Une équipe de l’armée française, de la force ‘’Barkhane’’ en opération dans la zone de Intagom, commune de Tin-Akoff a pris pour cible le 3 avril dernier vers 18h, un homme civil de 38 ans, Ayouba Ag Manaou. D’après le témoignage de la victime, il gardait son âne au pâturage lorsqu’il a été pris à partie par des soldats français qui traversaient la zone, en véhicules. Le village de Intagom est situé en territoire burkinabé dans la région dite des « trois frontières », entre Mali, Niger et Burkina Faso. Intagom est distant de 25 km de Tin-Akoff, de 35 km de Markoye et de 18 km des frontières.
Blessé par un tir d’une frappe terrestre et touché au niveau du talon d’Achille droit, le villageois n’a pas été secouru et selon son témoignage, l’équipe qui a tiré sur lui a poursuivi son chemin. La famille de la victime a alerté le détachement militaire burkinabè basé à Intagom où le blessé a reçu les premiers soins. L’officier, qui commande le camp militaire de Intagom est entré en liaison avec les français pour leur rendre compte des faits.
Les militaires français, assurés du dommage collatéral sont revenus en hélicoptère le lendemain dans la soirée 4 avril. Ils ont héliporté le blessé dans une de leur base au Mali voisin.
Tout semble indiqué que Ayouba Ag Manaou n’était pas une cible militaire et a été blessé par erreur. On retient du dossier médical de Ayouba Ag Manaou que nous avons pu consulter que le patient a été hospitalisé dans le ‘’Rôle 2’’ de la force Barkane du 4 au 26 avril 2021. Le 26 avril au cours d’une mission héliportée de la force Barkhane, le malade est ramené chez lui au Burkina Faso. Il souffre toujours d’une plaie au niveau du talon droit et le 17 mai 2021, Ayouba Ag Manaou est admis au centre médical de Gorom-Gorom. Selon le bulletin d’examen demandé, le malade nécessite une consultation en orthopédie pour ablation du matériel d’ostéosynthèse (fixateur externe). Référé au CHU Yalgado Ouédraogo pour traumatisme balistique, Ayouba Ag Manaou y est admis depuis le 18 mai.
Victime d’une bavure de l’armée française, Ayouba Ag Manaou manque de ressources financières pour se faire soigner. Le malade se sent abandonné à lui-même et mérite qu’on lui octroie une réparation.
Ag Ibrahhim