Macron, dos au tableau

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French Economy and Industry minister Emmanuel Macron is pictured during a press conference following a meeting amid a crisis in France's agricultural sector in Paris on February 8, 2016. French farmers have carried out a string of demonstrations for nearly two weeks against the falling prices of their products, demanding structural measures to strengthen price rates. / AFP / PATRICK KOVARIK (Photo credit should read PATRICK KOVARIK/AFP/Getty Images)

Le plus jeune président Français, 39 ans, diplômé de sciences Po et titulaire d’une maîtrise de philosophie sur Machiavel reprendra le chemin des amphis dans la capitale burkinabè pour dessiner devant des étudiants les grandes lignes de la politique française en Afrique. Rassemblés dans le temple du savoir de l’université Pr Joseph Ki Zerbo Ouaga I, nos étudiants, futurs dirigeants du pays seront à l’école de l’Enarque.

Comment ce jeunot considéré comme un novice en politique a pu damer le pion aux prétendants plus expérimentés ? Ministre de l’Economie, de l’Industrie et du Numé­rique sous la présidence Hollande, Emmanuel Macron annonçait sa démis­sion du gouver­ne­ment le 30 août 2016 pour se porter offi­ciel­le­ment candi­dat à l’élec­tion prési­den­tielle de mai 2017 qu’il a remporté  avec plus de 66% des suffrages.

Macron qualifie ‘’ l’Afrique de continent d’avenir’’ et c’est probablement pour saluer le militantisme et l’engagement de cette jeunesse intrépide du Burkina qu’il a choisi la destination Ouagadougou. Dans son agenda, le président Macron a choisi aussi de rencontrer une délégation de la société civile, acteur majeur des changements opérés au Burkina. Un Conseil Présidentiel pour l’Afrique (CPA) a été créé récemment par Macron. C’est un organe constitué de plusieurs « personnalités engagées et issues de la société civile et destiné à promouvoir les échanges entre la France et l’Afrique ».

La  Jeunesse burkinabè a émerveillé le monde entier en se dressant par une insurrection historique contre la dictature du président Compaoré qu’elle a contraint en exil.  La France a même participé à l’exfiltration du président déchu vers le pays de ses beaux-parents. C’est cette même jeunesse, mains nues qui dans une résistance héroïque a envoyé paître les putschistes du longiligne et généralisme Dienderé en septembre 2015 qui tentaient de restaurer l’ancien régime.

Dans le Burkina post insurrectionnel, cette jeunesse fer de lance d’une lutte d’où elle est sortie victorieuse, veille toujours au grain comme une sentinelle sur les acquis démocratiques. Elle n’hésite pas à exprimer son indignation face à l’injustice et à donner du fil à retordre aux dirigeants.

La France est perçue par cette jeunesse africaine comme le colonisateur, la puissance impérialiste qui ne lâche pas sa proie. Les jeunes africains ont du mal à comprendre le jeu trouble de la France sur le continent noir. Une France qui n’est pas exempte de reproches pour son implication dans l’instabilité en côte d’ivoire, en Libye, au Mali…

Alors, face à cette jeunesse consciente et décomplexée, le locataire de l’Elysée doit éviter les analyses simplifiées et les déclarations polémistes comme celle de son prédécesseur Sarkozy (prononcé en juillet 2007) à Dakar ou encore cette récente phrase gauche de Macron lui-même qui  s’exprimant sur le développement de l’Afrique lors du sommet du G20 à Hambourg (juillet 2017, dix ans après Dakar) a lâché : «  Quand des pays ont encore sept à huit enfants par femme, vous pouvez décider d’y dépenser des milliards d’euros, vous ne stabiliserez rien ».

Cette jeunesse n’attend donc pas du Président Macron des formules magiques ou des projets pour la sortir de la misère. La jeunesse burkinabè affiche clairement et simplement  son vœu de voir la France aller au-delà des effets d’annonces et lui extrader au Faso un colis vivant, celui de Francois Compaoré, frère de l’ancien président est inculpé d’« incitation à assassinat » dans l’affaire du journaliste Norbert Zongo tué en 1998. François Compaoré a été interpellé par la police française le 29 octobre dernier à l’aéroport de Paris mais Cour d’appel de Paris a décidé de son maintien en liberté.

C’est ça qui est ‘’En Marche’’ à Ouagadougou.

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