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« Si nous continuons ainsi, oui, la sixième extinction, la première causée par les humains, va se poursuivre! », a averti Robert Watson, président de la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) qui réunit ces spécialistes à Medellin, en Colombie.
« La bonne nouvelle, c’est (…) qu’il n’est pas trop tard », a toutefois déclaré M. Watson à l’AFP, à la veille du lancement de quatre énormes rapports de l’IPBES portant sur les Amériques, l’Afrique, l’Asie-Pacifique et l’Europe-Asie centrale.
Durant trois ans, quelque 600 chercheurs ont travaillé bénévolement sur ces évaluations régionales, qui synthétisent les données d’environ 10.000 publications scientifiques.
Le résultat final couvre la totalité de la Terre, hormis les eaux internationales des océans et l’Antarctique.
Ces rapports suggèrent aussi des pistes pour minimiser l’impact des activités humaines sur l’environnement.
– 750 scientifiques et décideurs –
« La conférence de l’IPBES va nous dire que la situation continue à se détériorer », a précisé le directeur général du WWF, Marco Lambertini, jeudi à l’AFP, en estimant que les experts allaient souligner « l’importance de protéger la Nature pour notre propre bien ».
Avant cette VIe session, l’IPBES a d’ores et déjà averti que la Terre est confrontée à une « extinction massive » d’espèces, la première depuis la disparition des dinosaures il y a environ 65 millions d’années et la sixième en 500 millions d’années.
Deux espèces de vertébrés ont ainsi disparu en moyenne chaque année depuis un siècle. Une autre est sur le point de disparaître avec la mort récente de Sudan, célèbre rhinocéros blanc du Kenya et dernier mâle de son espèce, décimée par le braconnage et dont il ne reste que deux femelles.
Toute cette semaine, plus de 750 scientifiques et décideurs de 116 pays membres de l’IPBES (qui en compte désormais 129, l’Arménie ayant adhéré durant la réunion) ont rédigé une synthèse de chacun des quatre rapports, destinées aussi à orienter les dirigeants en matière de protection de la biodiversité.
Chaque mot de ces textes longs d’une trentaine de pages a été négocié lors de débats à huis clos dans un grand hôtel de Medellin, deuxième ville de Colombie.
Allant des transports à l’éducation, en passant par l’agriculture, ces « résumés » ne sont pas contraignants. Ce sont des « suggestions », a toutefois précisé à l’AFP la secrétaire exécutive de l’IPBES, Anne Larigauderie.
– Un cinquième rapport lundi –
Selon le WWF, entre un quart et la moitié des espèces de 33 régions du monde parmi les plus riches en biodiversité pourraient être menacées d’ici 2080 par le dérèglement du climat.
« La biodiversité et le changement climatique sont les deux faces de la même pièce de la crise écologique à laquelle nous sommes confrontés », a souligné M. Lambertini.
Lundi, l’IPBES lancera un cinquième rapport, le premier du genre sur l’état des sols du monde, de plus en plus dégradés par la pollution, la déforestation, l’exploitation minière et des pratiques agricoles non durables qui les appauvrissent.
Les déléguées de l’IPBES se retrouvent dans un pays qui compte plus de 56.300 espèces de plantes et d’animaux, soit le plus bio-divers de la planète après le Brésil qui est huit fois plus grand.
En inaugurant cette réunion au sommet le 17 mars, le président colombien Juan Manuel Santos avait souligné que « ce qui arrive à l’un arrive à tous. »
« Si nous en sommes conscients, nous pourrons être plus responsables en matière de protection de l’environnement et de préservation de la paix », avait déclaré M. Santos, dont le pays émerge peu à peu de plus d’un demi-siècle de conflit armé.