L’Artemesia est une plante médicinale dont les burkinabè découvrent à peine les vertus. Dotée de pouvoirs curatifs très intenses, elle a déjà fait ses preuves dans certaines cultures africaines. Également appelée armoise naturelle, l’Artemesia est une plante annuelle de la famille des astéracées. Cette plante qui provient de la Chine est dorénavant cultivée en Afrique, en Asie et au Madagascar, pour ses bienfaits médicinaux. Si en Europe elle est utilisée comme une plante ornementale, en Asie, elle est reconnue pour ses vertus antivirales et curatives depuis de nombreuses années. Au Burkina, l’Artemesia semble être peu connue. Avec Razac Belemgnegré, directeur de l’association Béo-Neeré par ailleurs agro-écologiste nous découvrons davantage, cette plante aux bienfaits multiples.
FasoPiC : Comment se fait la culture de l’Artemesia?
Razac Belemgnegré : l’Artemesia est transplanté avec précaution dans le sol. Et il faut espacer au minimum 1 plant tous les m2 (1m×1m) ; procéder à un arrosage chaque matin (sauf éventuellement en saison des pluies) ; rajouter du compost aérobie ou du bokashi une fois par mois autour des plants ; récolter les tiges et les feuilles à tout moment, en sectionnant les rameaux de l’année (mais sans jamais couper la plante en dessous de 40 cm de haut. 2 à 3 coupes sont possibles par pied chaque année) ; sécher au propre et au sec, au soleil ou sous un abri. Le séchage est optimal si les branches se cassent net lorsqu’on les plie à angle droit.
FasoPiC : Sur quelle superficie produisez-vous l’Artemesia ?
Razac Belemgnegré : Il y a de cela 4 ans que nous avons commencé à cultiver et aujourd’hui nous sommes sur une superficie d’un hectare morcelé en 3 sur deux sites différents.
FasoPiC : Utilisez-vous des biofertilisants pour sa production ou utilisez-vous de l’engrais chimique ?
Razac Belemgnegré : Il est formellement interdit d’utiliser des engrais chimiques pour produire l’Artemesia, étant donné que c’est une plante médicinale. Nous n’utilisons que de l’engrais biologique pour la production du compost aérobie, du Bokashi, des EM, du phosphite etc.
FasoPiC : Comment vous arrivez à Commercialiser l’Artemesia ?
Razac Belemgnegré : La commercialisation passe par le petit marché hebdomadaire bio, le bouche à l’oreille ainsi que les foires.
FasoPiC : Quels sont les avantages liés à la consommation de l’Artemesia ?
Razac Belemgnegré : Après avoir démontré son efficacité sur le paludisme ou Malaria, la plante est aussi utilisée sur certains patients atteints de leucémie ou de Bilharziose. La Bilharziose, cette maladie causée par un ver intestinal est très présente en zone tropicale ou subtropicale, et provoque une grande fatigue, des diarrhées, de la toux et parfois même des lésions du système nerveux central.
Un véritable cadeau de la nature
L’Artemesia influe aussi sur les insolations, les maux de tête et la fièvre. Ses principes actifs permettent de stimuler l’immunité du corps humain. Même si elle ne soigne pas la Covid-19, elle peut aider l’organisme à se renforcer et à se montrer plus résistant face aux maladies et allergies saisonnières (bronchites, rhumes, rhinites et maux de gorge). L’Artemesia peut aussi soigner ou soulager diverses autres pathologies, comme les troubles intestinales et digestives (diarrhées, coliques, flatulences).
FasoPiC : Le centre de Nanoro expérimente en ce moment un candidat vaccin pour lutter contre le paludisme. Si toutefois les résultats sont satisfaisants pensez-vous que le marché de l’Artemesia va subir un coup ?
Razac Belemgnegré : La production de l’Artemesia pour nous n’est pas forcement la recherche de profit mais c’est de pouvoir le rendre accessible à toutes les couches vénérables au Burkina Faso, à travers la distribution des plants aux familles. Donc, le Vaccin de Nanoro n’est pas une limite pour sensibiliser les familles à la consommation de l’Artemesia.
FasoPiC : Nous sommes en période hivernale, quels conseils avez-vous à l’endroit de la population pour éviter le paludisme ?
Razac Belemgnegré : Évitons les eaux sales, consommons l’Artemesia chaque semaine et dormons sous une moustiquaire.
Propos recueillis par Mireille Bailly