Ce n’est plus un fait étrange de voir dans les rues de certains quartiers de la ville de Bobo-Dioulasso, des habitants verser des eaux sales et des ordures, piétinant ainsi les règles d’hygiène. Des eaux issues des linges et des vaisselles qui peuvent à la longue, causer sans doute assez de maladies aux différents riverains, sans oublier les dépotoirs d’ordures qui jonchent souvent des tapis à côté des habitations. Notre reporter a fait un constat dans quelques coins de la ville, et le résultat est pathétique.
Malgré les nombreuses campagnes de sensibilisation pour faire appliquer les règles d’hygiène, on remarque toujours une fréquence d’incivisme notoire dans certains quartiers de Bobo qui, le plus souvent est une source de mésententes entre les voisins. Mais pourquoi jeter de l’eau sale sur les voies publiques? La plupart des femmes auxquelles nous avons tendu notre micro soutiennent que les vraies causes sont dans le manque d’un bon plan d’aménagement urbain, et que les services compétentes doivent penser à multiplier les canalisations dans les quartiers, afin que les eaux salent puissent y être déversées.
Autres raisons avancées par un autre groupe mixte d’habitants du secteur 29 de la ville, c’est le fait que certains propriétaires de cours, ne pensent pas à l’hygiène des locataires car disent-ils, l’on devrait avoir des fosses dans sa cour, pour recueillir les eaux usées. Alors que les locataires rejettent la faute sur le bailleur, le bailleur lui aussi rejette la responsabilité sur les locataires.
Pour Guira Adama, un bailleur qui a construit au secteur 21 de Bobo, « creuser des fosses dans la cour pour verser les eaux sales fera encore des dépenses puisque chaque fois il faut faire appel à un service de vidange et pourtant ce sont les locataires eux-mêmes qui devraient s’occuper de cette tâche. Et quand c’est comme ça moi je préfère laisser chacun se débrouiller »
Même si certains bailleurs plus avides d’argent préfèrent laisser les locataires assumer cette responsabilité, d’autres ont préféré le contraire. C’est le cas de Berthé Mamadou, travailleur dans le secteur du bâtiment, qui soutient que: « Dans les normes cela est prévu dans le plan de construction d’une cour, mais c’est un problème de mentalité parce qu’il y a des bailleurs qui accordent plus d’importance à l’argent qu’à la santé de l’homme. Que ceux qui font cela se mettent dans les conditions dans lesquelles leurs locataires vivent voir si c’est agréable ». Il faudrait que les autorités compétentes se ressaisissent et fassent selon lui, un contrôle dans les différentes cours et ce, de façon stricte et rigoureuse
La situation est encore plus alarmante dans certains quartiers comme Farakan, Koko, Sarfalao, les secteurs 21, 22 et 29 pour ne citer que ceux-là. Dans ces quartiers, la plupart des rues sont recouvertes d’eaux usées que les habitants qui y vivent versent expressément sans se soucier du »retour du bâton » contre eux-mêmes.
En saisons pluvieuses, la situation devient encore pire car, profitant du ruissellement des eaux de pluie, on peut voir des gens verser leurs eaux usées de linge et de vaisselle ou vider les fosses de leurs douches, leurs bacs à laver et même de leurs WC dans les rues. Les eaux sales ainsi jetées qui dorment dans certains petits trous en milieu des rues ou devant d’autres habitations deviennent des gites pour les mouches et les moustiques ainsi que d’autres petits insectes vecteurs de maladies.
Dans le quartier Ouezzinville, nous avons interrogé Mr Diallo, un professeur de Mathématiques dans un Lycée privée de la place. Il a souligné en ces termes: « Depuis mon arrivée dans ce quartier, il y a plus de 35 ans, c’est toujours comme ça. C’était d’abord partiel avant de s’ériger en habitude pour prendre l’appellation de comportement…donc c’est déjà ancré et seule la construction des fosses de canalisation pourra mettre un terme définitif à cela. Mais quel sera ce pouvoir qui osera le faire étant donné que chaque grande autorité d’un pouvoir agit selon les règles d’un système mis en place par ce pouvoir ? »
Le second sérieux problème auquel l’on doit s’attaquer, ce sont les dépotoirs d’ordures à ciel ouverts dans les quartiers, des lieux par excellence pour se piquer une maladie. Il convient de noter que certains ont eu l’intelligence de faire venir à chaque fois, des ramasseurs d’ordures pour vider leurs poubelles.
L’absence d’un plan adéquat d’urbanisation et de d’aménagement du territoire ainsi que le manque d’une volonté politique dû à l’insouciance des gouvernants sont les raisons les plus fréquemment avancées et soutenues par une majorité de personnes que nous avons également interrogées notamment au secteur 13 de la deuxième capitale du pays.
K.Y.M(Correspondant)