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Organisée par le Conseil ouest et centre africain pour la recherche et le développement agricoles (CORAF) et placée sous l’égide de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), cette réunion a été, entre autres, le lieu de faire l’état de la mise en œuvre au niveau national, du Règlement semencier régional harmonisé, par les États membres.
En marge de la réunion, SciDev.Net Afrique s’est entretenu Halimé Mahamat Hissen, directrice des semences et plants au ministère tchadien de l’Agriculture et de l’irrigation.
Quelle a été l’évolution du secteur semencier tchadien au cours des dernières années et comment se porte-t-il présentement ?
Le secteur semencier a connu au cours des dernières années beaucoup de développement, surtout sur le plan institutionnel et juridique. À travers le règlement harmonisé, nous avons mis en place tout l’arsenal institutionnel juridique au Tchad pour réglementer la filière. Et en ce qui concerne le secteur privé, les semenciers tchadiens commencent à se professionnaliser. Comme retombée, nous avons actuellement une production de semences certifiées qui est le double de ce que nous avions obtenu les deux dernières années. Nous pouvons donc affirmer que la filière semencière tchadienne commence à se mettre en place.
Quelles sont les principales variétés de semences que l’on retrouve au Tchad ?
Tout d’abord, il faut préciser qu’en termes de production, le Tchad est plus orienté vers les céréales sèches. L’essentiel des cultures disponibles et qui font partie du catalogue des semences homologuées sont donc le sorgho, le mil, le riz – dont nous avons certaines variétés en commun avec la région ouest-africaine, telles que le NERICA. Sans compter les légumineuses, telles que le niébé et l’arachide, dont la variété la plus connue au Tchad est d’ailleurs une variété originaire du Sénégal.
Qu’est-ce-qui justifie le fait que le Tchad se rallie à des organisations ouest-africaines, pour la réglementation du secteur semencier ?
Le Tchad est un pays de l’Afrique centrale avec un climat assez spécifique. La majeure partie du pays est située dans le Sahel. Par ailleurs, le Tchad est voisin du Niger et du Nigéria, deux grands pays de l’Afrique occidentale. Tous ces facteurs ont fait que le Tchad s’est plus rapproché de l’Afrique de l’ouest, concernant tout ce qui est réglementation et développement du monde rural.
Quels en sont les avantages concrets, pour le Tchad ?
Les avantages sont nombreux. Si nous disposons aujourd’hui d’un cadre juridique qui régit la filière semencière, c’est grâce au règlement semencier régional harmonisé que nous avons pu signer, du fait de notre appartenance au CRSPAO. Cela nous garantit également l’accès au grand marché que constitue l’Afrique de l’Ouest, ce qui nous permet, non seulement d’importer plus facilement vers le Tchad, mais aussi d’exporter vers les pays d’Afrique de l’Ouest. Pour finir, il faut considérer les possibilités de renforcement de capacité dont nous pouvons bénéficier, de la part de pays tels que le Sénégal, le Burkina Faso ou la Côte d’Ivoire, qui sont quant à eux assez avancés dans le domaine des semences.
Parlant justement du règlement semencier harmonisé, où en est le Tchad dans sa mise en œuvre ?
Sur les quatorze points mentionnés par le règlement, le Tchad en a déjà implémenté dix. Les quatre points restants sont entre autres ceux se rapportant au fonds d’appui au secteur semencier, à la liste des nuisibles en quarantaine et à tout ce qui concerne le financement du secteur semencier. C’est en cela que nous estimons que la plupart des points énumérés par ce règlement ont déjà été mis en place au Tchad.
Et par rapport à ces points non encore mis en place, est-ce du fait d’un manque de volonté du gouvernement, ou les défis sont-ils plutôt ailleurs ?
Les principaux défis que nous pouvons identifier sont le manque de sensibilisation et de financement. Il y a certes une volonté manifeste du gouvernement de se conformer à tous les points du règlement semencier régional harmonisé. Toutefois, il reste un travail de sensibilisation des autorités qui doit être accompli, afin qu’elles se rendent compte que la mise en place de tous les point de ce règlement est importante important pour la production agricole. Des semences de qualité impliquent une production qui peut doubler, voire tripler, dans certains pays. La sensibilisation concerne aussi les producteurs, afin qu’ils utilisent les semences homologuées. Tant que les semences ne sont pas utilisées par les producteurs et tant qu’il n’y a pas un marché local, il n’y a pas une filière en tant que tel. Après cela, le manque de financement est l’un des principaux défis que nous devons résoudre pour avoir une filière forte. Le Tchad a connu une crise économique qui a affecté les fonds alloués au développement de l’agriculture. C’est ainsi qu’actuellement, les fonds disponibles sont essentiellement orientés vers le maintien de la paix et de la sécurité. Il y a néanmoins des Partenaires techniques financiers (PTF) qui apportent un appui au monde rural dans le pays.
Quelle part occupe le secteur semencier dans l’agriculture au Tchad ?
Actuellement, cette part est de moins de 2%. La filière semencière est à ses débuts, et le manque d’utilisation de semences améliorées ou certifiées explique cette performance. Les acteurs commencent cependant à comprendre et à s’intéresser sérieusement à la filière, surtout le secteur privé, et nous espérons que la situation s’améliore.
Quelle est la part de l’agriculture de façon générale, dans le Produit intérieur brut (PIB) du Tchad ?
Selon les dernières statistiques, l’agriculture participe au PIB du pays à concurrence d’environ 20%. C’est très faible, comparé à l’importance du monde rural dans l’économie du pays. Car, nonobstant le fait que le Tchad soit un pays pétrolier, 80% de sa population active travaille dans le monde rural, notamment dans la production du coton, de la canne à sucre et de tout ce qui a rapport au cheptel –le Tchad est l’un des plus grands pays africains dans le secteur de l’élevage.