En 2015, les femmes rurales avaient rédigé un manifeste contenant 10 points de revendications, à l’endroit des candidats à l’élection présidentielle de l’époque. Des revendications dont le point névralgique se situait au niveau de l’accès à la terre et aux instances de décision des femmes. Ce 12 octobre 2020 à Ouagadougou, au cours d’un point de presse, elles ont fait savoir que cinq ans après, l’évaluation de la mise en œuvre des engagements montre un bilan mitigé.
L’accès sécurisé à la terre reste toujours un défi pour les femmes rurales, selon les indications du collège des femmes de la Confédération paysanne du Faso. A en croire la secrétaire adjointe dudit collège, Diaby Mariam /Diallo, pendant que 31,5% d’agriculteurs masculins sont propriétaires de terres, chez les agriculteurs féminins, l’on enregistre que 7,4%. Pourtant à l’écouter, les femmes rurales sont une force potentielle, pour ce qui est de l’intention de « faire un Burkina sans faim ». La preuve c’est que l’agriculture familiale dit-elle, est le mode dominant de production, et les femmes représentent 65% des producteurs agricoles, et assurent plus de 63% des activités de production des secteurs primaires, à savoir l’agriculture et l’élevage.
Malheureusement, selon un rapport de l’Institut national de la statistique et de la démographie (INSD), ces femmes ne bénéficient que 4,3% des revenus agricoles. Seulement 4% de femmes productrices ont accès à des crédits, contre 12% d’hommes, a laissé entendre Mariam Diaby qui ajoute que, même au niveau de la formation professionnelle agricole, « la situation n’est pas reluisante ». Cette faible représentativité de la femme impacte négativement sans doute, la sécurité alimentaire des ménages et du pays, a-t-elle souligné.
Partant du bilan peu satisfaisant des engagements des politiques sur l’accès à la terre des femmes rurales ces cinq dernières années, et des obstacles qu’elles rencontrent, le collège des femmes de la confédération paysanne du Faso a lancé une autre campagne de plaidoyer, auprès des candidats à l’élection présidentielle du 22 novembre 2020. Aux dires de madame Diaby, cette campagne de plaidoyer du collège dénommée « les femmes rurales pour un Burkina sans faim », vise à engager les candidats en question, à prendre en compte le nouveau manifeste de huit mesures, une fois aux affaires.
Parmi ces mesures, figurent l’accès sécurisé et le contrôle de la terre, l’accès aux intrants, équipements et infrastructures de production ainsi que, la représentation et la participation des femmes, dans les instances de décision.
Nicolas BAZIÉ