Une dizaine de jours après que les Maliens aient pris d’assaut les rues de Bamako, pour exiger le départ dare-dare du Président de la république Ibrahim Boubacar Kéita (IBK), les manifestations reprennent. En effet, les populations sortiront encore de leurs concessions dans les prochains jours, pour montrer aux yeux du monde qu’elles veulent la démission du Président.
La place de l’indépendance de Bamako battait son plein en juin dernier. Le 19 juin 2020 restera gravée dans les mémoires des Maliens, et marquera l’histoire du pays. Sortis massivement pour détrôner le chef de l’État qui est à son deuxième mandat, ce sont des milliers de manifestants qui avaient pris d’assaut les artères de la ville. Des pancartes sur lesquelles étaient écrits « IBK, démissionne ! », « IBK, dégage ! », « IBK, on en a marre ! », montraient à souhait que la gestion du pays laisse à désirer.
Nonobstant, la ‘’folie’’ et la détermination de la foule, Ibrahim Boubacar Kéita tient bon. Pourtant, selon les manifestants, la crise sécuritaire jamais vu au Mali, la corruption, la surfacturation et la mauvaise gestion des biens de l’État laissent entrevoir que le pays est au bord du précipice.
Dépassé de la situation du pays, l’imam malien Mahmoud Dicko défie le Président Ibrahim Boubacar Kéita et le virus Covid-19, dans l’appel à la mobilisation proféré avec des propos qualifiés d’ « insurrectionnels » par la cour constitutionnelle. « Avec le laxisme, la démagogie, la médisance, le dénigrement, nous n’allons jamais nous en sortir. Et le pays est en train de se rétrécir. On n’a que Bamako pour faire les affaires, pendant que l’étau se resserre autour de nous », lance l’influent Imam qui estime que l’heure n’est plus au silence.
De plus en plus fort, Mahmoud Dicko est devenu plus populaire que jamais. Conscient du danger imminent, le Président Keïta a engagé un dialogue et a formé un nouveau gouvernement d’union qui comprend des membres de l’opposition. Hélas ! Monsieur Dicko et ses manifestants ne veulent que le départ du Président qu’ils jugent incompétent.
Les Maliens disent attendre un changement qualitatif au sommet de l’État. Mais si le Président de la république démissionne aujourd’hui, qu’est-ce qui va concrètement se passer ? Le changement tant demandé serait-il vraiment une réalité ? Et si cela était une victoire pour les terroristes qui gagnent déjà du terrain sur le territoire ? Toutes ces inquiétudes devraient refroidir le sang agité des manifestants. Ce que l’on peut vraiment craindre dans ce pays, c’est une éventuelle descende aux enfers comme la Lybie. Ce n’est plus le moment de crier à des démissions sous l’effet de la colère. L’heure est plutôt au dialogue, aux réflexions. Au lieu de scander des messages qui dénigrent les dirigeants, ces dirigés gagneraient à accepter la proposition de IBK qui parle gouvernement d’union nationale dans lequel figure des membres de l’opposition.
Après la marche du 19 juin, les Maliens vont encore descendre dans les rues, le vendredi prochain. Cette troisième marche va-t-elle emporter IBK ? De toutes les façons, on attend de voir.
Nicolas BAZIÉ