Comme dans tout métier, le domaine du cinéma exige de la passion et le sacrifice de soi. Nous sommes allés à la rencontre d’un jeune cinéaste, qui a fait ses preuves dans plusieurs séries et films au Burkina Faso et ailleurs. Dans cet entretien, l’acteur nous parle de son amour pour le cinéma ainsi que ses ambitions pour le futur.
FasoPiC : présentez-vous à nos lecteurs.
Je m’appelle Ousséni Sawadogo, professeur certifié des lycées et collèges de formation, par ailleurs Président de l’association Afrik Béog Komba Burkina Faso. Je suis également animateur radio et acteur de cinéma.
FasoPiC : qu’est-ce qui vous a motivé à choisir le domaine du cinéma ?
Sawadogo Ousséni : Je dirai que je suis né pour être cinéaste. C’est peut-être les conditions qui ne m’ont pas permis de me lancer très tôt dans le domaine. Depuis mon enfance, j’ai beaucoup aimé le cinéma et tout ce qui était en lien avec la culture. Mais il faut dire que c’est pratiquement à partir de 2010 que j’ai fait mes premiers pas dans le monde du 7ème art.
FasoPiC : comment êtes -vous arrivés dans le cinéma ?
Ousséni Sawadogo : Etant donné que je suis enseignant de formation, j’ai passé plusieurs années en province. J’ai finalement été affecté à Ouagadougou en 2009. C’est à partir de là que j’ai relancé ma passion pour le cinéma et la culture. Ainsi, c’est finalement en 2010 que j’ai débuté avec Affaire publique de la télévision nationale du Burkina Faso. Par la suite, j’ai eu l’occasion de jouer dans plusieurs séries et longs métrages. Au niveau national, je peux citer entre autres, commissariat de tampy, stop corruption, le destin de Rama, et honorables députés. J’ai aussi joué dans plusieurs films et séries ivoiriens.
FasoPiC : le cinéma nourrit-t-il son homme au Burkina Faso ?
Sawadogo Ousséni : Effectivement, le cinéma nourrit son homme. Cependant, cela dépend de l’axe que vous avez choisi. Généralement on a constaté qu’en Europe l’acteur vit parfaitement du cinéma, car il gagne beaucoup en termes de ressources financières. Mais en Afrique, c’est tout à fait le contraire et le Burkina Faso n’est pas épargné. En Afrique vous remarquerez que ce sont les réalisateurs qui s’en sortent mieux par rapport aux comédiens. L’acteur n’a seulement que la popularité. En effet, au plan pécuniaire, il ne bénéficie pas assez. Il n’a vraiment pas une situation reluisante.
FasoPiC : quelle appréciation faites-vous du paysage cinématographique du Burkina Faso ?
Sawadogo Ousséni : Je peux dire que l’industrie du cinéma au Burkina Faso et même en Afrique, est en train de prendre son envol. Au Burkina Faso, nous avons déjà beaucoup de réalisateurs et acteurs qui font du bon boulot actuellement. Malgré la pandémie de la covid-19, je sais que nombreux sont sur le terrain pour des tournages. Certains peuvent penser que les burkinabé n’ont pas de talents mais, quand nos films sortent à l’étranger, ils sont beaucoup appréciés. J’ai un frère au Congo, par exemple, qui me dit que nos films sont vraiment suivis chez eux. Nous avons aussi des jeunes réalisateurs qui ont fait des écoles de formation de qualité, et qui travaillent actuellement dans l’ombre pour nous fournir de bons produits.
FasoPiC : on entend souvent dire que le cinéma est un domaine où les plus petits sont écrasés. Confirmez-vous cette version ?
Sawadogo Ousséni : absolument, je pense que c’est pratiquement dans tous les domaines, mais à des degrés différents. Lorsque vous vous lancé dans un domaine où des gens pensent que c’est un circuit fermé et que vous voulez aussi toucher à leurs intérêts, c’est sûr qu’ils vont vous barrer la route. Ils ne vont pas vous laisser facilement la place. Mais comme on le dit, chacun de nous a son étoile, et il faut vraiment se battre. Vous pouvez être un devancier du domaine et quelqu’un qui est percutant bien qu’il soit nouveau, vient prendre le dessus. C’est vraiment à vous de vous battre pour vous imposer.
FasoPiC : rencontrez-vous des difficultés dans votre métier ?
Sawadogo Ousséni : à l’image de tout autre domaine, les difficultés ne manquent pas. Les comédiens n’ont pas tous les atouts pour jouer pleinement leur rôle dans les films. Par exemple, lorsque dans le film le comédien doit incarner un personnage, on doit le mettre dans les conditions favorables pour mieux jouer son rôle. Cependant, le constat sur le terrain est décevant, car aucun réalisateur n’est prêt à donner des tenues à un comédien. Ce sont nos propres garde-robe que nous utilisons. On nous fait croire toujours que c’est ce que nous devons apporter comme contribution pour la production et la réalisation du film. Souvent, certains acteurs sont même obligés d’aller au marché acheter des tenues pour venir jouer dans le film.
FasoPiC : quelles sont vos ambitions futures ?
Sawadogo Ousséni : Comme ambitions, je compte apporter ma part de contribution au rayonnement du cinéma burkinabé en particulier et africain de façon générale. Lorsqu’on me pose la question souvent de savoir est ce qu’il y a un comédien que j’aimerais ressembler, je dis tout simplement que j’aimerais me ressembler, parce que je reconnais que j’ai des talents que je peux vendre au-delà des frontières du Burkina Faso. Les gens auront l’occasion d’apprécier mes talents à travers les films dans lesquels j’ai joué. Mon rêve c’est de devenir un jour producteur et réalisateur.
Interview réalisée par MICHEL CABORE