Après 25 ans de gestion du chemin de fer entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso par SITARAIL, les résultats font des gorges chaudes au niveau du Burkina. En effet, cette société dirigée par la multinationale française Bolloré, ne respecte ni ses engagements, encore moins le contrat signé avec l’Etat. 5 753 596 597 FCFA, c’est la somme des dettes antérieures que SITARAIL doit à l’Etat du Burkina. Des dettes qu’il refuse de payer selon Nestorine Sangaré, mais exploite le chemin de fer à sa guise, au point où l’on se demande si c’est Bolloré qui dirige le pays où c’est l’Etat lui-même. Lors d’un point de presse tenu le 8 octobre 2020 à Ouagadougou, Nestorine Sangaré, Porte-parole du groupe Consortium Burkina 2050 a fait savoir que, Bolloré est en train de s’enrichir considérablement au grand dam du peuple burkinabè, et sous les yeux et les barbes de l’Etat qui, d’ailleurs s’appauvrit.
Jusqu’à présent révèle Nestorine Sangré du groupe consortium Burkina 2050, l’on n’a pas une idée claire selon laquelle, SITARAIL verse de l’argent à l’Etat burkinabè, pour ce qui est de la gestion du chemin de fer. Une gestion tenez-vous bien qui est âgée de 25 ans maintenant selon elle. A l’écouter, la société avait promis d’investir 262 382 800 000 FCFA en deux tranches. La première tranche d’investissement s’élevait à 85 274 410 000 FCFA, avec un transport de 1 millions de tonne de manganèse, et la deuxième à 177 108 390 000 FCFA, avec un transport de 3 millions de tonnes de manganèse attendues. Ces promesses à entendre Nestorine Sangaré sont restées mystère et boule gomme.
Selon les indications de la porte-parole du consortium Burkina 2050, après la signature de la nouvelle convention de concession révisée, aucun investissement n’a été réalisé depuis la promulgation de l’accord par le chef de l’Etat burkinabè le 31 décembre 2018 ; le flux des trains voyageurs a été stoppé après une sous-traitance du service ; les rails dans les gares fermées ont été démantelés et certains équipements appartenant au Burkina Faso transférés en Côte d’Ivoire. Parlant du démantèlement des rails dans certaines gares fermées, elle a souligné qu’en fait, ces rails ont été volés, pour construire un chemin de fer reliant le Niger, mais le contrat est résilié par le Président nigérien Mahamadou Issoufou.
Le pire dans tout ça ajoute madame Sangaré, c’est que des travailleurs Burkinabè ont été injustement licenciés dans cette société, et parmi eux, plusieurs sont morts sans percevoir leurs droits, malgré la décision favorable de la justice burkinabè. En plus de cela, les rails actuels sont construits depuis la colonisation. Ainsi dit-elle, depuis un certain moment, il a été demandé à Bolloré de moderniser lesdits rails, car étant déjà vieux. Cette demande se voit comme une pilule très amère à avaler, pour le géant français. Ces agissements sont les conséquences pathétiques de la privatisation de SITARAIL. « De nos jours, la privatisation de SITARAIL amène plus de problèmes que la gestion par l’Etat lui-même de par le passé », a-t-elle laissé entendre, avant d’informer que le Bénin et le Niger ont rompu leurs contrats avec cette société.
Les questions que la porte-parole du groupe consortium Burkina 2050 se pose sont : pourquoi le Burkina Faso continue-t-il de lécher les bottes d’une société familiale française sur son territoire ? Comment comprendre qu’une société étrangère puisse venir imposer sa manière de faire à tout un Etat souverain ? Qu’est-ce que le Burkina gagne avec cette société ? Après une analyse générale de l’exposé de Nestorine Sangaré, la réponse la plus immédiate à cette question est « à rien ». C’est pourquoi elle propose que le Burkina mette fin à la convention avec SITARAIL, élabore un programme de développement du chemin de fer, et accélère la construction du nouveau chemin de fer avec le Ghana, en vue d’avoir un second débouché maritime qui fera l’équilibre avec celui de la Côte d’Ivoire.
Trois régimes se sont succédé et le problème existe encore. Le 22 novembre 2020, les Burkinabè iront aux urnes pour élire leurs nouveaux dirigeants, on attend donc de voir s’il y aura un changement ou pas.
Nicolas Bazié