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A Paris, visite à haute teneur diplomatique pour le prince héritier saoudien

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Mohammed ben Salmane démarrait lundi les rencontres officielles de sa visite à Paris, où les sujets diplomatiques semblent dominer, dans un contexte explosif au Proche-Orient où Ryad est un acteur majeur.

Le visite du jeune prince de 32 ans, surnommé « MBS », avec le Premier ministre Edouard Philippe à la Station F, le plus grand incubateur de start-up du monde situé à Paris, a été annulé à la dernière minute dimanche soir.

Ce changement de programme illustre les tâtonnements de la nouvelle coopération entre la France et l’Arabie Saoudite, et le tour largement plus diplomatique qu’économique ou culturel pris par cette visite supposée refonder la relation bilatérale.

Du coup, le dirigeant saoudien devait déjeuner avec M. Philippe. La petite rue du très huppé 16e arrondissement parisien où se trouve son hôtel particulier était encombrée de berlines sombres et de policiers lundi à la mi-journée en attendant le départ vers le palais de Matignon.

Sur les sujets diplomatiques et militaires, « MBS » sera plus actif. Après avoir été reçu par le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian dimanche à son arrivée en France, il va s’entretenir de nouveau avec lui lundi après-midi.

Le prince, ministre saoudien de la Défense, rencontrera en outre deux fois son homologue française Florence Parly entre lundi et mardi.

Les deux ministres régaliens français se déplaceront jusqu’à la résidence du prince héritier, destiné à régner sur un pays clé au Proche-Orient, puissant régime autoritaire et conservateur, impliqué dans les nombreuses crises qui secouent la région.

Dimanche soir déjà, le prince saoudien a dîné en tête-à-tête avec Emmanuel Macron dans le faste du musée du Louvre.

Les deux hommes, qui marquent chacun par leur jeunesse un changement de génération dans leur pays, « ont pu (…) anticiper sur les sujets d’intérêt commun, avant les entretiens officiels de mardi », selon l’Elysée.

– Iran, Syrie, Liban –

Mohammed ben Salmane est en train de boucler une grande tournée internationale qui l’a conduit en Egypte, en Grande-Bretagne, et surtout chez son allié historique américain. Il a passé près de trois semaines aux Etats-Unis, engrangeant contrats et collaborations, et trouvant en Donald Trump un contempteur acharné de l’Iran, le grand rival régional des Saoudiens.

La rivalité féroce entre Ryad et Téhéran — « MBS » a récemment déclaré que son pays se doterait le plus rapidement possible de l’arme nucléaire si l’Iran en obtenait une– sera certainement un des points sensibles du volet diplomatique de la visite, la position relativement modérée de Paris cadrant mal avec l’âpreté saoudienne.

Le dirigeant saoudien est adossé à la position de Washington, qui veut dénoncer l’accord international sur le nucléaire iranien de 2015 et menace de s’en retirer d’ici le 12 mai. La France et les Européens espèrent eux sauver l’accord et Emmanuel Macron devrait plaider en ce sens auprès de « MBS ».

Plusieurs dossiers brûlants dans la zone d’influence saoudienne sont également à l’agenda diplomatique: outre le Yémen, la crise syrienne, avec les suites de l’attaque chimique présumée de Douma, le dossier libanais, avec les élections législatives prévues en mai, ou encore les violences entre Israël et Palestiniens à Gaza.

– Droits humains –

Plusieurs ONG prévoient de donner de la voix lundi contre cette visite, dénonçant les ventes d’armes françaises à Ryad soupçonnées d’être utilisées contre les populations civiles au Yémen, dans la guerre menée par l’Arabie saoudite contre les rebelles houthis, soutenus par Téhéran.

Amnesty international a publié une double page dans le journal Libération interpellant M. Macron pour qu’il parle « des droits humains avec le prince », qui a par ailleurs multiplié les signes d’ouverture. Il poursuit une campagne de séduction auprès des Occidentaux pour les persuader d’accompagner la modernisation du royaume, qu’il souhaite préparer à l’après-pétrole. « L’Arabie saoudite est le troisième pays qui exécute le plus de prisonniers », rappelle Amnesty.

Dans un registre beaucoup plus apaisé, les deux pays devraient annoncer des coopérations dans le domaine culturel, un des principaux axes de cette visite.

Les deux pays doivent signer mardi un accord pour le développement touristique et culturel de la région d’Al-Ula (nord-ouest) particulièrement riche en vestiges archéologiques et paysages d’exception.

Enfin, les ministres de la Culture ont annoncé que la France va aider l’Arabie saoudite à créer un orchestre et un opéra en Arabie saoudite.

Ahmed OUEDRAOGO

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