Conditions des agents de sécurité privée: du miel pour certains et du  »fiel » pour d’autres

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Elles sont souvent postées devant des entreprises, des services privés ou encore devant des domiciles, dans leurs tenues de travail munies souvent de matraques ou de fusil. Ces personnes sont celles qui travaillent dans la sécurité privée qui est la protection des biens et des personnes physiques et morales à Bobo Dioulasso: c’est la sécurité privée. Dans ce milieu que nous avons essayé de percer en vue de toucher du doigt les réalités que vivent les agents de sécurité privée à Bobo, les conditions de vie et de travail sont relatives aux structures qui les emploient.

Pour les structures les mieux organisées et crédibles, les agents de sécurité suivent d’abord une formation théorique qui est suivie de la phase pratique physique. Dans l’optique de faire d’eux des employés compétents, la formation est dispensée par des agents de la police, de la gendarmerie ainsi que des militaires à la retraite qui partagent leur expérience avec eux.

Déployés sur le terrain, ces agents sont sous le contrôle d’un chef de zone dont sa tâche  est de veiller sur l’assiduité, la discipline, la ponctualité et la rigueur, puis de vérifier les effectifs avant de  faire la mise en place. Dans ce même métier, le chef de zone doit échanger avec les agents pour s’imprégner des difficultés qu’ils rencontrent.

La rigueur est le maître mot qui qualifie les sociétés privées de gardiennage. Concernant la sécurité devant les services privés et les domiciles, les agents de ces sociétés sont subdivisés en deux groupes dont un pour la garde du matin, et l’autre pour la garde du soir. Mais qu’en est-il des conditions ?

Selon un chef de zone qui a décidé de garder l’anonymat, les structures de sécurité privée fonctionnent différemment : « Avec une rigueur pareille, comment ne pas mettre nos employés dans les conditions, étant donné qu’ils participent à faire prospérer notre entreprise. C’est inhumain de ne pas penser que ces employés doivent construire leur avenir et celle de leur enfants ». « Il y a des structures comme la nôtre qui a tous ses employés embauchés selon les règles du code du travail et du statut des employés. Malheureusement ce n’est pas le cas dans d’autres entreprises dont je tairai les noms, et c’est déplorable pour l’image de la corporation », a-t-il ajouté.

Si les conditions de travail de certaines structures privées de sécurité  font le bonheur de leurs employés, la situation est tout autre chez B.S, puisque c’est ainsi que nous avons décidé de l’appeler. «  A vrai dire je suis sur le point de partir car cela fait plus de trois mois que je suis là sans salaire et je n’ai reçu que la moitié d’un mois. J’attends à ce qu’on me verse l’intégralité mais ça ne vient pas », a-t-il fait savoir avec tristesse, avant d’ajouter qu’il rendrait sa démission, au cas où ses arriérés de salaires tarderaient d’être résolus.

Ne pas verser le salaire intégral aux agents en leur promettant le cumul ou en utilisant des prétextes comme le non-versement des fonds par les personnes physiques ou morales contractants, ou encore d’autres raisons économiques pour endormir la conscience de l’employé, semble être la stratégie efficace de certains patrons dans ce domaine.

Un promoteur dans ce milieu, assis dans son bureau coincé dans les entrailles d’un immeuble nous a expliqué que souvent les retards de paiement sont dus à des défauts de versement des contractants. Et dans cette situation, ils sont souvent obligés de communiquer avec les employés pour accorder les violons. Comment se fait-il que certains employés peuvent faire des mois sans salaires monsieur ? « C’est vraiment une situation qui nous embarrasse… vu que il y a des pères de familles…humm », réponse d’un autre patron.

Les raisons non paiements des employés ne manquent pas pour se justifier. Il s’est même avéré que les pires conditions de travail de certains agents travaillant pour des entreprises de sécurité privée sans aucun contrat écrit, finissent par des démissions qui donnent naissance à des réactions controversées.

Deux employés de différentes structures que nous avons rencontrés ne tiennent pas le même langage. Sous l’anonymat, le sieur B.I, se plaint des conditions de travail dans lesquelles il est, les qualifiant d’ « exploitation ». Pour appuyer les arguments ; il  remonte à la date de prise de fonction en 2018, toujours avec le même salaire qu’il perçoit à des périodes différentes et qui atteint à peine le SMIG. Au-delà de ce fait, les frais médicaux en cas de maladie sont pris en charge par l’employé lui-même  qui arrive à peine à joindre les deux bouts.

Contrairement au sieur B.I, Millogo Antoine de son côté se réjoui d’avoir décroché un emploi dans une de ces structures privées de gardiennage. « J’assure la sécurité dans une banque de la place depuis 2018 et aujourd’hui j’ai pu me marier et acheter une moto. J’arrive à subvenir aux besoins de ma famille. Je suis embauché et j’arrive à avoir un prêt auprès d’une banque avec laquelle notre structure travaille. En plus je suis déclaré à la caisse nationale de sécurité sociale ».

Outre certaines difficultés auxquelles les deux parties, employeurs et employés  peuvent être confrontées, l’exigence de certains clients en est une autre. Selon les informations que nous avons recueillies auprès de quelques vigiles exerçant pour le compte de structures privées de sécurité, il y a des clients qui ne sont pas faciles à cause de leur exigence vis-à-vis de l’agent déployé sur le terrain.

Néanmoins, les deux parties peuvent conclure un accord qui permet de répondre aux aspirations de la clientèle. En cas de vol ou dégâts sur les lieux, la gendarmerie ou la police vient faire le constat  suivi des autres procédures.

Attention ! il faut faire la différence entre les vigiles qui travaillent pour le compte d’entreprises privées de sécurité avec lesquelles ils sont liés par des contrats en bonne et due forme, et les vigiles qui sont employés par des particuliers sans contrat écrit de travail.

K.Y.M(Correspondant)

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