Les délestages intempestifs au Burkina Faso font des mécontents au sein des populations. A Ouagadougou, des citoyens, dans ce micro trottoir expriment leur ras-le-bol face à cette situation. Entre délestages sur une longue durée et à répétition (environ 3 à 4 fois par jour), vendeurs de poisson, couturiers, gérants de services de saisie et d’imprimerie bref, tout le monde subi les ’’frappes’’ impitoyables de l’électricité en ce moment de canicule à Ouagadougou.
Paul Balima, couturier au 1200 logements
« Moi je travaille uniquement avec l’électricité. Mes machines de couture ainsi que le fer à repasser marchent avec cette énergie. Mais avec les délestages, je n’arrive plus à bien travailler. La conséquence immédiate c’est que je n’arrive plus à satisfaire mes clients dans les délais, pourtant le ramadan arrive à grand pas, sans oublier les baptêmes. Par conséquent, je suis dans l’obligation d’adopter la stratégie de faux rendez-vous. Si cette situation perdure, franchement on ne pourra pas s’en sortir financièrement. »
Balkissa Sana, secrétaire à « Bureau net services » à Dagnoin
« Ces délestages récurrents me font très mal au cœur. Ce qui est énervant le plus, c’est lorsqu’un client vient pour imprimer ou saisir son document que le courant disparaît soudainement. Il faut attendre un long moment avant que l’électricité ne revienne. Avant hier (samedi 1er mai 2021, ndlr), il y a eu délestage de 9h à 14h ici. Honnêtement je suis dépassée par la situation. Comment allons-nous en sortir avec de tels désagréments quotidiens ? La SONABEL a intérêt à revoir les choses sinon ça ne va pas du tout. Nous souffrons sérieusement. A la maison nous dormons dans l’obscurité avec une chaleur intense, au travail aussi. Et par faute d’électricité, le marché est morose. »
Issa Compaoré, vendeur de poisson à Wemtenga
« Depuis la recrudescence des délestages dans la ville, j’ai du mal à écouler une quantité importante de poisson par jour. En effet, j’ai pris des cartons de poisson qui sont restés pourris parce qu’il n’y a pas de courant. Ma perte journalière est vraiment conséquente. A l’heure actuelle, je ne sais pas quoi faire exactement, je suis tellement découragé à cause de ce que je subi chaque jour. Je me demande qu’est-ce qui a bien pu se passer pour que nous ayons de délestages pareils ces temps-ci. Il faudra trouver une solution. »
Drame Sawadogo, consultant en développement local, habitant du quartier Dagnoin
« Avec ces délestages, le calvaire n’est plus à démontrer. Et cela apporte des coups sur nos activités. La situation est telle, qu’on ne peut travailler ni à la maison, ni au bureau. Si seulement l’énergie solaire était développée, on pouvait réduire les délestages intempestifs de longues durées. Hélas ! Nous ne dépendons que de l’énergie thermique venant d’autres pays. Le problème est annuel et je crois que les autorités doivent avoir un esprit d’anticipation, au lieu de vouloir trouver des solutions que lorsque le problème se présente. »
Le samedi 1er mai dernier, les responsables de la SONABEL ont lors d’un entretien avec les journalistes, indiqué que cette situation est dû au fait qu’il y a des pannes d’électricité au Ghana et en Côte d’Ivoire. Pourtant 70% de la consommation du Burkina Faso en électricité provient de ces deux pays. En plus, le Ghana et la Côte d’Ivoire rencontrent les mêmes problèmes que le Burkina, avait fait savoir le directeur général de la SONABEL Baba Hamed Coulibaly, rassurant qu’une solution sera trouvée dans de brefs délais. En attendant, cette affaire tourmente plus d’un.
Nicolas BAZIÉ