Le mandat des actuels conseils municipaux burkinabè expire en mai 2021. Les municipales, élections locales et de proximité ont beaucoup interféré dans les élections législatives de 2020. Pendant que certains militants avaient le nez dans le guidon pour le double scrutin présidentiel et législatif, d’autres aiguisaient leurs appétits pour les municipales et battaient une campagne dans la campagne !
Dans le cas du Burkina, les citoyens votent pour leurs conseillers municipaux à travers des listes de partis et les conseillers élus désignent à leur tour le maire qui est ainsi indirectement élu. L’expérience a démontré depuis 1995 (sous la IV République) que la légitimité de certains maires élus est de plus en plus contestée. L’idée du maire élu directement par les populations fait son petit bout de chemin depuis quelques années. Le MPP qui gère le pouvoir d’Etat depuis 2015 ne se fait pas prier pour réchauffer le projet et il se pourrait que le dossier soit une priorité du nouveau parlement qui s’installe en fin 2020. Déjà en début 2017, le ministère en charge de l’administration territoriale recueillait les préoccupations des partis politiques sur une relecture du code d’électoral au sujet d’un nouveau mode de désignation des maires.
Cela dit, les têtes de listes des partis ou regroupements en compétition seront d’office de potentiels maires. Dans cette formule, les maires ne seront plus élus par leurs pairs conseillers. Les populations sauront désormais à l’avance qui sera leur maire si tel ou tel parti est élu. Le maire élu selon ce schéma sera probablement le candidat occupant le premier rang de la liste majoritaire ayant obtenu le plus de suffrages exprimés. A travers ce mode de scrutin, les conseils municipaux ont l’avantage de gagner en stabilité et en sérénité car les alliances politiques contre-nature ne seront plus à l’ordre du jour pour choisir qui sera maire. Nous ferions bien entendu, l’économie d’épisodes de tractations souterraines pour acheter ou séquestrer des conseillers. Le système en gestation a l’avantage d’accoucher d’un bourgmestre qui reflète le choix des citoyens. Une réforme qui est susceptible de renforcer le processus démocratique burkinabè et le leadership à la base.
Le projet mérite une solide réflexion pour s’assurer que le jeu en vaut la chandelle. Le conseiller municipal sera le conseiller d’une commune et non pas d’un village. La loi disposera du nombre de conseillers par collectivité locale. Dans chaque village c’est le Conseil villageois de développement (CVD) qui assumera pleinement son rôle d’instrument phare dans le processus de communalisation intégrale. Dans un contexte d’insécurité comme le nôtre, où plusieurs villages n’ont pas été en mesure de participer au dernier vote, cette formule de suffrage direct pour l’élection du maire est une proposition qui souffle comme un vent bienveillant.
Ag Ibrahim Mohamed