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Dans son plan de riposte contre la propagation de la pandémie du Covid-19, le gouvernement burkinabé a mis en place une batterie de mesures préventives. Au nombre des cas figure la fermeture des maquis à partir du mercredi 25 mars 2020, sur toute l’étendue du territoire national. Cependant, cette nouvelle décision constitue un coup dur pour bon nombre de personnes travaillant dans ces débits de boisson. Le mardi 24 mars, une équipe FasoPiC.net s’est rendue au maquis le CLASSICO, situé à Zagtouli. Là, nous avons échangé avec le gérant et plusieurs employés.
Dans un communiqué datant du lundi 23 mars, les autorités ont annoncé la fermeture des maquis et bars sur l’ensemble du pays. Une mesure qui constitue un couteau à double tranchant, en ce sens où elle va impacter négativement la vie de milliers de personnes qui tirent leur pain dans ce domaine. Au CLASSICO, les employés n’ont pas manqué d’exprimer leur découragement et mécontentement. C’est le constat que nous avons fait dans la soirée du mardi 24 mars 2020.
Antoine SIMPORE, gérant dudit maquis nous fait part de son désespoir concernant la présente décision. Selon lui, c’est un chômage technique programmé pour le personnel de son maquis. « Je pense que cette mesure est un mal nécessaire, c’est vrai que ça ne nous arrange pas mais nous sommes dans l’obligation de la respecter. C’est ça aussi le civisme. Notre entreprise vit du jour au jour, tant qu’il n’y a pas de vente il n’y a pas de recette. Par conséquent fermer pour trois semaines serait une chute totale pour notre économie. Au CLASSICO, 89 personnes iront au chômage technique », a-t-il laissé entendre. Par ailleurs, il accuse le gouvernement de jouer au médecin après la mort. A l’en croire, le plus important était d’empêcher le Coronavirus de rentrer au Burkina Faso. Mais le mal est déjà là, c’est pourquoi il exhorte l’ensemble des populations à veiller au strict respect des mesures préventives annoncées par les autorités pour endiguer la maladie.
Honorine DABIRE, hôtesse au CLASSICO se dit être déboussolée par cette décision. A l’entendre, c’est là qu’elle gagne son pain. « C’est vrai que la mesure vise à combattre le Coronavirus mais moi personnellement elle ne m’arrange pas du tout. Je ne sais pas où rentrer, c’est ici que je mange avec mon enfant. J’ai coulé des larmes lorsque j’ai appris la nouvelle parce que je n’ai personne pour me soutenir. Mon mari est décédé me laissant avec un enfant », nous confie-t-elle avec un ton froid. Toute sa prière est de voir sonner bientôt la fin de la pandémie afin qu’elle puisse reprendre son travail.
Notre troisième interlocuteur est Stanislas COULIBALY, DJ du CLASSICO. A l’instar de ses collègues, il se dit également être inquiet de la présente mesure. « Sincèrement on ne va pas mentir, ça va nous faire très mal, c’est ici on mange, c’est ici on fait tout. Mais comme c’est pour une bonne cause nous allons nous conformer à la loi », a-t-il laissé entendre. S’agissant du couvre-feu, il a exhorté les autorités à revoir l’heure car 19 heures est très tôt.
NANA Daniel, manager dudit maquis s’est aussi prononcé dans la même logique que les autres. « Je pense que c’est une mesure salutaire parce qu’on parle de travail quand il y a la santé. Mais la question à se poser est : que deviendrons –nous si cette maladie perdure ? », S’interroge-t-il.
MICHEL CABORE