Pérennisation de la tradition : les forgerons de Saabin chez le Mogho Naaba

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RITE-TRADITIONNEL

Les forgerons de Saabin, dans la commune rurale de Saaba, entendent raviver les flammes des valeurs traditionnelles et ancestrales. Pour ce faire, ils étaient nombreux chez l’empereur des mossé le Mogho Naaba Baongo, ce mardi 29 juin 2021 à Ouagadougou, à l’occasion de la tenue de leur cérémonie rituelle dénommée le rite du bois mort 6ème édition.

PRATIQUES-COUTUMIERES
Des enfants et des femmes qui portent des fagots de bois morts

La cour du Mogho Naaba Baongo a une fois de plus vibré au rythme des valeurs traditionnelles. En effet, les forgerons de Saabin, dans la commune rurale de Saaba, ont effectué le déplacement pour la célébration du rite du bois mort 6ème édition, dont ils sont les seuls habilités à l’organisation. Ainsi, constitués de jeunes, d’enfants, de femmes et de vielles personnes, et dans une ambiance électrique que les forgerons de Saabin sont allés accomplir leurs devoirs, en tant que garants de la tradition, chez le Mogho Naaba.

NAABA-ABGA
Le Naaba Abga, chef des forgerons de Saabin

De façon concrète, la cérémonie du jour a consisté à apporter une charretée de bois mort à sa majesté le Mogho Naaba Baongo, afin qu’il l’utilise à des fins purement traditionnelles. Selon le Naaba Abga, chef des forgerons de Saabin, le bois mort du nom de « Noèka » en langue mooré, servira à entretenir le foyer de feu allumé qui ne s’éteint jamais chez le Mogho Naaba.  Pour lui, seuls les forgerons dont ceux de Saabin, sont commis à cette obligation traditionnelle, qui s’accomplit tous les trois ans. « Il s’agit d’un rite traditionnel que nous avons hérité des ancêtres et nous n’avons pas voulu déroger à la règle. A travers cette célébration, nous voulons également inculquer les valeurs traditionnelles à nos enfants, pour la pérennisation de notre identité culturelle », a fait savoir le Naaba Abga.

RITE-TRADITIONNEL
Des fagots de bois morts remis au Baloum Naaba

Avant d’arriver chez le Mogho  Naaba, les forgerons  ont tout d’abord fait escale chez le Baloum Naaba Tanga II, comme l’exige la tradition. Là, des fagots de bois ont été remis en guise de salutations. Selon le Baloum Naaba, la délégation avait l’obligation de passer chez lui avant de poursuivre le chemin.  C’est donc après cette étape que les forgerons ont été accompagnés par le Baloum Naaba, chez sa majesté le Mogho Naaba.

Quant au Mogho Naaba, empereur des mossé, il a exprimé toute sa satisfaction pour la grande mobilisation de la population de saaba, pour la célébration de cet évènement. Il a fait une mention spéciale à la jeunesse pour sa forte participation.  Pour lui, cela montre que la relève sera assurée. Sa majesté demande donc aux jeunes de cultiver en eux les valeurs morales et sociales (le pardon, la tolérance, le respect, l’amour du prochain), qui sont indispensables pour le bon vivre ensemble.

Retour sur l’historique de la cérémonie

PHILIPPE-SAWADOGO
Philippe Sawadogo, président du comité d’organisation de l’évènement

Selon Philippe Sawadogo, président du comité d’organisation, le rite du bois mort a un sens profond qui remonte à une époque très ancienne, celle de Naaba Niandfo.  « Tout est parti d’un phénomène selon lequel un monstre venait à chaque fois dévorer les sujets de sa majesté le Mogho Naaba.  Ainsi, sous conseils de ses sages, il a demandé les services des forgerons pour l’aider à neutraliser le monstre, qui ont pu le faire avec succès. La symbolique est que c’est à travers un feu de bois que les forgerons ont réussi à anéantir le monstre. C’est pourquoi il est de coutume que les forgerons apportent du bois mort au Mogho Naaba, pour entretenir le foyer afin d’éviter qu’un phénomène pareil ne se reproduise », a-t-il expliqué.

Michel CABORE

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