À Malabo s’est ouvert, ce mardi, le procès du dessinateur de presse RamónNseEbale

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Le chef d’inculpation de blanchiment d’argent paraît bien fallacieux…

Teodoro Obiang NguemaMbasogo deviendrait-il susceptible avec l’âge ? Est-ce parce qu’il se sent nerveux d’être désormais le doyen des chefs d’État africains, sa quarantième année de pouvoir débutant en août prochain ? Ou parce que l’Union européenne a déclaré, début février, s’inquiéter de la détérioration de la situation des droits de l’Homme dans le pays, après que Malabo a annoncé avoir déjoué une tentative de coup d’État fin décembre 2017 ? Toujours est-il que le régime du président de la Guinée équatoriale se sent assez fébrile pour s’en prendre à celui qui ne devrait représenter que le bouffon du roi : un dessinateur de presse.

C’est en effet ce mardi 27 février que s’ouvrait le procès du dessinateur RamónNseEbale plus connu sous le pseudonyme Jamon y Queso. En 2014, il publiait la bande dessinée satirique Le cauchemar d’Obi, subtile uchronie où l’auteur imaginait quelle aurait été la vie du président s’il n’avait pas été… président. Le personnage Obiang Nguema était alors engoncé dans la vie d’un citoyen lambda, asphyxié par la corruption, le manque de liberté d’expression, l’accès aux soins ou à une éducation de qualité. Conscient qu’il dérangeait, le « cartoonist » s’était installé à l’étranger. Lors d’un retour censément temporaire au pays natal, en septembre 2017 pour une procédure de renouvellement de passeport, Ramón était arrêté à Malabo et placé en détention dans la tristement célèbre prison de PlayaNegra.

Censurer l’œuvre d’un satiriste

Depuis 5 mois, des organisations généralistes de défense de la liberté d’expression comme Reporters sans Frontières, des associations spécialisées comme Cartooning for Peace (dont l’auteur de ces lignes est membre du Conseil d’administration) et des groupes de soutien se mobilisent, notamment sur les réseaux sociaux, à travers une pétition et les hashtags #FreeNseRamon et #Justice4Ramon.

Il s’agit de donner de la visibilité à l’actualité judiciaire d’un pays qui, en dépit des affaires parisiennes dites des « biens mal acquis », constitue un angle mort de la couverture journalistique africaine. Le régime Obiang sait que censurer l’œuvre d’un satiriste est aussi dérisoire que contre-productif. C’est donc pour un prétendu blanchiment d’argent que Jamon y Queso est poursuivi devant les tribunaux. Qui est dupe ? Pas grand monde.

 

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