Affaire Naim Touré : L’activiste condamné à deux (02) mois de prison ferme

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Des trois chefs d’accusation dont il faisait l’objet, seul un a été maintenu contre Naim Touré. Il s’agit de l’accusation de troubles à l’ordre public non suivi d’effet. Les deux autres chefs d’accusation-complot contre la sureté de l’Etat, actes démoralisation des forces de défense et de sécurité -ayant été de fait retirés. C’est finalement une peine de deux (02) mois de prison ferme qui a été retenue contre l’activiste de 35 ans à la grande stupéfaction des militants des droits de l’homme et d’activistes auxquels nous avons tendu notre micro et qui tous parlent de recul démocratique.

 

 

Abdoul Kader Ouattara alias Almamy Kadji, artiste musicien engagé : « C’est le retour à la case départ »

 

« Pour moi, il ne s’agit rien de moins qu’un acharnement. Comme vous-même pouvez le constater, il y a des chefs d’accusation dont celui de démoralisation des forces de l’ordre ont été balayés parce qu’ils n’ont pas les éléments nécessaires. La condamnation n’a d’autre but que de contraindre d’autres personnes au silence. Comment peut-on emprisonner quelqu’un parce qu’il a plaidé pour la cause des gendarmes blessés lors des opérations alors qu’il y a des politiciens qui ont de par le passé dit qu’il faudrait accompagner un candidat avec des machettes et des coupe coupe ou d’autres tenir des kalachnikovs. Ce verdict est une façon de piétiner la liberté d’expression. Comme je l’ai d’ailleurs dit dans une de mes chansons, c’est le retour d’Ali Baba et les quarante malfrats. Ce n’est pas étonnant puisque ce sont les memes qui ont imposé des restrictions de libertés depuis les années 1990.Ils se disent qu’en tapant sur quelqu’un, ça va dissuader d’autres personnes de continuer la lutte mais ils se trompent. La justice a mieux à faire quand ont sait qu’il y a des dossiers de crimes de sang comme le dossier sur l’insurrection, du coup d’Etat manqué, etc. Et puis, il ne se passe un seul jour sans qu’on entende que 50, 100, 200 millions ont été détournés. Qu’es ce qu’on en fait ? »

 

Ali SANOU, Secrétaire Général du Mouvement Burkinabé des Droits de l’Homme et des Peuple(MBDHP) : « C’est une remise en cause de libertés démocratiques au Burkina Faso »

« Je le prends avec déception parce que ce verdict est une véritable remise en cause des libertés démocratiques dans notre pays. Et ce d’autant plus que dans toute démocratie dans tout Etat de droit, la liberté d’opinion et d’expression sont des préalables indispensables et fondamentaux pour améliorer et corriger l’action politique. Malheureusement avec ce verdict, ce sont ces libertés qui sont attaquées de plein fouet. Si l’objectif était de le condamné, il est condamné quels que soient les chefs d’accusation qui ont été retirés. Moi je retiens seulement que sur la base d’un post sur un réseau social, un jeune Burkinabé est condamné à deux mois ferme d’emprisonnement. C’est ce qui est inacceptable. La leçon à tirer de ce procès c’est que nous avons encore beaucoup de chemin à faire pour garantir les libertés individuelles et collectives au Burkina Faso .Et nous devrons nous mobiliser pour que ces libertés qui sont fondamentales ne soient plus jamais remises en cause ».

 

Salif NIGNAN, militant de l’Organisation Démocratique de la Jeunesse(ODJ): « On attendait mieux de la part d’un tribunal post-insurrectionnel »

« J’ai assisté au procès et j’ai vu les avocats de Naim étayer leurs arguments pour montrer que le dossier était vide et le ministère public qui avait de la peine à appuyer son accusation. C’est un recul démocratique très grave dans notre pays. Je ne vois pas en quoi le fait d’interpeller les uns et les autres à ouvrir l’œil peut être considérée comme une incitation à la révolte. Il devrait être relaxé tout simplement pour faits non constitués et c’est ce que nous attendions tous surtout de la part d’un tribunal post-insurrectionnel. Je suis vraiment déçu. Il faut que les Burkinabé sachent qu’aucun acquis n’est définitif. Alors que des gens se sont battus pour que les libertés deviennent effectives, on se rend compte que le Mouvement du Peuple pour Progrès(MPP) est en train de les remettre en cause. Pour moi, c’est le procès de la honte ».

Loura Soumana

 

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