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Certains des 12 enfants ont été sortis « endormis » sur des brancards des tréfonds de la grotte partiellement inondée en Thaïlande, au cours de la périlleuse opération de sauvetage dont le succès a provoqué la liesse dans le pays.
Les cinq derniers rescapés ont été extirpés mardi de la grotte de Tham Luang, dans le nord de la Thaïlande, où ils avaient été piégés le 23 juin par la montée des eaux. Une vidéo rendue publique par les autorités les montre apparaissant en bonne santé à l’hôpital où ils ont été admis.
L’opération, qualifiée de « mission impossible » par le chef de la cellule de crise, a parfaitement réussi et a laissé place mercredi à l’exultation dans le pays, où l’exclamation « Hooyah », héritée de la marine américaine et destinée à renforcer le moral, faisait florès sur les réseaux sociaux.
Les autorités thaïlandaises ont longtemps été peu disertes sur le déroulement de l’évacuation. Comment 12 garçons de 11 à 16 ans dont aucun ne pratique la plongée et certains ne savent pas nager ont-ils pu s’extraire d’une grotte aux étroits passages, ponctuée de boyaux inondés à la visibilité nulle?
Photo fournie par la Marine thaïlandaise le 11 juillet 2018 montrant le système mis en place pour lever le brancard et le sortir de la grotte inondée.
Un plongeur thaïlandais, à court d’air, est notamment mort au cours des préparatifs à l’évacuation.
Quelques premiers éléments de réponse ont été apportés par une vidéo rendue publique mercredi par les secouristes montrant des enfants sous sédatif, sortis de la grotte enveloppés dans des couvertures de survie dans un brancard souple, qui leur sert de cocon. Ils sont équipés d’une combinaison et d’un équipement de plongée.
La vidéo montre des secouristes thaïlandais et étrangers porter ou faire progresser un brancard soutenu par un système de cordages et de poulies. De multiples tuyaux en caoutchouc ou en plastique courent le long de boyaux étroits.
Le commandant Chaiyananta Peeranarong, ancien commando de marine thaïlandais, qui a pris part à l’évacuation des 12 enfants et de leur entraîneur de foot bloqués dans une cave inondée, lors d’un entretien avec l’AFP le 11 juillet 2018.
Certains des enfants sont en effet sortis « endormis », a affirmé à l’AFP un secouriste, ancien commando de marine thaïlandais, qui a participé à l’opération.
« Certains d’entre eux étaient endormis, d’autres remuaient les doigts, (comme s’ils) étaient groggy. Mais ils respiraient », a expliqué le commandant Chaiyananta Peeranarong, qui a été le dernier plongeur à sortir de la grotte.
Des médecins avaient été positionnés le long du parcours et vérifiaient leur état et leur pouls.
Thaïlande : opération de secours réussie
– Les pompes lâchent –
Le chef de la junte au pouvoir Prayut Chan-O-Cha avait affirmé mardi que les secouristes avaient donné un « tranquillisant léger » aux enfants pour éviter de paniquer mais qu’en aucun cas ils n’avaient été assommés de médicaments.
Pour cette opération, la Thaïlande a fait appel à des spécialistes étrangers pour appuyer ses propres plongeurs.
Photo tirée d’une vidéo rendue publique par les autorités thaïlandaises montrant les rescapés de la grotte à l’hôpital de Chiang Rai le 11 juillet 2018.
Treize plongeurs « de classe mondiale », dont l’Australien Richard « Harry » Harris, anesthésiste et plongeur, ont participé au sauvetage, a expliqué mercredi le chef de la cellule de crise Narongsak Osottanakorn, selon qui l’opération n’aurait pu avoir lieu sans ce médecin australien.
Les secouristes avaient repoussé l’évacuation, le temps de pomper l’eau, jusqu’à avoir un minimum de portions sous-marines à parcourir en plongée. Mais ils étaient sous la menace de nouvelles pluies.
Mardi, alors que les derniers secouristes sortaient de la grotte, des pompes ont fini par lâcher, rendant impraticable un passage où ils pouvaient auparavant marcher.
Des écoliers thaïlandais fêtent l’évacuation des jeunes gens bloqués 18 jours dans une grotte inonée, le 11 juillet 2018
« Si l’on ne pompait pas l’eau à cet endroit, on ne pouvait sortir qu’avec une bouteille d’oxygène », a confié l’ex-commando de marine. La vingtaine de secouristes qui restait à l’intérieur a juste eu le temps de sortir avant que ce passage soit submergé.
– « On lui chantera une chanson » –
Les 12 enfants et l’entraîneur, émaciés après deux semaines perchés sur un promontoire à quatre kilomètre de l’entrée de la grotte, récupèrent désormais à l’hôpital de Chiang Rai.
Thaïlande: les garçons pris en charge à l’hôpital
Dans la vidéo rendue publique par les autorités, les enfants, maintenus en quarantaine derrière une vitre, portent des masques sur le visage, font un signe de la tête et des mains en direction des personnes venues les voir.
S’ils s’en sont sortis, « c’est peut-être parce qu’ils étaient ensemble, comme une équipe, s’aidant les uns les autres », a estimé l’inspecteur général du ministère de la Santé Thongchai Lertwilairatanapong, mettant en avant le rôle de l’entraîneur de 25 ans.
Quelques centaines d’écoliers se sont rassemblés mercredi devant l’établissement où vont séjourner encore plusieurs jours les rescapés.
Sous la houlette d’un enseignant, les élèves chantent pour remercier « tous ceux qui ont contribué à la réussite de la mission », témoignage modeste de la reconnaissance envers les spécialistes étrangers qui ont contribué aux opérations.
L’un des jeunes de la grotte, Pheeraphat « Night » Sompiengjai, fêtait ses 16 ans le jour où ils se sont retrouvés piégés. Il aura son gâteau d’anniversaire quand il reviendra à l’école, a confié un de ses camarades de classe, Duangduen Sittiwongsa. « On lui chantera une chanson », a-t-il ajouté.
Le grand-père de l’entraîneur Ekkapol Chantawong, Khamluh Guntawong, s’est lui dit « très heureux et soulagé. « Je n’ai pas pu dormir pendant des jours. Je suis heureux que les garçons soient sortis aussi », a-t-il lancé.
L’entraîneur commence à faire figure de héros dans le pays bien qu’il ait été le seul adulte en compagnie des enfants quand ils ont décidé, après leur entraînement de football, de visiter la grotte, inondable en saison de mousson comme l’indique un panneau placé à l’entrée.