Burkina Faso : savoir rester dans les limites de l’acceptable pour ne pas toucher le fond

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Il y a une constance dans l’histoire de l’humanité : chaque siècle a ses profonds bouleversements sociopolitiques, connait ses catastrophes naturelles, ses cataclysmes, ses conflits, ses ruptures. Mais que nous réserve donc le 21ème siècle ? La question mérite bien d’être posée, au regard de l’instabilité croissante qui s’observe dans tous les domaines et sur tous les continents. Une chose est certaine : quelque chose de profond se prépare dans le monde en général et dans chaque pays en particulier.Tous les signaux montrent que la première moitié du 21ème siècle sera une période de grands bouleversements dans tous les domaines, une période de ruptures. Et les causes sont anthropiques. L’humain a des goûts de plus en plus démesurés pour l’argent, il devient chaque jour un peu plus paresseux mais arrogant et orgueilleux. Il développe sans borne une volonté de dominer l’autre, un nombrilisme inédit et un incivisme mortifère. Les mêmes comportements s’observent aussi bien à l’échelle des individus, des Etats qu’à celle mondiale.

Tenez, au Burkina Faso par exemple, il est perceptible que depuis 2011, ce pays a amorcé une phase de mutations profondes. Tous les comportements laissent percevoir qu’une autre révolution (et ce sera probablement notre salut) sera inévitable au pays des hommes intègres dans la première moitié de ce siècle, si une certaine instabilité ne vient pas créer le chaos, comme au Mali voisin, comme en Libye.

Le fossé entre riches et pauvres ne cesse de se creuser, l’iniquité dans le traitement des agents de l’Etat devient chaque jour insidieuse, la population commence à s’intéresser au traitement des travailleurs du public (chose tout à fait légitime et compréhensible). Tout le monde s’est inscrit à l’école des excès. Et l’on se demande si nous partageons les mêmes valeurs, si nous nous sentons vraiment tous burkinabè, amenés à vivre dans ce pays, à le défendre et à le développer. Chaque jour que Dieu fait, par nos calculs de tous genres et de tous bords, nous cultivons la haine et la division, nous réunissons les éléments d’une déflagration sociale inédite.Chacun de nous ne pense qu’à lui seul et non pas au pays sans lequel pourtant notre existence individuelle et collective n’aurait aucun sens.

En 2011, en 2014 et en 2015, pour ne prendre que ces périodes, nous avons échappé de justesse à un conflit interne, à la déstabilisation. La main de la divine providence a plané sur notre pays pour nous tirer du bourbier vers lequel nous nous dirigions. Mais visiblement, nous ne cessons de provoquer le destin par nos excès et nos calculs. Visiblement, tout est devenu politique, tant toutes nos actions tendent à affaiblir l’Etat et son autorité, à déstructurer nos structures sociales traditionnelles existantes. Même pendant qu’on enterre des soldats morts pour la patrie, même et bien que les terroristes nous frappent presqu’au quotidien, nous nous plaisons dans des actions d’étouffement de l’Etat et des populations.

Répétons-le. Si nous continuons avec ces excès, ou quelqu’un nous mettra un jour dans la douleur au pas, ou bonjour les dégâts. Personne n’aura un pays de repli et ceux qui se croient aujourd’hui puissants et capables de mettre les autorités et le pays à genoux se retrouveront dans le même sac que les autres, probablement plus en difficulté que les autres. Ils n’iront nulle part. Prenons garde pour ne pas nous mordre le doigt sous peu. L’arrogance a toujours été fatale aux individus comme aux peuples qui la chevauchent.

Il n’y a pas d’acquis à préserver dans l’iniquité ni au Burkina Faso, ni nulle part ailleurs. Nous apportons tous notre contribution dans la construction de ce pays et par conséquent, nous avons les mêmes mérites. Ou nous nous parlons donc pour consolider notre existence commune, ou nous nous complaisons dans nos appétits gloutons, dans l’orgueil et l’arrogance et l’histoire jugera sévèrement notre génération pour sa faillite devant le devoir de patriotisme qui s’impose à cette étape de la construction de notre pays. Pour avoir écarteler ce beau pays que nos devanciers ont toujours su préserver.

Il est utile et urgent de redéfinir le burkinabè, de le reformer, de le rééduquer même parce qu’il est évident que nous ne partageons pas les mêmes valeurs dans ce pays. Il faut dire qu’à l’échelle mondiale même, l’avenir est très inquiétant. Le monde, surtout les grandes puissances sont dirigées actuellement par une classe d’hommes politiques arrogants ou froids. Quand on sait qu’il est admis qu’en ce siècle naissant, la guerre est la troisième source de rentabilité après l’industrie pharmaceutique et l’industrie informatique, il y a de quoi avoir peur avec des gens comme Donald TRUMP et Benjamin NETANYAHOU au summum de leur puissance. Avec des hommes politiques de ce genre, qui rivalisent de suffisance et d’arrogance, qui excellent dans la persécution des autres, la première moitié du 21ème siècle risque fort de ressembler à la première moitié du 20ème siècle.

Déjà, il y a la guerre sur tous les continents excepté l’Europe, cette même Europe accusée à tort ou à raison d’être fauteur de trouble et vendeuse d’armes. Cette Europe soupçonnée avec son allié américain de semer la désolation en Afrique et dans le proche et moyen orient, de ‘‘foutre’’ la merde dans le monde arabo-musulman, de chercher la Russie et l’Iran. La guerre en Libye, en Syrie, au Mali, en Irak…sont des exemples illustratifs d’une volonté de provoquer la guerre pour vendre les armes partout dans le monde. Maintenant, les conditions sont en train d’être créées pour déclarer la guerre à l’Iran et à la Corée du Nord. NETANYAHOU exulte comme TRUMP.

Tout porte à croire que ceux-là vont déclarer la guerre à l’Iran ou à la Corée du Nord avant la fin de leurs mandats respectifs. Mais l’Iran n’est pas l’Irak et l’histoire nous enseigne qu’il est préférable de ne pas heurter les perses dont le pays est avec l’Afghanistan, l’autre tombeau des grands empires. Sans oublier qu’on ne sait pas ce que feront la Chine et la Russie si jamais leur sécurité et leurs intérêts se trouvent menacés quelque part dans le monde. On sait quand et où les problèmes commencent, mais on ne maitrise jamais leur évolution, encore moins l’océan de chaos qui va les accueillir.

L’humanité est au bord de l’explosion. C’est certain. L’espoir d’un monde de paix s’éloigne chaque jour un peu plus. Les individus comme les Etats créent des réseaux d’influence et d’exploitation de l’autre. Dans ce contexte, les Burkinabè gagneraient à se parler afin d’aplanir leurs divergences, de mettre un terme à l’iniquité et à l’impunité, à redéfinir les bases d’un nouvel vivre-ensemble qu’imposent les circonstances actuelles.

Il y a lieu de définir une stratégie susceptible de permettre aux burkinabè de se réapproprier la notion de patriotisme, de cultiver l’esprit patriotique. C’est de là que viendra notre unité, celle de nos énergies et nos perspectives.

C’est le pont d’accès à notre liberté véritable et à notre développement, la source intarissable des ressources nous permettant de faire face à l’hydre terroriste et au même agresseur dont les desseins ont seulement changé les moyens de se réaliser. Sinon, nous ne sommes pas loin de toucher le fond et tous les calculs que nous faisons actuellement seront un lointain souvenir. Restons donc dans les limites de l’acceptable pour ne pas…

BOUBACAR Elhadji
boubacar.elhadji@yahoo.fr

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