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FasoPiC (FP) : Monsieur le président comment se porte votre parti, ARDI ?
Ousmane Danfodio Diallo (ODO) : Notre parti se porte très bien se référant à notre deuxième congrès ordinaire qui s’est tenu le 25 novembre 2017, nous avons fait le toilettage de nos textes fondateurs, nous avons mis en place un bureau politique national et nous avons élaboré également un programme d’activités. Les activités en question se tiennent chaque dernier week end du mois et nous formons nos militants qui auront à travers ces formations les agrégats du communisme libéral pour échanger avec d’autres militants et agrandir l’effectif des communistes libéraux au Burkina Faso. Je rappelle que les formations ne se résument pas seulement à Ouagadougou, mais aussi à Banfora, à Koudougou, Ouahigouya et Fada. Dans chacune des régions nous allons former 100 jeunes en leur donnant les agrégats de notre paradigme.
FP : Dans combien de provinces peut-on retrouver les bases du parti de l’or ?
ODO : Actuellement nous sommes présents dans huit régions du Burkina Faso.
FP : ARDI est-elle un parti de la majorité ou de l’opposition ?
ODO : Pour répondre à cette question je dirai que si l’opposition s’oppose à l’incivisme, elle s’oppose à l’insécurité, à la pauvreté, au non développement, alors nous sommes de l’opposition. De même, si la majorité combat l’insécurité, combat l’incivisme, met en place des structures pour une bonne gouvernance et se bat pour la prospérité de tous les Burkinabè ; alors nous sommes de la majorité. Je veux dire simplement que le combat que nous menons est un combat pour plus de prospérité, plus de stabilité, plus de paix, plus de développement pour notre chère patrie. C’est pourquoi d’ailleurs nous avons trouvé notre voix qui est celle du communisme libéral. Nous faisons la synthèse de la droite et de la gauche en vue d’un dépassement. (…)
FP : Il y a quelques mois de cela vous avez été reconduit à la tête du parti comme président. Quel sera votre apport pour un meilleur positionnement du parti de l’or bleu ?
ODO : Je vous confie que nous ne sommes pas un parti électoraliste. Je vous rappelle qu’il y a des partis de masses, des partis électoralistes c’est-à-dire qui visent uniquement que des élections. Nous, nous sommes je dirai un vrai parti politique qui s’organise dans la durée ; et non un conglomérat qui veut juste gagner des élections par des techniques « blizzards ». Comme je le disais un peu plus haut, nous sommes actuellement présents dans huit régions avec des coordonnateurs. Nous sommes également en train de former 100 jeunes dont l’âge est compris entre 20 et 30 ans, pour qu’ils s’approprient de notre vision sur chaque secteur, de sorte que quand on leur posera des questions, qu’ils puissent répondre : « nous communistes libéraux, voilà notre vision ». Il appartiendra maintenant aux électeurs de décider et si ce n’est pas du clientélisme, si ce sont des électeurs qui votent des programmes, ils feront le bon choix. Si d’aventure nous ne sommes pas élus, cela veut dire que nous n’avons pas convaincu ; et je peux vous assurez que nous avons notre chemin que nous allons suivre pour que même si c’est dans 20 ans ou 30 ans, que ARDI parvienne au pouvoir. L’histoire a montré que de grands présidents tels que François Mitterrand, jacques Chirac, Abdoulaye Wade, etc., se sont battus dans la durée pour parvenir au pouvoir. (…)
FP : Dans vos explications, vous avez insistez sur le mot duré. Que doit-on comprendre par-là ? Voulez-vous nous dire qu’actuellement ARDI n’est pas prête pour la conquête du pouvoir d’Etat ?
ODO : Ce n’est pas ce que je veux dire. Je vous rappelle que nous nous sommes déjà présentés aux élections législatives comme municipales. C’est seulement à la présidentielle qu’on ne s’est pas encore présenté. Personnellement j’ai été conseiller municipal dans la commune de Ziniaré, actuellement, nous avons des conseillers à Manga, à Kaya, à Ziniaré, etc. Seulement à un moment donné, nous nous sommes rendu compte qu’il ne fallait pas laisser nos militants se reposer, mais vraiment travailler. Je dirai simplement que la dizaine d’années passée, nous étions en train de poser nos marques. Vous n’êtes pas sans savoir que pour la réussite de toute activité humaine, il faut de l’expérience. Nous, nous l’avons déjà (…).
FP : Vous parlez d’expérience mais on se rend compte que le parti de l’or bleu qui existe il y a 10 ans de cela, ne compte même pas un seul député à l’hémicycle vous ne pensez pas qu’il y a un problème quelque part ?
