Un jour de Janvier, au soir,
Je me rappelle de ce vendredi noir,
Où on apprend la construction d’un funeste couloir,
Celui du terrorisme, un vrai abattoir.
II n’ira pas bien loin, oui c’était notre espoir,
Il sera brisé bien vite, oui par notre intégrisme,
Comme fut jadis bien de formes d’impérialisme.
Ce jour-là, il a consumé un hôtel et un restaurant,
Aujourd’hui il ronge même le village le plus distant,
De Ouagadougou à Solhan,
Son tunnel est tout sanglant.
Des victimes civiles, il y en a par milliers maintenant,
Et nombre de soldats sont tombés par manque de digne armement.
Dans le couloir du terrorisme,
On croise au quotidien monsieur individualisme,
Et son fidèle compagnon le sieur égoïsme,
Ils portent tous des costumes de cynisme.
Dans le couloir du terrorisme,
Il y a un ciel,
D’où tombe un feu non artificiel,
Et point besoin d’échelle,
Pour voir les vives étincelles.
Dans le couloir du terrorisme,
Il n’y a d’abris que l’ombre de la misère et du malheur.
C’est constamment l’écho de l’horreur.
Ici tout espoir devient vite éphémère,
Car chaque soleil se lève avec son lot de frayeurs.
Dans le regard évaporé de l’enfant qui pleure,
On lit l’impuissance d’un père en colère,
La stupeur d’une mère sans repère,
Et la calamité d’une communauté dépossédée de ses biens et terres.
Ici règne lesdits hommes armés non identifiés et sans coeur,
Ici il n’y a plus de vie, c’est la loi des princes de la terreur.
Heureux ceux qui vivent loin de ces démoniaques de l’enfer.
Le couloir du terrorisme,
Hier j’ai pu le fuir, pour chercher refuge bien plus loin,
Hier j’ai quitté le Nord et l’Est pour un tout autre point,
Dieu merci j’ai pu atteindre un coin bien plus gai.
Ça semblait même être un jour où l’on s’égaie.
Ça buvait et ça mangeait,
Ça chantait et ça dansait,
Tout dans cette ville semblait normale.
Voilà pourquoi j’ai été surpris quand on m’a dit bienvenue à la capitale,
Non, c’est incroyable, le parallèle est si abyssal.
Mais à la télé, j’ai vu effectivement,
Que j’étais bel et bien au pays jusqu’à présent.
J’ai suivi le discours du même président,
Et malgré l’interminable sinistre,
Nous avons écouté le même conseil des mêmes ministres.
La communauté Internationale est aussi venue parler dans le même registre.
Soit… ! moi je ne suis qu’un chanceux encore debout,
Je suis le messager de Solhan, Nassoumbou, Djibo, Kompiembiga et de Boungou,
Je suis le messager de Dablo, Titao, Arbinda, Koutougou et de Yirgou,
Je suis le messager de toutes les localités meurtries de tout temps.
J’ai une lettre pour nos dirigeants,
Une missive écrite à l’encre du sang des innocents,
Et enveloppée de l’amertume des milliers de veuves et orphelins,
Qui se demandent : à quand la fin?
Ma voix d’affamé ne peut se faire bien entendre,
Alors chers compatriotes, aidez-moi à me faire comprendre.
Du couloir du terrorisme, voici l’unique doléance :
« Chers occupants du couloir de la présidence,
Secourez-nous de ce mouroir de toute urgence.»
Auteur : Aziz Roger OUEDRAOGO,
Ingénieur de technologies d’Information à Albany New York
oazizroger@gmail.com