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Dans les entrailles de la présidence taïwanaise, des calligraphes écrivent avec le plus grand soin des messages au nom des dirigeants de l’île, histoire de faire vivre un art traditionnel.
A Taïwan, le président comme le vice-président nomment un scribe personnel qui rédige toutes sortes de choses, de la brève note au vaste parchemin, transmettant aux habitants des messages de félicitation ou de condoléances.
Yang Shu-wan, 59 ans, est la calligraphe de la présidente Tsai Ing-wen, arrivée au pouvoir en 2016.
Dans son atelier, des vastes feuilles de papier blanc ou rouge, décorées de frais de caractères traditionnels chinois à l’encre noire, sèchent sur des étendoirs en métal.
« Le style des caractères doit traduire la personnalité et je veux montrer le côté franc et sans prétention de la présidente », dit Mme Yang à l’AFP.
Elle raconte l’avoir rencontrée à de multiple reprises et lui avoir parlé peu après sa prise de fonctions. Mme Tsai avait alors loué la beauté de son écriture.
« Je crois aussi qu’elle présente bien et je veux montrer cet aspect-là au travers de la calligraphie, à l’aide d’une écriture pleine d’esprit et de vivacité ».
– Amie des animaux –
Les pinceaux de Mme Yang sont fins ou épais, ce qui lui permet de tracer des traits élégants comme audacieux sur le papier étalé sur son vaste bureau en bois. Elle travaille avec une grande concentration.
A compter de l’âge de 80 ans, les Taïwanais peuvent demander à recevoir des messages pour célébrer les anniversaires. Ils peuvent aussi en recevoir à partir du 50ème anniversaire de mariage et pour le décès d’être chers âgés de 70 ans et plus.
Les temples et les écoles réclament aussi ces hommages calligraphiés à l’occasion d’anniversaires ou de réalisations.
La présidence a envoyé plus de 11.000 messages l’année dernière, tous gratuits.
Comme la plupart des étudiants taïwanais, Mme Yang s’est exercée à la calligraphie quand elle était à l’école. Voici 20 ans, elle s’est lancée sérieusement dans cet art, quand elle s’est retrouvée mère au foyer.
A force de s’exercer chaque jours plusieurs heures, elle commença à gagner des compétitions et à enseigner la calligraphie.
Mme Yang explique que son message présidentiel le plus marquant fut un hommage à un golden retriever appelée Cherry, qui faisait la tournée des écoles pour promouvoir la protection des animaux avant de mourir de maladie. Mme Tsai est une amoureuse des animaux.
– Karma –
Son travail, explique la scribe, lui donne un équilibre et un calme intérieurs, lui permet d’accumuler un bon karma.
« J’écris des condoléances pour quelqu’un qui est décédé à l’âge de 112 ans et je félicite les gens pour leurs 50 ans de mariage. J’en suis venue à me rendre compte que rien n’est acquis dans la vie et qu’il faut chérir chaque instant ».
A ses yeux, l’art de la calligraphie est l’un des atouts culturels les plus importants de Taïwan. Elle l’enseigne à des élèves parfois âgés de cinq ans.
Susan Huang, la calligraphe officielle du vice-président Chen Chien-jen, renchérit. Elle aussi pense que cet art permet d’apprendre la patience et la persistance aux enfants.
Cet enseignante de mathématiques à la retraite âgée de 72 ans a rencontré M. Chen à l’église catholique qu’ils fréquentent tous deux.
Ses caractères sont « équilibrés et calmes », illustrant la douceur de la nature de M. Chen, assure-t-elle. Elle dessine ses messages comme s’ils étaient destinés à sa propre famille.
Elle se voit comme un pont entre le gouvernement et le peuple. « Cela me donne un grand sentiment de satisfaction. J’espère que quand les gens reçoivent mes messages, ils sont contents et se sentent réconfortés ».