Seul le juge est juge des irrégularités !

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Notre pays a énormément besoin de plus de paix et de stabilité que de toutes autres choses.  À croire que certains hommes politiques burkinabè ne renonceront pas de sitôt à leur projet de déstabilisation du pays. Ne nous méprenons pas, au-delà de contester les résultats évidents du double scrutin du 22 novembre, certains opposants commandés de l’extérieur, exécutent la sale besogne à eux confiés depuis la chute de l’ancien régime en 2014. Ils continuent dans leur logique du Tous Sauf Roch (TSR). C’est sans surprise que le thème principal abordé au cours de la campagne par ces derniers a tourné autour de la réconciliation nationale et du retour de leur mentor Blaise Compaoré. Les premiers résultats du scrutin présidentiel qui paniquent les candidats de l’opposition sont une réponse du peuple burkinabè à tous ces idolâtres de Blaise et à leur amnésie.  Le peuple burkinabè est un peu digne et fier !

Aux yeux des observateurs les plus avertis des processus électoraux internationaux et nationaux, le double scrutin s’est globalement bien déroulé. Le Secrétaire général de l’ONU s’est même empressé d’adresser un message dans ce sens. Tous les Burkinabè patriotes devraient en tirer une certaine fierté.

 Les irrégularités qui fondent l’ire des candidats malheureux à l’élection présidentielle se situent dans l’ordre normal des choses dans un pays comme le Burkina. Depuis 1990, date de retour à une vie constitutionnelle normale, tous les rapports d’observation des élections ont mentionné le retard dans l’ouverture des bureaux de vote, la non ouverture des bureaux de vote, les électeurs ne trouvant pas leur nom sur les listes électorales, le clientélisme électoral, les violences exercées sur des citoyens désirant exercer leur droit de vote… Avec le contexte sécuritaire et économique que nous vivons, relever le défi d’organiser un double scrutin là où le bon sens recommandait un découplage est même un miracle. Les règles du jeu de cette élection ont été négociées d’accord parties dans le cadre du dialogue politique, une première dans notre histoire politique. Que chacun assume maintenant sa part de responsabilité.

Un processus électoral avec un niveau d’organisation optimale n’est pas de l’ordre du possible dans les pays africains au stade actuel des systèmes électoraux. Ce sont là les limites objectives de l’apprentissage de la démocratie libérale sous nos cieux. Et cela, tous les acteurs politiques et de la société civile majeurs de notre pays le savent. Sauf qu’entre deux élections, l’opposition se concentre sur les questions périphériques sans plus-value pour la démocratie. Et dans notre pays, des efforts constants sont faits (dépouillement public, délégués des partis politiques dans les bureaux de vote, bulletin unique, double signature des bulletins de vote…).  Pour rappel, en 2010, sur requête d’un militant de l’unir, le Tribunal administratif avait annulé la carte d’électeur ayant servi pour le vote du Président. Cette décision faisait planer de graves dangers sur la vie des institutions, le président Blaise ayant déjà été réélu sur la base de ladite carte. Le pouvoir en place avait saisi le conseil d’Etat qui infirmait le jugement rendu à l’époque par René Bagoro, actuel ministre de la justice.

 Jamais il n’est venu à l’esprit de Me Bénéwende Sankara ou de Laurent Bado de mettre le pays à feu au motif que le caractère irrégulier du scrutin rendait illégitimes les institutions. Bien au contraire, c’est sur le fondement de cette décision de justice que le Burkina a opéré une importante réforme électorale qui a conduit à l’adoption de la carte d’électeur biométrique en 2012. Les néo opposants qui tiennent coûte que coûte à gagner le pouvoir par tous les moyens devraient s’inspirer de cette jurisprudence.

Seul le juge des élections est fondé à apprécier le niveau des irrégularités et leur impact sur les résultats. Et les juridictions burkinabè ont déjà prouvé leur degré d’indépendance dans le cadre de cette élection. Des listes invalidées ont été rétablies après des recours en justice. La période post-électorale doit nous permettre d’amorcer la réflexion pour opérer de véritables réformes sur le système électoral.

Comme aimait à le dire le Président Houphouët Boigny, nous devons toujours préférer l’injustice au désordre !

Dembélé Yacouba

Juriste, consultant en communication politique

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