Centre-Nord : 55 mille tonnes de riz attendues pour cette campagne agricole

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La campagne agricole 2020-2021 s’installe difficilement dans la région du Centre-Nord  du fait de la rareté des pluies et de la crise sécuritaire. Les opérations culturales sont aux stades de labour et de semis.

Les mois de mai et juin 2020 ont été marqués par une absence de pluies dans la région du Centre-Nord. Cette situation a retardé l’installation de la campagne agricole 2020-2021 dans ladite région. Dans la matinée du 17 juillet dernier, nous avons effectué une sortie terrain pour constater de visu les préparatifs des producteurs.

Dans le  village de Koulogho, commune de Kaya, province du Sanmatenga, les paysans s’attèlent au labour et semis de leurs champs. Assami Sawadogo et ses collaborateurs exploitent une plaine rizicole de trente hectares (ha). Ils viennent de bénéficier d’un labour gratuit de vingt ha de leurs périmètres rizicole par des tracteurs. Selon eux, ce labour entre dans le cadre de l’initiative un million de tonnes de riz pour cette campagne agricole du Président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré. Avec ce soutien, ils espèrent produire 100 tonnes (T) de riz pour cette campagne agricole malgré qu’ils soient toujours au stade de binage et de semis de leurs parcelles rizicoles.

Toutefois, la rareté des pluies inquiète ces paysans. «La pluie du 2 juillet dernier est notre première pluie durant tous les mois de mai et juin. Nous sommes vraiment inquiets du niveau d’avancement de nos travaux champêtres parce que pour les saisons passées, à l’heure actuelle, nous étions au stade de mise en terre des plants de riz. Or, nous attendons toujours les premières pluies pour débuter le labour proprement dit», indique Assami Sawadogo.

Dans la commune de Tougouri, province du Namentenga, située à 65 km de Kaya, c’est le même scénario. Nous sommes dans un champ de céréale de Souleymane Sawadogo. Ils ont reçu des précipitations depuis plus de deux semaines. «Après les premiers semis, nous sommes restés plus de deux semaines sans pluies et toutes nos cultures qui étaient au stade de germination sont mortes. Et, nous sommes obligés de tout reprendre », déplore-t-il, avant de poursuivre : «Etant donné qu’il ne pleut plus normalement, je suis obligé d’élargir mon champ pour espérer récolter un peu de vivres». Souleymane Sawadogo compte emblaver 1,5 ha de mil et 0,5 ha de niébé. Mais la pluie fait défaut.

Malgré la rareté des pluies, il y a toujours espoir

Pour le Directeur Régional de l’Agriculture et des Aménagements hydro-agricoles du Centre-Nord (DRAAH-CN), Yacouba Nango, dans le cadre l’initiative un million de tonnes de riz pour cette campagne agricole, la part contributive de la région du Centre-Nord est de 55 mille tonnes de riz. «C’est pourquoi, nous avons emblavé 1400 ha de terres sur un potentiel de 5000 ha», souligne-t-il. En ce qui concerne les provisions de la productivité de la région, M. Nango fait savoir qu’environs 250 mille tonnes de céréales sont attendues au cours de cette saison pluvieuse, en ce sens que l’espoir est toujours permis pour une bonne récolte. «Du point de vue de la pluviométrie et par rapport à la quantité d’eau enregistrée, le Centre-Nord est excédentaire dans plusieurs postes, à l’exception de celui de la commune de Korsimoro», rassure-t-il.

Cette tournée nous a permis de visiter quelques magasins de distribution des semences améliorées et engrais des communes de Kaya et Pissila. Dans chaque point de vente, nous constatons la disponibilité des semences agricoles telles que le sorgho, le mil, le sésame, le maïs, l’arachide, le riz et le soja.

L’agro-dealer du magasin de la commune de Pissila, Alexis Ouédraogo,a stocké dans son magasin 20,7 T d’engrais NPK, 5,2 T de sorgho, 1,3 T de mil, 0,2 T de sésame et 0,1 T d’arachide. «L’engrais (NPK et urée) est en cours d’approvisionnement», déclare-t-il. Les prix sont fixés en fonction des normes édictées par le ministère de l’Agriculture et des Aménagements hydro-agricoles (MAAH) et un sac de 50 Kg d’engrais est vendu à 12 mille francs CFA et un kit de semences à 1000 francs.

Distribution de semences : un processus émaillé d’insuffisances

Aux dires de Yacouba Nango, le gouvernement a mis à la disposition de sa région, 369 T de semences et 1166 T d’engrais (NPK et urée). A la date du 2 juillet 2020, le taux de distribution des semences et engrais dans la région du Centre-Nord était à 33,98%.

«Ce faible taux est dû, notamment  à l’accès difficile de certaines zones du fait de l’insécurité (Namissiguima, Dablo, Pensa…), à la mauvaise qualité du réseau téléphonique et à l’éloignement de certaines communes par rapport à leurs magasins délocalisés», déplore M. Nango.

Depuis le 1e juin 2020, le gouvernement burkinabè a lancé le paiement électronique des intrants agricoles. Une initiative positivement appréciée par nos interlocuteurs, même si elle est émaillée par des insuffisances. «C’est une bonne initiative, car elle nous simplifie la tâche. Nous n’avons plus besoin de nous déplacer pour acheter des semences et engrais », se réjouit Assami Sawadogo. Pour le chef de zone d’appui technique de l’agriculture de la commune de Kaya, Boureima Kiéni,  le ministère en charge de l’Agriculture est allé trop vite en besoin, car un travail préalable devrait être fait, à savoir la sensibilisation des populations et l’implication de tous les acteurs du monde agricole.

Le choix des bénéficiaires  des semences est aussi l’une des irrégularités constatées dans le processus. «Ce choix s’est cantonné sur la base des données du Recensement général de la population et de l’habitat (RGPH). Du coup, nous avons eu des bénéficiaires fonctionnaires et commerçants qui ne sont pas des cibles visées.  Ce qui a complètement faussé les données», regrette Boureima Kiéni. De ce fait, il propose l’utilisation du dispositif de vulgarisation des agents d’appui conseil sur le terrain et l’adoption du code aléatoire.

Wendkouni Sawadogo (Correspondant)

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