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Le 09 mars dernier le Burkina Faso a enregistré son premier cas de COVID-19. Depuis lors, des initiatives sont mises en place pour éviter la propagation du virus. A l’instar des autres communes du Burkina, celle de Saaba s’est doté d’un plan de riposte dirigé par une coordination qui regroupe toutes les entités. Comment fonctionne cette coordination ? Quelles sont ses missions ? Joseph Dipama, premier responsable du conseil municipal de la commune de Saaba donne plus de détails et annonce la réouverture des marchés dans les jours à venir.
FasoPiC : quelles sont les politiques mises en place pour lutter contre le Covid 19 dans la commune de Saaba?
Joseph Dipama : En ce qui concerne la situation de la pandémie en tant que responsable de la commune de Saaba nous avons jugé opportun, de mettre en place une coordination au niveau de la commune pour être en phase avec les autres structures dans la lutte. Avant de mettre en place cette structure, après l’intervention du chef de l’Etat nous avons tenu à faire des communiqués radiodiffusés, des séances de sensibilisation appelant les populations à observer les mesures édictées par le ministère de la santé afin que nous puissions dans la mesure du possible éviter la propagation de la maladie dans notre commune.
Au regard de la situation, nous avons décidé de mettre en place une coordination pour mieux agir. Cette coordination regroupe toutes les composantes de la société (ONG, associations, religieux, coutumiers, le conseil municipal, l’administration) et chacun dans la coordination représente une entité. Quand nous avons mis en place la coordination nous avons essayé de voir rapidement quelles sont les autres mesures qui pouvaient l’accompagner. C’est ainsi que nous avons mis en place des comités villageois de lutte contre le Covid 19 qui à leurs niveaux sont des répondants. Par rapport aux instructions, nous remontons tout ce qu’il faut au niveau de ces villages et en retour nous recevons également les difficultés, les suggestions que prenons en compte dans nos rapports. Les missions de cette coordination sont entre autres les sensibilisations, amener les gens à éviter les lieux publics, demander la fermeture des marchés, des bars, amener les gens à éviter les regroupements de plus de cinquante personnes…
FasoPiC : Avec la fermeture des marchés avez-vous mis en place des mesures pour accompagner les commerçants ?
Joseph Dipama : Par rapport à l’accompagnement, nous pouvons répondre par oui et non en même temps. Oui parce que nous avons appelé à la fermeture des marchés à l’instar de la commune de Ouagadougou. Ce sont au total une douzaine de marchés qui ont été fermés dans notre commune. Nonobstant cela, nous avons lancé des demandes de soutien à l’endroit de nos partenaires. Mais comme les marchés restent pour le moment fermés, la mise à disposition des matériels de désinfection telle que les laves mains sont pour le moment inefficace.
Pour ce qui est de la situation difficile liée à la brusque fermeture des marchés, nous en tant que collectivité, vu que c’était imprévisible, nous n’avons pas prévu de vivres pour pouvoir aider les concernés. Et c’est la même chose un peu partout au niveau de toutes les collectivités. Cependant pour pallier un peu, nous avons mis en place certaines stratégies de sensibilisations par rapport aux respects des consignes et autoriser l’ouverture d’un espace de vente des produits de premières nécessité (les légumes, les fruits, les produits périssables. Mais je puis vous assurer que ce n’est pas facile).
FasoPiC : il n’y a pas eu de réaménagement de budget au niveau de votre commune. Mais nombreux sont ceux-là qui vous abordent pour apporter leurs différents soutiens. Est-ce des partenaires où bien le fruit de votre leadership ?
Joseph Dipama : comme vous le dites, c’est bonnet blanc. Il faut savoir que dans cette coordination le préfet est le coordonnateur et le maire est le président. Nous avons fait appel à travers des communiqués de la mise en place du comité de riposte au Covid 19. C’est de cette manière que ceux qui se sentent interpellés nous apportent leurs différents soutiens. Mais il faut reconnaitre que la mairie a aussi des partenaires qui travaillent avec elle et qui apportent également leurs contributions. Lorsque nous recevons les différents dons, nous prenons le soin d’informer le conseil régional et ensemble nous essayons de voir quoi faire (la plupart des dons sont transmis pour réutilisation ndlr).
FasoPiC: Vous avez reçu les responsables des marchés. Ce qui annonce des démarches entreprises pour la réouverture prochaine des marchés. Comment cela va se passer ?
Joseph Dipama : la situation est nationale et il faut essayer de suivre l’évolution au plan national. Nous avons constaté que la fermeture des marchés cause réellement un certain nombre de problème (à tous les niveaux les gens s’affairent à trouver des solutions rapides pour voir comment faire revivre les localités ndlr). Nous nous sommes entretenus avec les responsables des marchés, des comités de lutte concernés dans la perspective d’une éventuelle réouverture de ces marchés. Il a été demandé à ces responsables de voir de façon concrète ce qu’ils peuvent apporter comme apports aussi bien sur le plan matériel que sur le plan stratégique pour que nous en tant que commission communale puissions apporter notre contribution.
A cet effet, nous leurs avons donnés 48h pour réfléchir. Nous allons donc nous revoir demain pour faire le point et identifier les marchés qui seront à même d’ouvrir de nouveau. Par ailleurs, à l’instar de la commune de Ouagadougou nous avons aussi des difficultés. Vous savez que l’administration moderne et locale évolue ensemble et doivent aller de paires. Mais malheureusement dès l’avènement de la pandémie, il y’a des décisions qui ont été prises de façon hâtive (pour le cas de Rood Wooko en principe on ne devrait pas fermer parce qu’il y’a des rites qui devraient être fait ndlr). Et au niveau de notre commune il y’a ses aspects qui sont là. Nous avons donc approché les coutumiers pour voir ce qui peut être fait avant la réouverture pour ne pas exposer les gens à d’autres situations. Aussi nous sommes en partenariat avec la direction du volontariat pour qu’elle puisse nous déléguer des volontaires pour nous appuyer aux premières heures des réouvertures des marchés.
FasoPiC: Quels conseils avez-vous pour la population afin de briser la chaine de contamination et endiguer le Covid 19 ?
Joseph Dipama : j’invite la population de Saaba à observer les gestes barrières édictés par le ministère de la santé sur les différentes ondes, mais aussi d’écouter nos agents sensibilisateurs. A ce jour nous n’avons aucun cas enregistré à notre niveau. C’est dire que si toutefois les consignes sont toujours suivies à la lettre nous viendront à bout de cette pandémie. J’en appelle donc à la vigilance et à la responsabilité de tout un chacun.
Propos recueillis par Wendemi Annick KABORE