La rentrée des classes constitue un moment d’angoisse pour la plupart des parents d’élèves. Pour cause, ils doivent honorer les frais de scolarité, les fournitures scolaires et biens d’autres dépenses pour permettre aux enfants de reprendre le chemin de l’école. Parmi les dépenses des parents d’élèves dans le volet de la scolarité, les cotisations au niveau des APE( Associations des Parents d’Elèves), ne rencontrent pas l’assentiment du Réseau National des Consommateurs du Faso (RENCOF) qui exige sa suppression. Dans la présente interview, Abdoul Fathao BAGAGNE Fédéral de la Région du Centre du RENCOF donne les raisons de la demande de suppression des cotisations APE dans le privé.
FasoPiC : Quelles sont les objectifs du RENCOF ?
Abdoul Fathao BAGAGNE : Avant de donner les objectifs, permettez-moi de présentez ce vaste mouvement associatif. Le RENCOF est un mouvement associatif qui est né d’une volonté commune suite à un constat très triste du consommateur burkinabè torpillé par des opérateurs véreux à tous les nivaux. Le RENCOF a pour objectif phare de défendre le consommateur burkinabè.
FasoPiC : Sur une chaine de télévision de la place au nom de votre structure vous exigez la suppression des frais des Associations des parents d’élèves (APE) dans les établissements privés. Quelles sont les motivations d’une telle décision ?
Abdoul Fathao BAGAGNE : Les établissements privés sont des entreprises privées. C’est comme une clinique qui demande aux patients de contribuer pour la survie de l’entreprise. Ce n’est pas logique. On ne peut pas demander aux citoyens de contribuer à entretenir une entreprise. Nous demandons la suppression des frais APE dans les établissements privés du Burkina.
FasoPiC : Les APE sont organisées en union notamment l’UNAPES-B. Avez-vous rencontrez cette structure pour discuter de la suppression de cette cotisation ?
Abdoul Fathao BAGAGNE : L’Union nationale des associations des parents d’élèves du post- primaire du Secondaire et du supérieur du Burkina (UNAPES-B)relève d’un mutisme que nous ne pouvons comprendre. Au sein du RENCOF, nous avons comme valeur phare le plaidoyer. Nous avons demandé deux à trois reprises à rencontrer les premiers responsables de l’UNAPES-B. Depuis lors, c’est resté sans suite. Apparemment leur mutisme est inégalé.
FasoPiC : Comment fonctionnent les associations des parents d’élèves dans les établissements privés ?
Abdoul Fathao BAGAGNE : Je vais vous faire l’historique. L’ APE a été instaurée au Burkina Faso en 1958, bien avant les indépendances. A cette époque, les parents ne connaissaient pas la valeur de l’école n’en parlons pas d’association des parents d’élèves. C’est en 1987 avec le capitaine Thomas Sankara que les choses ont commencé à bouger. Et 1991, il y a eu un décret qui clarifie les frais APE. Ce décret précisait que les parents allaient collecter les fonds qui seront gérés par le COGES (Comité de gestion des établissements scolaires). En 1998, un autre décret a permis de donner l’indépendance totale aux associations des parents d’élèves. Ainsi, les APE doivent être composées d’un bureau exécutif, d’une Assemblée Générale et d’une trésorerie.
Ces associations doivent disposer d’un compte à la banque ou dans une caisse d’épargne. Donc pendant le paiement des frais de scolarité, c’est le secrétariat général de l’APE qui devait collecter les frais APE et non l’établissement. Pourtant si vous le constater, les frais APE sont payés directement dans l’administration des établissements. Donc ce sont les établissements qui récoltent les fonds APE. Cela pose un problème de légitimité et de légalité dans la gestion ces frais. C’est une gestion mafieuse qui ne dit pas son nom.
FasoPiC : Que soupçonnez-vous dans la gestion des frais APE ?
Abdoul Fathao BAGAGNE : Les frais APE devraient servir à combler le manque dans les établissements. Quand vous prenez les établissements publics où l’Etat n’arrive pas à affecter assez d’enseignants, les frais APE peuvent permettre de recruter des vacataires. Les frais APE peuvent aussi servir à la construction des bâtiments. Mais ça, c’est dans le public. Dans le privé, les frais APE sont souvent utilisés pour les activités extrascolaires. Malheureusement quand il y a ces genres d’activités on demande aux élèves de cotiser. A la fin, les frais APE ne servent à rien, ils servent plutôt à remplir les poches des promoteurs véreux et de certains parents d’élèves qui n’ont pas le sens de l’éducation.
FasoPiC : Est- ce que vous avez une idée sur l’avis du ministère de l’éducation concernant les frais APE ?
Abdoul Fathao BAGAGNE : Suite à nos sorties médiatiques, le ministre a été contacté. Il a dit clairement qu’il ne faut pas expulser un enfant pour non-paiement des frais APE. Mais malheureusement, lorsqu’un élève ne paie pas les frais APE, il ne peut pas s’inscrire. Nous avons en face, un ministère impuissant vis-à-vis des promoteurs d’établissements scolaires. A la création du RENCOF, nous avons cherché à rencontrer le ministre de l’éducation mais comme on n’avait pas un récépissé, nous n’avons pas été reçus. Quand nous avons eu notre récépissé, nous avons relancé mais jusqu’à présent pas de retour. Apparemment, l’administration burkinabè est actuellement occupée par les campagnes électorales.
FasoPiC : En plus des frais APE, vous vous attaquez aux frais d’inscription et de réinscription. Pourquoi ?
Abdoul Fathao BAGAGNE : Un élève inscrit dans un établissement et qui passe en classe supérieur on lui demande de payer par exemple 5000 FCFA pour frais de réinscription. C’est pour faire quoi ? Son dossier est déjà là. C’est un pillage organisé des promoteurs d’établissements scolaires.
FasoPiC : Concrètement quels sont les moyens que vous souhaitez utiliser pour atteindre vos objectifs ?
Abdoul Fathao BAGAGNE : Quand le peuple se met débout, l’oppresseur tremble. C’est la conscience des parents d’élèves qui va déterminer la lutte. Quand chaque parent d’élèves va refuser de payer les frais APE, les gens vont prendre la question au sérieux. Quand chaque parent va prendre le soin de suivre les frais APE, cet argent ne sera plus pillé. Nous appelons à une prise de conscience collective des parents d’élèves. C’est ce qui va permettre au RENCOF d’être plus solide et d’aller jusqu’au bout de son combat.
FasoPiC : Quel bilan faites-vous des activités du RENCOF ?Abdoul Fathao BAGAGNE : Le bilan est presque satisfaisant puis que nous avons mené plusieurs activités. Dès le mois de mars, le RENCOF a rencontré la direction de SODIGAZ pour échanger sur la pénurie récurrente du gaz. Nous avons fait le tour des alimentations où nous avons demandé aux responsables d’éviter de commercialiser des produits avariés. Nous sommes en contact avec le laboratoire national de santé publique et là, nous dénonçons les eaux qui ne respectent pas les normes. Suite à une bouteille rouillée qui a fait le tour des réseaux sociaux, nous avons fait une sortie à la BRAKINA. Ils disent que c’est lié à l’humidité. Nous avons invité l’entreprise a plus de sérieux.
Propos recueillis par M’pempé Bernard HIEN