[responsivevoice_button voice= »French Female » buttontext= »Ecouter l’article »]
Depuis sa luxueuse propriété de Mar-a-Lago, en Floride, où il accueillait le Premier ministre japonais Shinzo Abe, le président américain a parlé de « cinq lieux » possibles pour ce tête-à-tête historique qui aura lieu « début juin ou avant, si tout se passe bien ».
Evoquant les préparatifs en cours, M. Trump a fait preuve d’un certain optimisme.
« Ils nous respectent. Nous les respectons. L’heure est venue de parler, de résoudre les problèmes », a-t-il lancé. « Il y a une véritable chance de résoudre un problème mondial. Ce n’est pas un problème pour les Etats-Unis, le Japon ou un autre pays, c’est un problème pour le monde », a-t-il martelé.
Interrogé peu après sur la possibilité que la rencontre ait lieu aux Etats-Unis, il a répondu « non », sans autres précisions.
M. Trump a par ailleurs affirmé être résolument favorable aux discussions entre les deux Corées.
« Ils ont ma bénédiction pour discuter de la fin de la guerre. Les gens ne réalisent pas que la guerre de Corée n’est pas terminée », a-t-il expliqué.
Le sommet du 27 avril entre Kim Jong Un et le président sud-coréen Moon Jae-in pourrait être l’occasion d’évoquer la rédaction d’un traité de paix pour remplacer l’armistice qui a mis fin aux hostilités sur la péninsule à l’issue de la guerre (1950-53).
Le locataire de la Maison Blanche a aussi remercié son homologue chinois Xi Jinping pour son rôle sur ce dossier, saluant en particulier sa « fermeté » sur la question des échanges de marchandise avec Pyongyang.
Insistant sur ses excellentes relations avec Shinzo Abe – « Nous nous parlons tout le temps » – M. Trump a promis à ce dernier d’aborder, lors des négociations avec Pyongyang, la question des ressortissants japonais enlevés par la Corée du Nord dans les années 1970 et 1980.
Cette question, très sensible sur l’archipel, est régulièrement mise en avant comme une priorité par le gouvernement japonais.
– Le « courage » de Trump –
A plusieurs reprises, M. Abe a loué la « détermination inébranlable » et le « courage » de M. Trump sur le dossier nord-coréen, louant une fermeté qui a abouti, selon ses termes, à « un changement majeur » dans l’attitude de Pyongyang.
Avec cette visite, Shinzo Abe, en difficulté dans son pays, tentera d’abord de se repositionner au coeur du jeu nord-coréen.
« Le Japon veut sa place à la table au lieu d’assister en spectateur à une série de rencontres de Kim avec les dirigeants chinois Xi Jinping, sud-coréen Moon Jae-in et américain Donald Trump », souligne Mireya Solis, de la Brookings Institution à Washington.
Les deux dirigeants devaient s’exprimer lors d’une conférence de presse commune mercredi soir, à l’issue de leur deuxième journée de discussions mercredi qui devrait débuter par une partie de golf.
Sur la question du commerce, le tête-à-tête pourrait cependant s’avérer plus délicat.
Après la décision de mettre en place des tarifs douaniers sur l’acier et l’aluminium, M. Trump a accepté des exemptions pour les principaux alliés des Etats-Unis… à l’exception du Japon.
Pour Abe, qui avait fait dès le début le pari d’une forme de complicité avec ce président atypique qu’il fut le premier à aller saluer dans la Trump Tower après son élection, la pilule est amère.
Il devrait s’employer à souligner la nécessité d’unité, de front commun Japon-Etats-Unis-UE pour contrer les pratiques jugées déloyales de Pékin.
Peu avant la rencontre, la Maison Blanche a par ailleurs jeté un froid sur la possibilité que les Etats-Unis rejoignent le nouvel accord de libre-échange transpacifique alors que M. Trump s’était retiré du traité initial (TPP) à son arrivée au pouvoir.
« Il y a des discussions mais rien de concret, il est beaucoup trop tôt pour se prononcer », a lancé Larry Kudlow, conseiller économique de M. Trump, réaffirmant la conviction de ce dernier que des « accords bilatéraux » étaient préférables à des accords multilatéraux.
Ce deuxième tête-à-tête en Floride intervient au moment où les deux hommes, à la cote de popularité en berne, sont en difficulté dans leur pays respectif.
Donald Trump traverse un période particulièrement délicate, de la menaçante enquête visant son avocat personnel Michael Cohen à l’intense campagne médiatique de James Comey, l’ex-patron du FBI, qui estime que le septuagénaire est « moralement inapte » à diriger le pays.