’Afrique. Ce qui est dit, est fait et restera toujours notre crédo. Nous adhérons aux principes de « sincérité, de résultats concrets, d’amitié, de bonne foi » et la bonne conception de la justice et des intérêts qui exige de nous de toujours mettre la justice devant et avant les intérêts. Ces concepts sont devenus les gènes des relations entre la Chine et l’Afrique, fondus avec le sang amical et marquées au fer rouge dans l’esprit. Aucune ingérence extérieure ne pourra les corrompre.

Dans les années 1970, la Chine, qui était elle-même plus pauvre que beaucoup de pays africains, a construit le Chemin de fer reliant la Tanzanie et la Zambie pour ses amis africains. Maintenant que la situation de la Chine s’améliore, son développement contribuera certainement davantage au processus d’industrialisation et de la modernisation de l’Afrique et fournira davantage de fonds, de technologies et de compétences pour la soutenir. La Chine ne cherche pas à se construire un pré carré mais un jardin dans lequel prospéreront tous les partenaires. Un ami burkinabè m’a une fois confié que lorsque la Chine se lèvera, l’Afrique ne devra pas se tenir derrière elle, mais devra se tenir à ses côtés. Oui, nous avançons et avancerons toujours ensemble.

Depuis la reprise des relations diplomatiques, de plus en plus d’entreprises chinoises investissent au Burkina Faso tout en créant des opportunités de développement économique et social tant au niveau national que local. Le projet de construction de 100 complexes scolaires, lancé récemment et qui sera exécuté par des entreprises burkinabè est un modèle de bénéfices mutuels et de coopération gagnant-gagnant combinant à la fois le capital et les techniques chinoises et les ressources humaines burkinabè qualifiées et abondantes. Le gouvernement chinois astreint toujours les entreprises chinoises à l’étranger au respect des lois en vigueur dans les pays d’accueil ainsi que des us et coutumes locales. Il les encourage de promouvoir les échanges commerciaux conformément aux règles du marché. Les produits chinois bon marché et de bonne qualité sont entrés au Burkina Faso bien avant la reprise des relations diplomatiques. Certains produits chinois sont mêmes devenus des « made in Burkina Faso » tel que les motos chinoises. Autrefois importées, celles-ci sont maintenant assemblées localement à grand échelle, ce qui génère non seulement des revenus, mais crée aussi des emplois.

En conclusion, ce que la Chine gagne dans la reprise des relations diplomatiques avec le Burkina Faso est un bon frère sincère, un bon partenaire de coopération et un bon ami de soutiens mutuels. Un adage africain dit que « Seul, on va plus vite. Mais ensemble, on va plus loin ». Dans le même sens, ce que nous voulons, c’est de construire une communauté de destin de l’humanité et pour cela, nous recevrons naturellement le soutien de la communauté internationale. Les résultats de la coopération au cours de l’année écoulée ont pleinement prouvé que la reprise des relations diplomatiques entre la République populaire de Chine et le Burkina Faso n’est en aucun cas par convenance, mais par la volonté du peuple et suivant la tendance de l’histoire. Il est vrai que cela a pris du temps avant d’arriver mais conscients du temps perdu que nous devons tous rattraper, nous travaillons jours et nuit pour élargir et approfondir continuellement les domaines de coopération afin que nos deux peuples puissent réellement en bénéficier. C’est ma mission et ma responsabilité en tant qu’Ambassadeur de Chine au Burkina. C’est la destination et l’objectif de la reprise des relations diplomatiques entre la Chine et le Burkina Faso.

 

S.E.M. LI Jian Ambassadeur de la République populaire de Chine

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