Contrairement à certains pays tels que le Mali, le Niger, la Côte d’Ivoire, où les fidèles musulmans célèbrent la fête de l’Aïd El Fitr ce mercredi 12 mai 2021, marquant la fin de 30 jours de jeûne, la communauté musulmane du Burkina Faso, fêtera le jeudi 13 mai, soit un jour de plus. Et comme chaque année, cette fête constitue pour les vendeurs de volaille et de ruminants, une grosse opportunité pour se faire de l’argent car, tout musulman, selon sa capacité financière veut apporter à sa famille, au moins un poulet ou un ruminant. A cet effet, nous avons recueilli l’avis de certains vendeurs à Ouagadougou, à propos de la clientèle.
A 24 heures de la fête du ramadan au Burkina Faso, les avis des commerçants de volailles et de ruminants divergent sur le marché. En effet, si certains se frottent déjà les mains, chez d’autres par contre, les clients se font rares.
Il était exactement 10 heures lorsque nous sommes arrivés au marché de volailles, du quartier Sinyiri de Ouagadougou. Là, clients et vendeurs, en groupuscules discutaient des prix de la volaille et l’on a l’impression que les affaires marchent bien. Pourtant, ‘’l’habit ne fait pas le moine’’ et Ouédraogo Amado, vendeur de poulets et pintades dans ledit marché ne nous dira pas le contraire. « Comme vous le constatez, il est 10 heures et jusque-là, le marché est toujours timide. Je n’ai encore rien vendu, les clients viennent, mais rares sont ceux qui achètent. Pourtant nos poulets ne sont pas trop chers, le prix varie entre 3000 FCFA et 5000 FCFA », a indiqué Amado Ouédraogo.
Comme explication, ce vendeur a évoqué plusieurs raisons. « Quand vous rentrez en ville, vous trouverez des vendeurs de volailles partout aux abords des voies. Tous les clients se ruent vers eux, pendant que nous n’avons pas de clientèle, alors que nous payons des taxes à la mairie. C’est pourquoi j’ai apprécié le fait que la police municipale ait procédé au déguerpissement de ces types de vendeurs qui nous font de la concurrence déloyale. En plus de cela il y a la pandémie de la covid-19, et le phénomène de l’insécurité qui font aussi obstacle au marché », a poursuivi Amado Ouédraogo.
Un peu plus loin, nous avons été reçus par Idrissa Nikièma, également vendeur de volaille. Chez lui, même si l’affluence n’est pas similaire à celle de l’année passé, il arrive quand même à tirer son épingle du jeu. « C’est vrai que le marché n’est pas comme on l’aurait souhaité, mais dans l’ensemble je peux dire que ça va. Hier par exemple, j’ai eu beaucoup de clients, et même ce matin, je continue d’en recevoir. Je pense que la journée sera encore bonne en termes de rentabilité d’ici ce soir », -t-il fait savoir.
Moyinga Adama, est venu s’acheter des poulets et il estime que les prix sont abordables. « En tant que père de famille, je suis venu chercher quelques poulets pour la fête. En ce qui me concerne, je pense que les prix sont supportables. Mais je préfère plus les poulets de chair que les poulets locaux. Ils sont moins coûteux et ont plus de la chair. Avec seulement 3000 ou 3500 FCFA, vous avez un gros poulet », s’est-il justifié.
Au marché de bétail de la Patte d’oie, le constat est le même
Pendant que certains se regroupent sous des tentes pour causer, d’autres sont en train de nourrir leurs animaux. Cependant la moindre personne qui apparait dans ce lieu est automatiquement perçue comme un client, le marché étant timide.
Arrêté au milieu de ses animaux, Pobéré Drissa, nous confie que rien ne marche à son niveau. « Sans vous mentir, je dirai que ça ne va même pas. Souvent on peut terminer la journée sans vendre un seul ruminant. C’est vraiment difficile parce que chaque jour il faut les nourrir pour éviter qu’ils ne deviennent trop maigres. On ne sent même pas la couleur de la fête. Chez nous vous trouverez des cabris de 25000 FCFA, jusqu’à 40000 FCFA, mais certains clients estiment que c’est encore cher. Ce n’est pas de notre faute, avec l’insécurité nous-même on souffre pour avoir les animaux. Mais je garde toujours espoir », a-t- il laissé entendre.
Kabré Moussa, est vendeur de moutons et ne cache pas sa déception.
« Habituellement, c’est pendant la période du Ramadan que je vends beaucoup. Mais cette année rien ne bouge, les clients viennent et repartent sans acheter. C’est vraiment dur parce que les gens disent qu’ils n’ont pas d’argent. Entretenir les animaux n’est pas une chose facile, il faut tout le temps dépenser. Je suis découragé », a-t-il dit tristement.
A l’issue de notre tournée, on retient que la plupart des vendeurs estiment que si le marché est lent, cela est imputable à la concurrence déloyale (vente d’animaux et volaille aux abords des voies), à l’insécurité, et à la crise sanitaire liée à la covid-19.
Michel CABORE