Tambao broie du noir

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La semaine dernière, deux camions transportant du minerai de manganèse de Tambao se sont renversés avec leur cargaison au bord de la route, l’un dans la zone de Gagara entre Markoye et Gorom et le second entre Dori et Gorom dans la zone de N’djomga. Des images des camions accidentés ont été publiées sur les réseaux sociaux. Les riverains du site minier se posent des questions, des citoyens interpellent les autorités burkinabè sur la reprise de l’opération d’enlèvement sans que le gouvernement ne pipe mot.

Le gisement de manganèse de Tambao est situé dans la province de l’Oudalan, commune de Markoye dans l’extrême nord-est du pays, près de la frontière avec le Niger. Depuis février dernier et malgré un contexte sécuritaire assez tendu, les communautés locales constatent l’enlèvement du minerai de manganèse, chargé dans des camions qui remontent vers Ouaga mais aucune communication officielle, n’accompagne l’opération. L’enlèvement actuel du minerai et le transport ont été autorisés et confiés à la société ILIOS AFRIQUE dont le siège social est à Abidjan en République de Côte d’Ivoire.

En rappel, en juillet 2019, le Ministère en charge des Mines s’était fendu d’un communiqué pour informer les populations burkinabè de l’enlèvement et du transport du minerai issu du site de Tambao. Une opération d’exportation sous contrôle judiciaire du tribunal de commerce de Ouagadougou, suivant ordonnance n° 2018-070 du 5 février 2018. Cette vente avait pour but de désintéresser les ex-travailleurs et des créanciers de la société Pan African qui exploitait la mine de Tambao. La vente avait été conclue avec la société MDS Limited et portait sur 40 000 tonnes de manganèse dont 23 000 stockés sur le site
de Tambao et 17 000 à Kaya.

En 2012, le gouvernement burkinabè décidait d’une rupture de contrat avec la société indienne General Nice Ressources pour confier le gisement à Pan African. Sous la transition, les activités d’exploitation du manganèse avaient été suspendues en janvier 2015, avant de reprendre en décembre 2015.

En octobre 2016, la commission d’enquête parlementaire sur la gestion des titres miniers et la responsabilité sociale des entreprises minières évoquait le ‘’casse-tête Tambao’’ et recommandait la résiliation du contrat qui liait la société Pan Africain Burkina Limited (PAB) à l’Etat burkinabè. Le 14 février 2018, la lettre de résiliation du contrat était signée du ministre en charge des mines.

En mars 2019, le Burkina Faso avait gagné son procès Tambao dans le cadre d’une procédure arbitrale à l’international qui l’opposait à Pan African Burkina Limited (PAB) du sulfureux milliardaire australo-roumain Frank Timis. De nouveaux partenaires français, chinois, indiens et américains toquent à la porte pour reprendre le gisement de Tambao. De gros opérateurs économiques locaux sans expérience dans le domaine minier, s’activent et se vendent chers auprès des politiques pour récupérer Tambao. La production industrielle du manganèse sera une excellente bouffée d’oxygène pour l’économie burkinabè qui a tout intérêt à diversifier sa production minière trop dépendante de la monoculture de l’or. En attendant que le chemin de fer prévu soit construit, le manganèse est transporté par une route dont l’état de délabrement est bien avancé.

Ag Ibrahim

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