Conflit au Sahara occidental: l’UA met en place une troïka en lien avec l’ONU

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L’Union africaine s’est réunie à Nouakchott en Mauritanie pour son 31e sommet ces 1er et 2 juillet 2018. Plus d’une vingtaine de chefs d’Etat ont répondu présent. Absent de marque, le roi du Maroc Mohammed VI qui avait pourtant assuré de sa participation. Une absence d’autant plus remarquée que le temps fort de ce dernier jour de sommet est la publication d’un rapport sur la Sahara occidental.
Ce rapport sur le Sahara occidental était très attendu dans les couloirs du sommet de l’Union africaine à Nouakchott. Il faut rappeler que l’Union africaine est aujourd’hui la seule organisation dont sont membres les deux parties : la République arabe sahraouie démocratique (RASD) depuis 1982 alors que le royaume chérifien a fait son grand retour en 2017.
Dans son document remis ce dimanche aux délégations, le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, préconise de nommer une troïka composée du président en exercice de l’UA, de son prédécesseur et de son successeur. Un groupe de trois qui sera aussi épaulé par le président de la Commission de l’organisation. Un 3+1 qui sera donc, dans première version, composé du président rwandais Paul Kagame, ses homologues guinéen et égyptien, Alpha Condé et Abdel Fattah al-Sissi, ainsi que Moussa Faki Mahamat.
Ce mécanisme africain sera désormais l’interlocuteur des Nations unies. Toutes les décisions de la gestion de cette crise se feront depuis New York et non depuis Addis-Abeba. Il acte « la nécessité pour l’UA d’inscrire sa démarche dans le cadre d’un appui renforcé aux efforts des Nations unies » , comme il est écrit dans le rapport. Mais les quatre hommes auront la charge de présenter les avancées du dossier devant les chefs d’Etat de l’Union africaine lors des deux sommets annuels. « Cette démarche est une solution supplémentaire pour aider les deux parties », estime Smaïl Chergui, le commissaire à la Paix et à la sécurité de l’Union.
Deux camps, deux lectures
Après l’adoption de ces préconisations par l’organisation, les deux camps y ont été de leurs commentaires. Et il n’en font pas la même lecture. Pour le Maroc, le Conseil de paix et de sécurité de l’UA a, en quelque sorte, été « dessaisi » du dossier au profit de l’ONU. En effet, le CSP de l’UA ne devrait désormais plus avoir cette problématique à son ordre du jour.« C’est une évolution importante et palpable, pour le chef de diplomatie marocaine, Nasr Bourita. Tout ce qui se faisait à l’UA sur le Sahara pendant notre absence a été remis en cause. Désormais tout le monde sait à quel niveau se situe ce dossier ». Depuis son retour dans l’Union, le Maroc n’a de cesse de remettre en cause sa compétence dans ce dossier du Sahara occidental.
Du côté du Sahara occidental, les responsables ne font pas du tout la même analyse de ce rapport et estiment, au contraire, que l’Union africaine reprend l’initiative sur ce dossier. « C’est une élévation de la question du Sahara occidental au niveau des chefs d’Etat, estime Mohamed Salem Ould Salek, ministre des Affaires étrangères de la République arabe sahraouie démocratique (RASD). Il faut qu’il y ait une collaboration entre deux institutions, ONU et UA, mais sans l’UA aucun progrès ne peut être réalisé ». Et le responsable durcit le ton ajoutant que « le Maroc nage à contre-courant » de cette décision. « Il a voulu dessaisir l’Union africaine et il s’en est sorti avec un mécanisme africain ».

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