ODO : J’avais dit que ARDI n’est pas un parti électoraliste. Je veux dire par là que nous ne visons pas seulement que les élections. Nous voulons également former les citoyens burkinabè, pour qu’ils comprennent qu’est-ce que la politique ? Qu’est-ce qu’un parti politique ? Qu’elle vision faut-il pour notre pays ? Comment faut-il faire les analyses, etc. Nous sommes dans une dynamique de formation. Vous voyez ce qui s’est passé à Saponné, à KarangassoVigué, etc., ces évènements montrentle niveau faible de formation politique. Je pense que les partis politiques n’ont pas suffisamment formé les citoyens burkinabè à l’exercice des affaires politiques. Nous, nous nous sommes attelés à cela durant 10 ans, nous avons de l’expérience et c’est maintenant que nous allons la mettre au service des citoyens burkinabè. C’est à partir de notre congrès de 2017 que nous avons pris véritablement l’engagement de former nos militants parce qu’ils ne sont plus exposés et après cela, nous pensons que si élection il y a, vous verrez les résultats.
FP : Parlant des élections, quelles sont vos ambitions pour 2020 ?
ODO : Une certitude, nous allons nous présenter aux prochaines élections législatives et municipales. Pour ce qui est de la présidentielle, tout dépendra du résultat de notre plan d’action. En fonction de l’évaluation qui sera faite, nous sauront si nous irons à la présidentielle ou pas ; ou si nous allons soutenir un candidat ou pas. Une fois encore, c’est l’évaluation des formations qui déterminera notre prise de position.
FP : Au Burkina Faso, il y a plus d’une centaine de partis politiques ; et chaque parti propose une idéologie qu’il estime être la meilleure. Quels sont vos arguments pouvant convaincre les Burkinabè de vous faire confiance ?
ODO : Il y a une centaine de partis au Burkina Faso comme vous le dites, mais je pense qu’il y a tout au plus cinq idéologies. Il y a le communisme libéral que nous représentons, il y a les sociaux-démocrates représentés par le MPP, le CDP et leurs satellites, il y a le courant sankariste, il y a le tiercérisme de Laurent Bado et Tahirou Barry, le social libéral de Zéphirin Diabré. Il y a donc une centaine de partis pour cinq paradigmes. Cela ne pose donc pas de problème. Il faut permettre aux citoyens d’opérer un choix, et non limiter leur choix. Je pense que pour un pays de 18 millions d’habitants, cinq paradigmes ce n’est pas trop.
FP : Dans l’univers politique, ARDI serait en réalité un parti satellite du MPP, pensent certains et pour d’autres, un parti satellite du CDP c’est-à-dire un parti créé et financé par l’un de ces deuxpartis. Votre commentaire ?
ODO : Je ne pense que le MPP puisse créer ARDI, car nous nous avons plus de 10 ans d’existence alors que le parti au pouvoir est créé il y a trois voire quatre ans de cela. Notre parti est plus âgé que le MPP. Le CDP non plus, ne peut pas avoir créé le parti de l’or bleu. Je vous confirme que ARDI a été créé par 10 intellectuels qui sont engagés. Au départ nous étions 10 et le problème que nous voulions résoudre, est celui d’accès à l’eau potable. Pour tous ceux qui connaissent ARDI, ils savent que dans tous nos meetings, dans tous nos débats, nous avons dit que l’accès à l’eau potable était la solution pour développer notre pays. C’était donc pour résoudre cette équation que 10 intellectuels se sont rencontrés pour créer ARDI. Nous sommes indépendants, nous n’avons rencontré aucun leader politique lors de la création du parti. Vous pouvez vous renseigner dans la sphère politique, vous ne verrez pas celui-là qui dira que nous sommes venus vers lui pour X ou Y.
FP : Pourtant vous avez soutenu la candidature de Blaise Compaoré de par le passé ?
ODO : Bien sûr que nous avons soutenu à l’époque la candidature de Blaise Compaoré. C’est tout simplement parce qu’il avait le meilleur programme du point de vue de notre partie. Je vous rappelle que nous n’avons pas connu Blaise Compaoré dans les années 87, mais dans les années 2005. Aussi pour avoir soutenu sa candidature, nous n’avons pas marchandé avec lui. Je vous rappelle également en 2012 au cours de l’émission « Surface vérité » à laquelle j’ai été invité, que nous n’allons plus soutenir Blaise Compaoré s’il veut se présenter de nouveau car nous, nous sommes pour l’alternance.
