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Malgré le couvre-feu instauré depuis le 15 novembre 2019, la Kossi ne cesse de compter ses victimes notamment avec les attaques perpétrées dans la commune de Kombori. A cela s’ajoutent l’afflux massif des déplacés internes, la fermeture de nombreuses écoles et les cambriolages des points de vente à travers la province suscitant des interpellations à l’endroit des autorités provinciales et régionales. D’où l’initiative de cette rencontre avec les forces vives de la Kossi par le Gouverneur Edgard Sié SOU afin de récolter les préoccupations des uns et des autres, rassurer les populations et prendre les décisions qui conviennent.
Venues de l’intérieur de la province, les corps constitués ont fait salle comble au CELPAC de Nouna. Une rencontre qui a duré plus de 4 heures d’horloge et qui a permis de peintre avec émotions la situation sécuritaire dans la Kossi et plaider pour une meilleure sécurisation des différentes communes mais aussi et surtout pour un allègement des horaires du couvre-feu afin de redonner vie à l’économie locale.
Des représentants de plusieurs corporations sans détour ont exprimé leur mécontentement face à l’insécurité grandissante vécue dans leurs zones. C’est à cet effet que le maire de Kombori, Moussa Djibo, a fait découvrir avec émoi les tristes réalités que vivent actuellement les habitants de sa commune. « La situation est vraiment alarmante. Plusieurs villages de la commune sont partis en fumés. Et c’est la panique totale pour les populations. Beaucoup ont perdu leurs bétails, engins, récoltes et bien d’autres matériels. Environ 90 ménages au total en plus des déplacés internes de Barani et les réfugiés maliens soit 40 102 personnes à Kombori-Koura, chef-lieu de la commune, sont dans le dénuement total. Certains dorment en brousse car ne sachant plus à quel saint se vouer. » a déploré Moussa Djibo.
Ce qui a également touché les participants, c’est la surprise révélation de Aimé Sosthène Coulibaly, maire de Bourasso en rapport toujours avec la situation sécuritaire dans sa commune. De ses termes, la commune de Bourasso a enregistré sa première attaque le 3 octobre 2019. Frontière avec les communes de Sono, Nouna, Dedougou et Sanaba, Bourasso se révèle comme une bande que traversent les assaillants pour aller commettre leur forfaiture à Sanaba. Une manière pour ces forces du mal dit-il, de prendre petit à petit les Banwa et de couper la Kossi de Dedougou, chef-lieu de la région. « Si rien n’est fait monsieur le Gouverneur, la Kossi risque d’être coupée de la région » a martelé Aimé Sosthène Coulibaly avant de conclure : « Depuis le 23 janvier 2020, on a assisté à la fermeture de toutes écoles de la commune. Et aujourd’hui, ce sont les assaillants qui dictent leurs lois au coté Est de Bourasso à savoir dans 6 villages de la commune ».
En termes de pourcentage, plus de 70% du territoire provincial de la Kossi est atteint par l’insécurité. Un fait qui ne s’explique pas seulement par les attaques terroristes mais par des conflits intercommunautaires. Convaincus de la nécessité du couvre-feu, plusieurs intervenants ont demandé au Gouverneur la revue des horaires de cette décision. Pour le Gouverneur de la région de la Boucle du Mouhoun, initiateur de cette rencontre, animé de motifs de satisfaction, a déclaré : « Nous sommes satisfaits de cette rencontre qui a permis de comprendre beaucoup de choses à travers certaines interventions marquées d’émotions à savoir les difficultés auxquelles les populations font face ».
Certaines populations pensent que les autorités que nous sommes, ne sommes pas conscientes de ce qui se passe sur le terrain mais j’avoue que nous avons été touchés parce que nous avons compris qu’il y’a beaucoup d’attentes et d’efforts à faire. La situation est certes difficile mais les filles et fils de la région doivent se donner la main pour combattre ensemble ce mal qu’est le terrorisme. Et pour ce faire, la cohésion sociale ne doit pas prendre un coup du fait de ce terrorisme qui met tout en œuvre l’ébranlement des fondements de notre société.
A la sortie de la rencontre, Edgard Sié SOU a rassuré les populations de l’aménagement des heures du couvre-feu en fonction de l’évolution de la situation sécuritaire qui va prévaloir sur le terrain. C’est dans une bonne ambiance et une population visiblement réconfortée que la rencontre du Gouverneur avec les forces vives de la province s’est terminée.
Issa Lazare Kolga (correspondant)