AFFAIRE « CHARBON FIN » : la nécessité de dépassionner le débat

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Depuis la fin décembre 2018, l’opinion publique s’est fait l’écho d’une affaire dite « charbon fin » qui suscite beaucoup de réactions et de passions.

Cette affaire doit son origine à la saisie par la douane à Bobo-Dioulasso d’une cargaison de charbon fin de la mine Essakane en partance pour la ville d’Abidjan avec pour destination finale le Canada. Les gabelous de Bobo-Dioulasso à travers cette saisie auraient fleuré une tentative de fraude avec une possibilité que la teneur en or de ce résidu de charbon fin tel que déclaré par l’entreprise soit totalement supérieure. Le paquet ouvre ainsi une enquête sur cette affaire, requiert une expertise nationale pour mesurer la teneur en or de ce charbon fin. Cette expertise nationale confirme la fraude, et ouvre la voie à un procès dont le premier épisode démarré le 07 août 2019 aboutit à un renvoi pour le mois d’octobre. Cependant, les parties incriminées notamment IAMGOLD Essakane rejettent avec véhémence les conclusions de l’expertise nationale. Elles proposent une expertise internationale avec le choix d’un opérateur accepté par l’ensemble des acteurs en conflit.

En rappel, l’opération d’exportation de charbon fin vise à extraire des résidus d’or d’une cargaison considérée comme un déchet après l’extraction normale. Cette technologie n’étant pas totalement disponible et accessible au Burkina Faso, l’étranger serait le choix incontournable pour mener l’opération. L’exportation de charbon fin d’IAMGOLD Essakane au Canada via la Côte d’ Ivoire n’aurait pas démarré avec l’arrivée de Mr Oumarou Idani à la tête du ministère des mines. Elle serait une opération dont le début daterait de la récente transition politique au Burkina Faso. À ce jour, cette opération se serait effectuée déjà sous le magistère de trois différents ministres qui se sont succédé à la tête du ministère des Mines.

Vu la sensibilité du dossier, l’affaire dite charbon fin, première du genre, est donc au cœur de débats et de propos passionnés. S’il est vrai qu’une telle affaire peut créer une indignation populaire, il est aussi exact que tant qu’elle n’a pas totalement été vidée par la justice, la présomption d’innocence doit être le maître mot dans un pays qui se veut un état de droit comme le Burkina Faso. La passion populaire dans les propos pourrait être un obstacle à la manifestation totale de la vérité et la justice. L’opinion ayant déjà dressé les portraits robots de coupables toutes faites, il y’a de quoi craindre d’un blocage de la manifestation totale de la vérité.

Dans leur soif passionnée de justice, des citoyens réclament à cor et à cri la démission de certains acteurs concernés par le dossier. À notre entendement, une décision de démission dans un contexte où la justice n’a encore vidée sa saisine doit rester une initiative personnelle. Rappelons-nous de la récente suite judiciaire des agents de la CNSS dont le recrutement avait été invalidé suite à une polémique exacerbée au sein de l’opinion sur le sujet.

Il est primordial que toute la lumière soit faite sur cette affaire, que les responsabilités soient situées et le droit soit dit en toute impartialité par la justice.

Pour la manifestation totale de la vérité et la justice, aucune nouvelle expertise souhaitée au niveau national ou international pouvant confirmer ou infirmer les données existantes ne doit être de trop. Il sied pour la justice de s’entourer de toutes les garanties objectives et scientifiques afin de dire le droit.

Oui à la justice dans un état de droit, non à la justice spectacle

Burkina Faso, le 12 août 2019

Pour le Mouvement des Patriotes pour la Cohésion Nationale (MPCN)

Christophe Ouédraogo

Porte-Parole

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