Je vous confirme par la même occasion que même Roch Marc Christian Kaboré, nous avons demandé à voter pour lui pour la simple raison que dans son programme politique il y a « zéro corvée eau potable ». Nous notre parti est créé effectivement pour résoudre l’équation de l’eau potable ; c’est ainsi que nous avons appelé à voter Roch Marc Christian Kaboré, mais nous ne sommes pas allés à la mouvance présidentielle (…). C’est dire que nous ne sommes ni créés par le CDP qui est un parti âgé, ni par le MPP qui est un jeune parti. Personnellement je suis conseillerdes affaires étrangères, j’ai un bureau d’étude, j’ai une unité de transformation de produits laitiers, donc je ne suis pas le dernier des Burkinabè qu’on peut manipuler.
FP : Vous avez appelé à voter Roch Marc Christian Kaboré en 2015 parce que dans son programme, il a promis résoudre le problème d’eau. L’on se rend compte aujourd’hui qu’après plus de deux années d’exercice du pouvoir d’Etat, le problème persiste. Allez-vous le soutenir en 2020, s’il se présente de nouveau pour briguer un second mandat ?
ODO : Ce que vous devez savoir, rien n’exclut ARDI de présenter un candidat en 2020. Je vous ai dit que nous sommes en train de former par province au moins 100 jeunes communistes libéraux par région. A la fin de la formation, nous allons faire une évaluation ; et en fonction de ladite évaluation il se peut que le parti de l’or bleu présente un candidat. Nous avons travaillé pendant 10 ans où nous avons acquis beaucoup d’expériences, nous avons beaucoup appris et nous pensons que nous pouvons prétendre à la magistrature suprême. Cependant, si en 2020, nous ne présentons pas un candidat, nous allons écouter les différents discours avant de nous prononcer. Sachez que nous nous ne soutenons pas un individu, mais le programme du candidat (…)
FP : Cela fait plus deux ans déjà que Roch Marc Christian Kaboré a accédé au pouvoir.La situation du paysn’évolue pas positivement. Qu’en dites-vous ?
ODO : Nous avons tous vu que Roch Marc Christian Kaboré a été noté par le présimètre et il a obtenu une note de 4 et poussière. Cela montre effectivement qu’il y a des difficultés, qu’il n’y a pas satisfaction sinon il devrait avoir plus que ça. Cependant, je crois qu’il peut peut-être rebondir en cherchant à réduire déjà le train de vie du gouvernement ; pour montrer aux citoyens burkinabè qu’en réalité ils sont aussi conscients des réalités burkinabè.
FP : Vous venez de le dire, la satisfaction n’y est pas et certains pensent que le président n’est pas à la hauteur et qu’il ne doit plus se présenter en 2020, Si vous étiez à sa place quelle attitude vous auriez adopté ?
ODO : Roch Marc Christian Kaboré est un Burkinabè comme tout autre Burkinabè. Il a les mêmes droits que tous les autres partagent. En 2020, il aura fait un mandat donc il a la possibilité de se présenter de nouveau, rien ne le contraint. Maintenant, il a appartient aux citoyens burkinabè de lui accorder de nouveau leur confiance ou pas ; sinon il a le droit.Je pense que Roch a un programme politique qui a séduit le peuple burkinabè c’est pourquoi ce dernier l’a porté au pouvoir. Si j’étais à sa place, j’avance. N’oubliez pas non plus que c’est en franchissant les obstacles qu’on découvre, qu’on avance. On en peut pas s’arrêter parce qu’il y a un obstacle. On ne s’engage pas en politique et croire qu’on est dans une église. Forcément ceux qui cherchent le pouvoir vont se battre, ils vont souvent chercher à vous mettre le bâton dans les roues ; cependant, celui qui a le pouvoir a le devoir de franchir tous les obstacles qui se dresseront devant lui.
FP : Pensez-vous que les Burkinabè sont trop exigeants envers le président du Faso ?
ODO : Je ne pense pas ça. Les citoyens burkinabè ne sont pas exigeants. S’ils l’étaient, on devrait vivre un tout autre scénario. Sincèrement je ne pense pas.
FP : Certains n’hésitent pas à accuser l’ancien parti au pouvoir (le CDP) d’être derrière la grogne sociale. Quelle est votre opinion entant leader politique?
ODO : Je pense que ces genres de réflexions mettent le Burkina Faso en retard. Ces genres de réflexion créés de conflits inutiles entre les Burkinabè.
Merci
Thierry KABORE (collaborateur)